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5 février 1916. Lors de la première soirée dadaïste, Hugo Ball se déguise en phallus

mercredi 4 février 2015

Poète allemand révolutionnaire et délirant, Hugo Ball ouvre le Cabaret Voltaire fréquenté par Tzara et de nombreux artistes dadaïstes à Zurich.


Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Le 5 février 1916, le jeune poète allemand Hugo Ball et son épouse, Emmy Hennings, danseuse et chanteuse, inaugurent le Cabaret Voltaire qu’ils viennent d’ouvrir à Zurich. La soirée est un pur délire, un délit aux conventions de l’époque. "On chante, on récite - le peuple - l’art nouveau le plus grand au peuple - (...) soirée russe, soirée française", écrit Tzara. Sur une estrade, d’étranges personnages déguisés mènent un grand sabbat. Dans la salle, ça crie, ça hurle.

Hugo Ball se produit dans un accoutrement en carton rigide et argenté figurant un phallus en érection. Des poètes déclament des onomatopées. Le mouvement dada prend vie. "Nous sommes tellement pris de vitesse par les attentes du public que toutes nos forces créatives et intellectuelles sont mobilisées... Aussi longtemps que toute la ville ne sera pas soulevée par le ravissement, le Cabaret n’aura pas atteint son but", écrit Ball. Lors des soirées qui connaissent un succès grandissant, Tzara s’impose comme le chef de file de cet art nouveau.

Toutes les excentricités

Le Cabaret Voltaire est fréquenté par le peintre-poète Jean Arp, le peintre-architecte Marcel Janco, la danseuse-peintre Sophie Taeuber et l’écrivain-poète Richard Huelsenbeck. N’ayant pas les moyens de faire des travaux, Hugo Ball demande à ses amis artistes de lui prêter des tableaux pour couvrir les murs. Il y a là des Modigliani, des Picasso, des Klee et des Kandinsky, entre autres. Hugo Ball appartient à une famille catholique très stricte. Étudiant à l’université de Munich, il délaisse l’enseignement classique pour étudier l’anarchisme russe, la mystique hindoue ou encore la psychanalyse. Il écrit des poèmes, des pièces de théâtre. Il côtoie le milieu expressionniste. Il organise des manifestations contre la guerre.

Puis il se rend à Zurich avec sa nouvelle compagne, Emmy Hennings. C’est Marcel Janco, le peintre, qui lui présente Tristan Tzara, tout juste débarqué de Bucarest où il s’ennuyait comme un rat mort. Ball le convainc de rejoindre leur bande de peintres, poètes, cinéastes et autres artistes dissidents pour "jouir de leur indépendance" au cours de soirées organisées dans les cafés de Zurich. Il faut en finir avec le vieux monde ! Leurs armes : le délire, l’autodérision, la déconstruction du langage, les inventions sonores, les costumes abracadabrantesques... L’ouverture du Cabaret Voltaire leur permet toutes les excentricités dans une Europe en guerre. Le 28 juillet, Ball y lit le manifeste dada. Dès 1917, le dadaïsme essaime dans toute l’Europe, délaissant le Cabaret Voltaire.4 février 1912. Il s’élance de la tour Eiffel déguisé en oiseau et s’écrase comme une enclume.
3 février 1536. La première Buenos Aires est fondée par un conquistador syphilitique.
2 février 1709. Alexander Selkirk, le vrai Robinson Crusoé, est recueilli après 52 mois de solitude.
1er février 1968. Le colonel Nguyen tire de sang-froid une balle dans la tête d’un Viêt-cong.

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Le 5 février 1916, le jeune poète allemand Hugo Ball et son épouse, Emmy Hennings, danseuse et chanteuse, inaugurent le Cabaret Voltaire qu’ils viennent d’ouvrir à Zurich. La soirée est un pur délire, un délit aux conventions de l’époque. "On chante, on récite - le peuple - l’art nouveau le plus grand au peuple - (...) soirée russe, soirée française", écrit Tzara. Sur une estrade, d’étranges personnages déguisés mènent un grand sabbat. Dans la salle, ça crie, ça hurle.

Hugo Ball se produit dans un accoutrement en carton rigide et argenté figurant un phallus en érection. Des poètes déclament des onomatopées. Le mouvement dada prend vie. "Nous sommes tellement pris de vitesse par les attentes du public que toutes nos forces créatives et intellectuelles sont mobilisées... Aussi longtemps que toute la ville ne sera pas soulevée par le ravissement, le Cabaret n’aura pas atteint son but", écrit Ball. Lors des soirées qui connaissent un succès grandissant, Tzara s’impose comme le chef de file de cet art nouveau.

Toutes les excentricités

Le Cabaret Voltaire est fréquenté par le peintre-poète Jean Arp, le peintre-architecte Marcel Janco, la danseuse-peintre Sophie Taeuber et l’écrivain-poète Richard Huelsenbeck. N’ayant pas les moyens de faire des travaux, Hugo Ball demande à ses amis artistes de lui prêter des tableaux pour couvrir les murs. Il y a là des Modigliani, des Picasso, des Klee et des Kandinsky, entre autres. Hugo Ball appartient à une famille catholique très stricte. Étudiant à l’université de Munich, il délaisse l’enseignement classique pour étudier l’anarchisme russe, la mystique hindoue ou encore la psychanalyse. Il écrit des poèmes, des pièces de théâtre. Il côtoie le milieu expressionniste. Il organise des manifestations contre la guerre.

Puis il se rend à Zurich avec sa nouvelle compagne, Emmy Hennings. C’est Marcel Janco, le peintre, qui lui présente Tristan Tzara, tout juste débarqué de Bucarest où il s’ennuyait comme un rat mort. Ball le convainc de rejoindre leur bande de peintres, poètes, cinéastes et autres artistes dissidents pour "jouir de leur indépendance" au cours de soirées organisées dans les cafés de Zurich. Il faut en finir avec le vieux monde ! Leurs armes : le délire, l’autodérision, la déconstruction du langage, les inventions sonores, les costumes abracadabrantesques... L’ouverture du Cabaret Voltaire leur permet toutes les excentricités dans une Europe en guerre. Le 28 juillet, Ball y lit le manifeste dada. Dès 1917, le dadaïsme essaime dans toute l’Europe, délaissant le Cabaret Voltaire.4 février 1912. Il s’élance de la tour Eiffel déguisé en oiseau et s’écrase comme une enclume.
3 février 1536. La première Buenos Aires est fondée par un conquistador syphilitique.
2 février 1709. Alexander Selkirk, le vrai Robinson Crusoé, est recueilli après 52 mois de solitude.
1er février 1968. Le colonel Nguyen tire de sang-froid une balle dans la tête d’un Viêt-cong.


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