MosaikHub Magazine

La (très) mauvaise journée de Manuel Valls

lundi 9 février 2015

En déplacement à Marseille, le Premier ministre se désespère que son message sur les bons résultats en matière de délinquance soit brouillé par les évènements de la Castellane.

De notre envoyée spéciale Charlotte Chaffanjon

Il est manifestement agacé, Manuel Valls. Rien à voir officiellement avec le sondage Ipsos pour Le Point paru lundi, dans lequel il perd 7 points d’opinions favorables. Non, ce qui l’exaspère, c’est le traitement médiatique des "évènements de la Castellane". Il faut dire que rien ne s’est passé comme prévu. Ce déplacement à Marseille devait être l’occasion de parler des avancées en matière de sécurité. Et voilà le Premier ministre, lundi après-midi, dans la cour de la préfecture des Bouches-du-Rhône, qui vante les bons chiffres du gouvernement en matière de délinquance... alors que le matin, des individus ont tiré à la kalachnikov dans la cité sensible du 15e arrondissement de la ville.

À l’heure à laquelle il s’exprime, le GIPN est déployé, l’opération est toujours en cours. Manuel Valls ne veut rien en dire. Il se contente de marteler les résultats, qui sont selon lui le fruit de la politique menée depuis deux ans. Depuis que le "destin" de la région a été décrété "priorité nationale". Les "atteintes aux personnes" ont baissé de 29 %, les "violences physiques crapuleuses" ont baissé de 46 %. Il y a eu en 2013, 18 morts dans des règlements de comptes. Il y a eu 10 morts en 2014. Et Valls ajoute, solennel, devant les forces de l’ordre : "Les règlements de comptes, quand il n’y en n’a pas, on en parle pas. Et quand il y en a un début, tout le monde s’y précipite".

"#SécuritéMarseille"

"Tout le monde", c’est la presse, que le Premier ministre retrouve au premier étage de la préfecture. Sous les dorures, devant deux écrans affichant "#SécuritéMarseille", il répète que la situation s’améliore, malgré tout, et répète les mêmes chiffres. Il rappelle aussi la "création de la fonction de préfet de police des Bouches-du-Rhône" pour "mener une action coordonnée". Et de "deux zones de sécurité prioritaires". Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, à ses côtés, précise qu’il s’agit de 40 cités concernés par les aides. Valls insiste. Ce sont des "résultats extrêmement encourageants", qui "incitent à aller encore plus loin". Et même : "une première bataille est gagnée".

À propos des "évènements de la Castellane", il lâche que "les tirs qui ont eu lieu ce matin sont bien évidemment insupportables, inacceptables"... Mais il aimerait qu’ils ne viennent pas non plus brouiller son message : "Les résultats sont encourageants". Alors, le Premier ministre fait bien comprendre à la presse qu’elle en fait trop. Sur les bons chiffres, il conseille ironiquement aux journalistes : "N’hésitez pas à en parler !"

"Ca fait un événement (...) C’est bien, je suis content pour vous"

À un reporter qui démarre ainsi une question : "Vous avez évoqué tout à l’heure les évènements de la Castellane...", Valls rétorque : "Non, c’est vous qui l’évoquez depuis ce matin !" Et puis : "Ca fait un événement, ça vous permet d’en parler, c’est bien. C’est bien, je suis content pour vous." Ensuite : "Pendant de nombreuses années, les Marseillais ne se sont pas sentis suffisamment en sécurité (...) Grâce à vous, il suffit d’une rechute pour que cette image s’impose". Manuel Valls admet que "des coups durs" arriveront sans doute à nouveau. Et ajoute : "Personne ne peut l’ignorer, sauf ceux qui viennent à Marseille quand le Premier ministre ou le ministre de l’Intérieur se déplace." Enfin : "Pensez-vous que c’est une provocation le jour de votre venue ?", demande un journaliste. Réponse : "Non. Vous, journalistes, pour certains, vous avez envie de croire de belles histoire. En l’occurrence, de mauvaises histoires."


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