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Premier carnet pour le CEP de Pierre-Louis Opont

jeudi 12 février 2015

Accorder le bénéfice du doute à ce nouveau CEP. L’ensemble des organisations politiques, qu’elles soient radicales ou modérées étaient d’accord sur ce point. Cependant, le projet de calendrier électoral présenté mardi par les conseillers électoraux « scandalise » la classe politique. « Le CEP a mal commencé, il est suspect, il ne peut pas présenter un calendrier électoral sans l’aval des partis politiques ; il attise un nouveau foyer de tension, une nouvelle crise se dessine… » sont entre autres critiques de certains leaders politiques interviewés par Le Nouvelliste 24 heures après la présentation du calendrier électoral.

Le premier faux pas du Conseil électoral provisoire né de l’Accord de Kinam du 11 janvier 2015. Même si le calendrier électoral présenté à la population, mardi, par le CEP de Pierre-Louis Opont n’est qu’une proposition, il soulève le mécontentement de plus d’un dans la classe politique et change un peu la perception de l’institution électorale. « Le CEP commence mal, a lancé le secrétaire général de la Fusion, signataire de l’Accord de Kinam et membre du gouvernement. »

Rosemond Pradel a rappelé que dans l’accord signé par le président de la République et les partis politiques, il est dit que le CEP doit travailler avec les partis politiques dans la prise de certaines décisions comme l’élaboration du calendrier électoral. « Les partis politiques étant des acteurs importants dans le processus électoral, le CEP ne peut pas à lui seul définir un calendrier électoral. C’est inacceptable », a-t-il fulminé.

Le secrétaire général de la Fusion a souligné que ce CEP n’a pas été formé dans une situation régulière ni normale. « Dans une situation normale avec un Parlement qui fonctionne, le CEP aurait fixé les dates des élections selon les prescrits de la Constitution, mais on n’est pas là », a-t-il fait remarquer. « Nous sommes dans une situation d’exception. Ce CEP est né à la suite de négociations politiques. Il est tenu de respecter certaines contraintes », a lancé Rosemond Pradel.

Il s’est questionné sur l’intérêt du CEP à organiser des élections qui s’étendront sur plus de six mois, soit de juillet 2015 à janvier 2016. La Fusion a déjà adressé une correspondance au Premier ministre Evans Paul pour dénoncer cette situation et son refus d’accepter le comportement de l’institution électorale. « Ce CEP commence déjà à créer des foyers de tensions et par son comportement il risque d’aggraver la situation », a prédit M. Pradel.

L’OPL voit déjà venir des « magouilles » dans les prochaines élections

« Logiquement nous ne devrions même pas commenter la question de calendrier électoral », a indiqué le coordonnateur national de l’OPL. Jusqu’à présent, a-t-il dit, le Conseil électoral n’a encore pas pris de contact avec les partis politiques. Les élections concernent le peuple en premier lieu, ensuite les partis politiques, a souligné le Dr Sauveur Pierre-Etienne.
Il a dénoncé énergiquement le fait que le CEP a contacté les membres du gouvernement sur le calendrier alors que les organisations politiques ont eu connaissance du document dans la presse comme tout le monde. L’OPL se sent « estomaqué » par ce comportement de l’institution électorale, a-t-il souligné. M. Pierre-Etienne s’est demandé si le CEP va organiser des élections uniquement pour le pouvoir. « La proposition de calendrier électoral est complètement absurde », a-t-il fulminé.
« Comment organiser des élections qui s’étendent sur une période de six mois ?, s’est-il interrogé, perplexe, avant de se demander s’il s’agit d’une stratégie définie par le CEP et le pouvoir pour ruiner l’opposition politique. Qu-est ce que vous voulez faire exactement ? »
Pour le professeur Sauveur Pierre-Etienne, il n’est pas normal d’organiser les élections de juillet 2015 à janvier 2016. « Il semblerait qu’il y aurait des magouilles en préparation », a-t-il dénoncé.
Fanmi Lavalas !

Fanmi Lavalas n’a pas encore reçu ni le projet de décret électoral envoyé aux partis politiques depuis plusieurs jours ni le projet de calendrier électoral présenté mardi à la presse par le CEP, selon la coordonnatrice de cette organisation politique. Le Dr Maryse Marcisse, qui n’a pas voulu réagir sur aucun de ces deux documents, a cependant fait savoir au Nouvelliste qu’aucun parti politique ne peut absorber « les coûts sociaux et matériels de plusieurs élections dans une année ».

« Ce CEP doit savoir qu’il est né de l’accord du 11 janvier 2015 »

Le leader de l’organisation politique ‘’Renmen Ayiti’’ digère très mal la façon dont le CEP a présenté le projet de calendrier électoral. « Le CEP n’a pas encore de légitimité pour élaborer à lui seul un calendrier électoral », de l’avis de Me Jean-Henry Céant. « Le CEP n’a pas encore rencontré les partis politiques pour connaître leurs problèmes et leur situation globale. Ce CEP est issu de l’Accord du 11 janvier signé par les partis politiques et la présidence », a rappelé le leader politique.

Me Céant a souligné que l’article 15 de l’Accord de Kinam stipule qu’« une commission bipartite (présidence et partis politiques) travaille à la recherche d’un consensus autour des modifications de la loi électorale… » « Ce CEP a mis la charrue avant les bœufs », a-t-il commenté.

Pour le chef de ‘’Renmen Ayiti’’, le CEP que dirige Pierre-Louis Opont n’est pas constitutionnel. Il est né, a-t-il dit, d’un accord politique signé le 11 janvier 2015. Me Jean-Henry Céant a conseillé aux conseillers électoraux d’aller lire les clauses de l’accord avant de prendre des décisions. « Nous devons rechercher comment créer un climat de constance. Mais la façon dont le CEP se rend suspect et on a l’impression qu’il travaille sous diktat… », a dénoncé Me Céant.

Le MOCHRENHA dénonce

Dans une correspondance adressée au président du CEP le 11 février, l’organisation politique MOCHRENHA a estimé qu’il serait déloyal que ces agents exécutifs, « nommés à la place des élus, restent toujours en poste jusqu’à janvier 2016 comme instruments de l’Exécutif pour les élections législatives de juillet et d’octobre, pour les deux tours de l’ élection présidentielle d’octobre et de janvier. »

« Concernant le mois de janvier 2016 pour l’élection présidentielle (2e tour), le MOCHRENHA croit que cette date est inappropriée, voire anticonstitutionnelle. L’anti-constitutionalité de cette date réside dans le fait que, si élection présidentielle il y en aura en janvier 2016, l’échéance du 7 février arrivera sans un nouveau président élu à la tête de l’Etat, comme le veut et stipule l’article 134.2 de la Constitution amendée », lit-on dans cette correspondance.

Selon le calendrier électoral présenté par le CEP, les élections législatives sont fixées au mois de juillet et la présidentielle au dernier dimanche du mois d’octobre. Le deuxième tour des législatives se tiendra en même temps que le premier tour de la présidentielle, soit le 25 octobre. Le deuxième tour de la présidentielle sera organisé en même temps que les élections municipales et locales en janvier 2016.

« Dès la fin de cette semaine, nous allons nous arranger pour nous adresser de manière formelle à l’ensemble des partis politiques, ce pour commencer la ronde des consultations devant nous permettre de valider un calendrier électoral à l’horizon de mars 2016 pour démarrer le processus électoral », a indiqué mardi Pierre-Louis Opont, président du CEP lors de la présentation du document. Il a également souligné que le calendrier définitif sera communiqué au public après les discussions entre le CEP et les partis politiques.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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