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7 février 1960. Kennedy rencontre Judith Campbell, qui sera sa maîtresse et celle du parrain de la mafia.

samedi 7 février 2015

Durant plus de deux ans, la jeune femme organise secrètement des rencontres entre ses deux amants, permettant à JFK d’accéder à la présidence.

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

La rencontre de John Kennedy et de Judith Campbell le 7 février 1960 change probablement la face des États-Unis et celle du monde. Sans son aide, il n’est pas sûr que John Kennedy aurait pu remporter d’abord les primaires démocrates, puis l’élection présidentielle. Devenue la maîtresse de JFK, puis celle du boss de la mafia de Chicago, Judith sert de go-between entre les deux hommes. Et quand on connaît le rôle capital joué par la mafia dans les deux élections...

Rien ne prédestine pourtant Judith Campbell (Inmoor, de son nom de jeune fille), 26 ans, à endosser ce rôle d’intrigante et de femme galante. Ce n’est ni une pute ni une actrice. Elle est la fille d’un architecte de bonne réputation de Los Angeles. Son premier mari est l’acteur William Campbell, qui lui fait rencontrer pas mal de stars de Hollywood, dont Frank Sinatra avec qui elle a une brève liaison. Il faut dire que c’est une beauté éblouissante au corps superbe, dotée des yeux d’Elizabeth Taylor. Même si elle sort avec des hommes mariés, Judith a des principes. Ainsi rompt-elle avec Sinatra le jour où il lui demande d’accepter une deuxième fille dans leur lit. Ils n’en restent pas moins amis.

Coup de foudre

Le 7 février 1960, Sinatra l’invite à assister à un show qu’il donne à Las Vegas où elle retrouve tous ses potes du Rat Pack (le Club des rats) : Sammy Davis Jr., Dean Martin et, bien sûr, l’acteur Peter Lawford qui a épousé une soeur de John Kennedy. Justement, celui-ci a également été invité à la soirée. C’est une pause qu’il s’offre dans sa dure campagne pour gagner l’investiture démocrate à la prochaine présidentielle.

En face de la ravissante Judith, Kennedy ne peut pas résister à lui sortir le grand jeu : dents blanches et large sourire. La jeune femme tombe forcément sous le charme. "Quand vous aviez une conversation avec John, il ne parlait qu’avec vous. Sa curiosité sur tout et sur chacun était infinie. Il adorait papoter. Ce soir-là, il n’a pas voulu que je le quitte", expliquera-t-elle bien plus tard. Sauf qu’après le spectacle, c’est Ted, le frère de John, qui lui demande de lui faire visiter la ville et en profite pour lui faire des avances. Elle refuse, c’est John qu’elle a dans la peau.

Quand celui-ci l’invite à déjeuner, le lendemain, elle accepte immédiatement. Leur repas s’éternise trois heures. L’un et l’autre oublient la campagne électorale ; lui, qu’il est marié depuis sept ans avec Jackie ; elle, qu’il est marié depuis sept ans avec Jackie. À la fin du repas, ils se promettent de se revoir dès que possible. Chaque jour, ils se téléphonent. Ils se retrouvent un mois plus tard, au Plaza de New York, à la veille des primaires du New Hampshire. Ils ne sont pas là pour compter les bulletins de vote. La nuit est torride. Monsieur ne prétexte pas encore un mal de dos pour laisser à madame les initiatives. Il est tendre, amoureux et prévenant. Judith est radieuse.

Enveloppes secrètes

Une semaine plus tard, Sinatra invite de nouveau son ex-maîtresse au Fontainebleau Hotel à Miami Beach où il donne un spectacle en soirée. Cette fois, il lui présente deux autres de ses amis : un certain Joe et Sam Flood. Elle ignore (c’est elle qui le prétend) qui est ce dernier, à savoir Sam Giancana, un tueur de la pire espèce, parrain de la mafia de Chicago. Quand on connaît la suite, il est difficile de croire que Sinatra a organisé fortuitement ces deux rencontres. Cela fait déjà plusieurs mois que la famille Kennedy a contacté la mafia pour obtenir son aide dans la collecte des voix. Et qui de plus discret qu’une femme amoureuse pour servir d’intermédiaire entre John et Sam Giancana ? "J’étais le choix parfait, car je pouvais aller et venir sans me faire remarquer...", admet Judith. À cette époque, elle n’est pas encore la maîtresse de Giancana. Seulement son amie.

Le 6 avril, John profite carrément de l’absence de Jackie, enceinte de John Jr., pour la faire venir dans sa maison de Georgetown. Le saligaud va jusqu’à lui faire l’amour dans le lit conjugal. Avant de la laisser partir, il lui lâche sans y toucher : "Peux-tu m’arranger discrètement une rencontre avec Sam ?" Elle s’étonne, ne connaissant toujours pas la vraie identité de Sam Flood, mais que ne ferait-elle pas pour faire plaisir à John ?

La première entrevue entre les deux hommes se déroule au Fontainebleau Hotel six jours plus tard. Il est probablement question des primaires de la Virginie-Occidentale. Un État que JFK doit absolument remporter pour devenir le candidat démocrate. La mafia se charge d’y acheter des milliers de votes avec une pluie de dollars. À la stupéfaction générale, le candidat catholique l’emporte avec 61 % des voix dans cet État férocement protestant.

Une fois devenu le candidat officiel des démocrates, John continue à solliciter Judith pour d’autres entrevues discrètes avec le mafioso. Une dizaine en tout. Elle ne cesse également de porter des enveloppes bourrées de documents de l’un à l’autre. Cette fois, la mafia joue un rôle déterminant en aidant Kennedy à remporter l’État de l’Illinois, ce qui lui permet d’être élu de justesse. Si la mafia a joué un rôle déterminant dans l’accession de JFK à la Maison-Blanche, Judith Campbell y a largement sa part, à son insu.

Ménage à trois

Une fois devenu président des États-Unis, John poursuit sa liaison avec Judith. Un peu par amour, mais aussi pour continuer à avoir un lien direct avec la mafia qui l’aide dans certaines de ses entreprises. Notamment dans l’affaire de la baie des Cochons. C’est encore la jeune femme qui, le 28 avril 1961, organise un tête-à-tête entre les deux hommes.

Quelques jours plus tard, Kennedy a encore le culot de la faire venir à la Maison-Blanche où il ne se contente pas de se faire tailler une pipe comme cette "petite bite" de Clinton, il la saute carrément dans une alcôve de l’appartement présidentiel. Au fil des mois, John prend de moins en moins de gants avec Judith. Il va jusqu’à lui proposer un ménage à trois, qu’elle refuse bien évidemment. Début 1962, leur relation commence à s’effilocher. Judith se sent seule, abandonnée, de plus en plus culpabilisée par cette relation avec un homme marié.

Le FBI la met sous surveillance dans le cadre de sa lutte contre la mafia. Elle repère les agents qui la suivent, elle s’en inquiète. John tente de la rassurer, lui expliquant que cela fait partie de la guéguerre que lui livre J. Edgar Hoover, le patron du FBI, qui le hait. Finalement, Judith et John interrompent leur relation durant l’été 1962. En guise de cadeau de rupture, le président lui fait cadeau d’un "mini Kennedy" dont elle avortera quelques mois plus tard. C’est seulement alors qu’elle aurait commencé à coucher avec Giancana. Mais peut-on la croire ? Le mafioso, dont elle ignorerait encore le passé de tueur, lui aurait alors proposé le mariage, qu’elle refuse.

Ce n’est que vingt-huit ans plus tard que Judith avouera enfin toute la vérité sur sa liaison avec Kennedy et Giancana dans une interview accordée à People Magazine, à la veille de mourir d’un cancer du sein

C’est également arrivé un 7 février

1984 David Vetter, dit « the Bubble boy », sort de la bulle stérile dans laquelle il vit depuis sa naissance. Il a 12 ans.

1980 Premier concert de la tournée « The Wall » de Pink Floyd à Los Angeles. Les rideaux au-dessus de la scène prennent feu.

1977 Diego Maradona est sélectionné pour la première fois en équipe d’Argentine.

1932 James Chadwick publie un article dans Nature pour décrire sa découverte : le neutron.

1931 Mademoiselle d’Herbemont remet à Monsieur Amblard, aveugle, la première canne blanche dont elle a eu l’idée.

1922 Marie Curie est la première femme française élue à l’Académie de médecine.

1896 Le Dr Olivier Lodge pratique la première radio rayon X humaine sur un enfant qui a reçu une balle dans le poignet.

1857 Acquittement de Gustave Flaubert accusé d’« outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs » pour Madame Bovary.

1752 Monseigneur de Beaumont interdit les deux premiers volumes de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

1301 Édouard de Carnarvon, futur Edouard II, est le premier à porter le titre de Prince de Galles.


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