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L’Arabie saoudite a-t-elle financé le 11 Septembre ?

mercredi 4 février 2015

Un terroriste rescapé des attentats a livré à des juges américains des précisions accablantes sur les complicités dont aurait bénéficié al-Qaida en 2001.

Par Michel Colomès

Le seul terroriste survivant du 11 Septembre, va-t-il provoquer une crise d’une ampleur sans précédent dans les relations entre les États-Unis et son allié moyen-oriental de toujours, l’Arabie saoudite ? Selon des révélations faites par le New York Times, Zacarias Moussaoui, un Français originaire de Montpellier qui purge une peine de prison à vie dans un pénitencier du Colorado pour sa participation à la préparation du 11 Septembre, aurait fait des aveux qui transformeraient en certitude la complicité supposée de responsables saoudiens dans l’attaque contre les tours du World Trade Center. Ces déclarations, Moussaoui les a faites à une équipe de magistrats d’une cour fédérale de New York, qui venaient l’interroger dans le cadre d’une plainte contre l’Arabie saoudite, déposée par certaines familles des victimes du 11 Septembre.

Selon sa déposition d’une centaine de pages, dont les magistrats disent qu’il l’a faite calmement et de façon parfaitement cohérente, les responsables d’al-Qaida lui ont demandé en 1998 de constituer une base de données permettant de tenir une comptabilité précise des financements de l’organisation par différentes personnalités saoudiennes. Il se souvient notamment avoir enregistré dans cette base les contributions du prince Turki Al-Fayçal, le chef des services secrets du royaume, du prince Bandar Ben Sultan, l’ambassadeur saoudien à Washington, ou encore du prince Al-Walid Ben Talal, un richissime investisseur, proche lui aussi de la famille royale. Selon le New York Times, Moussaoui précise "Cheikh Oussama Ben Laden voulait garder ainsi une trace de ceux qui nous donnaient de l’argent et donc participaient au djihad."

Un missile sol-air sur Air Force One

Mais il y a encore plus dérangeant dans les aveux du terroriste : lorsqu’il était dans un camp d’entraînement en Afghanistan, il a participé aux répétitions des attaques d’août 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Et notamment à la préparation de la bombe de 750 kg qui a fait 213 morts à Nairobi. Or, pendant cette période est venu le voir le responsable des affaires islamiques à l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington. "Avec lui, j’ai parlé de la faisabilité de tirer un missile sol-air Stinger contre Air Force One" (l’avion du président des États-Unis). Le diplomate était supposé l’aider à trouver un emplacement permettant de tirer sur l’avion et de s’enfuir avant que les forces de sécurité aient le temps d’intervenir.

Moussaoui ne pourra heureusement mener à bien ce projet. Envoyé aux États-Unis en 2001, avec une dotation de 14 000 dollars provenant du prince Turki Al-Fayçal, et transitant par les caisses d’al-Qaida, il est arrêté près de Minneapolis le 16 août 2001. Son comportement, alors qu’il suivait des cours de pilotage à la Panam Flight Accademy, avait éveillé l’attention du FBI. Pas assez cependant pour que les policiers américains anticipent que le Français faisait partie du terrible complot qui allait un mois plus tard précipiter des avions sur les tours de New York et sur le Pentagone à Washington.

Aveux retentissants

Aucune preuve matérielle n’est venue jusqu’à présent conforter la déposition de Moussaoui, dont on peut évidemment penser qu’elle émane d’un condamné qui peut chercher à alléger sa peine par des aveux retentissants. D’ailleurs, l’ambassade d’Arabie saoudite n’a pas manqué de publier, dès que l’information a été connue, un communiqué réfutant toutes ces accusations. "Moussaoui, dit entre autres ce texte, est un criminel dérangé qui n’apporte aucune preuve. En 2004, la Commission du 11 Septembre avait exonéré l’Arabie saoudite de toute responsabilité."

Il n’empêche que dès que les révélations de Moussaoui ont été connues, l’ancien sénateur Bob Graham, qui était vice-président de la commission du Congrès sur le 11 Septembre, a demandé que soient rendues publiques 28 pages du rapport sur les attentats qui explorent les liens entre l’Arabie saoudite et al-Qaida, et avaient été classifiées. Pourquoi elles et pas d’autres ?


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