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Grève des transports : paralysie quasi générale…

mardi 3 février 2015

A vive allure, une Prado blanche, immatriculée « Officiel », suivi d’un pick up en back up, dévale Bourdon. Avec sa sirène effrayante, elle exige comme d’habitude la priorité. Mais cette fois, ce véhicule du gouvernement est seul sur la route. Lundi 2 février 2015, 7h du matin. Dans cette zone de la capitale qui devrait être normalement embouteillée à cette heure, des jeunes pourraient aisément jouer au football. C’est la grève. A Bourdon ce lundi, les écoles n’ont pratiquement pas fonctionné, la circulation automobile est rare et les activités commerciales tournent au ralenti.

C’est le même constat un peu partout à Port-au-Prince pour cette première journée de grève lancée par les syndicats des transports publics. Pour forcer le gouvernement à baisser les prix des produits pétroliers sur le marché local, les syndicalistes mettent la pression. Ces derniers considèrent la baisse allant de 10 à 15 gourdes sur la gazoline, le diesel et le kérosène comme une insulte à la population. Ils exigent plus.

Pneus enflammés, barricades avec des carcasses d’automobiles, tirs sporadiques, jets de pierres un peu partout… La grève n’a pas uniquement été suivie par le secteur des transports en commun. Toutes les activités étaient pratiquement paralysées à Port-au-Prince et dans la plupart des villes de province. Dans certaines rues de la capitale, telle la rue Pavée, des jeunes jouaient au football. D’autres zones par contre comme Martissant, le Bicentenaire, Sarthe, entre autres, étaient infranchissables même pour les piétons. A Martissant on a enregistré plusieurs blessés.

La police nationale transparente

Alors que le gouvernement avait annoncé que des mesures seraient prises pour permettre à la population de vaquer librement à ses occupations, la présence des forces de l’ordre était plutôt timide pour la première journée de la grève des transporteurs. Dans les rues de l’aire métropolitaine, les patrouilles policières étaient de plus en plus rares. « La police n’a rien fait pour empêcher les gens de bloquer les routes », a dénoncé un riverain dans la zone de Martissant. Il estime que parallèlement à la grève, les véhicules privés et les piétions devraient pouvoir circuler librement.

Les grévistes satisfaits, maintiennent la pression

La grève a été suivie en moyenne à 90% à Port-au-Prince et dans les villes de province, s’est félicité Changeux Méhu, responsable de l’APCH. « Nous maintenons la grève pour ce mardi, a-t-il dit au Nouvelliste lundi après-midi. Cependant, si le gouvernement veut négocier avec nous, nous sommes disposés à le rencontrer pour revoir la baisse des produits pétroliers. »

« Nous avons eu une première rencontre avec le ministre de l’Economie et des Finances à laquelle sept syndicalistes avaient pris part. Le mercredi 28 janvier, nous avons pris part à une deuxième rencontre avec lui sur la baisse des prix des produits pétroliers. Entre 100 gourdes et 10 gourdes, les syndicalistes avaient exigé une baisse de 100 gourdes et la discussion s’est terminée sans un accord avec perspective d’une autre rencontre plus large avec la participation du président de la République, a expliqué Changeux Méhu. A notre grand étonnement, on a entendu à la radio Wilson Laleau dire avoir trouvé une entente avec les syndicats. »

Pour le syndicaliste, la baisse opérée par le ministère des Finances ne représente rien comparativement à la baisse des produits pétroliers sur le marché international. Pour la baisse de 100 gourdes exigée par les syndicalistes, M. Méhu a confié au Nouvelliste qu’ils sont prêts à négocier ce montant avec le gouvernement. « Nous sommes prêts à dialoguer, a-t-il dit. Si les autorités refusent de prendre en considération notre demande, nous allons nous concerter pour savoir quoi faire… »

La situation dans les villes de province

A l’image de Port-au-Prince, les activités étaient paralysées dans la plupart des villes de province. A Petit-Goâve, une commune déjà fragilisée par de nombreux mouvements de blocage de la route, toutes les activités étaient au point mort. La présence des agents des forces de l’ordre dans les rues n’a pas pu empêcher les protestataires de bloquer, une nouvelle fois, la route nationale numéro 2. Ainsi, les usagers n’ont pas pu se rendre dans les départements du Sud, des Nippes et de la Grand’Anse.

La grève a été aussi respectée aux Gonaïves où des élèves ont gagné les rues pour réclamer la présence des professeurs dans les écoles publiques.

Dans un communiqué publié dimanche, le gouvernement avait dit prendre note de l’appel à la grève lancé par des syndicats et des partis politiques pour les lundi 2 et mardi 3 février 2015, « malgré la baisse des prix des produits pétroliers annoncée par le ministère de l’Économie et des Finances. Le gouvernement de la République annonce à la population que toutes les dispositions seront prises par la Police nationale d’Haïti pour garantir la sécurité des vies et des biens et permettre à tout un chacun de vaquer librement à ses occupations. »

Les autorités ont rappelé dans le communiqué qu’à la suite « des négociations engagées avec des syndicats sous le haut patronage du président de la République, SEM Michel Joseph Martelly, les prix à la pompe ont été révisés à la baisse comme suit :- La gazoline passe de 215 à 200 gourdes ;
- Le diesel (gasoil) passe de 177 à 167 gourdes- Le kérosène passe de 171 à 161 gourdes. »

Un autre accord a été obtenu tôt mardi qui a débouché sur une nouvelle légère baisse des prix et une suspension de l’appel à la grève prévue pour ce mardi

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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