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Handball - Mondiaux : "On vient, on gagne et on s’en va !"

dimanche 1er février 2015

Seule nation à avoir remporté cinq couronnes mondiales, l’équipe de France peut se permettre de savourer avant de repartir vers de nouvelles conquêtes.

Par Ezequiel Garcia, à Doha

Une heure après le match, Jérôme Fernandez est suivi à la trace dans les couloirs de la salle de Lusail, la ville qui a accueilli la finale des championnat du monde de handball. Il ne s’agit pas d’un chaperon pour le contrôle antidopage mais de son fils Kilian, dispensé d’école pour assister à la dernière grande compétition de son capitaine de père : "Je ne sais pas s’il est la relève du hand français. Pour l’heure, j’aimerais seulement qu’il fasse un peu de sport." On peut dire qu’il ne manque pas de bons exemples.

Les sifflets du public, qui ont fait un pénible bruit de vuvuzela pendant 60 minutes, ont cessé. Au moment où les tricolores s’épanchent sur le cinquième titre mondial du handball français, c’est la star australienne Kylie Minogue qui se déhanche sur le parquet. Impossible de comparer. Ce n’est rien de dire que l’on n’a jamais autant désiré le don d’ubiquité. Alors on se plait à écouter les recettes des champions. "L’équipe de France, ce sont des mecs qui ont toujours les pieds sur terre et ne se croient jamais au-dessus des autres, analyse Xavier Barachet. C’est notre force."

"Nous sommes montés en puissance" (T. Omeyer)

"Nous faisons les choses avec détermination et régularité. Et dès qu’une compétition est terminée, on se focalise sur le rendez-vous suivant", ajoute l’espiègle Cédric Sorhaindo, qui mériterait largement une citation dans l’équipe-type du Mondial. Un autre qui a l’assurance d’y figurer, c’est l’inusable Thierry Omeyer. Cet étrange bonhomme a l’air si serein qu’il commence par demander comment vous allez, comme s’il n’était pas l’attraction du moment. A cause de lui, les arrières du Qatar vont mal dormir. L’Alsacien a détourné 15 de leurs tirs et empêché une égalisation qui aurait changé la fin de la rencontre.

"Ce n’est pas tous les jours que l’on va au bout d’une grande conquête. Heureusement que nous sommes montés en puissance sur les quatre derniers matches." On en a l’habitude mais il est bon de le répéter : Omeyer a tenu un rôle prépondérant.

La surprise Kevynn Nyokas

Autant l’avouer, on n’attendait pas du tout Kevynn Nyokas, souvent resté sur le banc malgré son bras surpuissant. A la place de Xavier Barachet, épuisé, Claude Onesta a choisi de lancer l’arrière de Göppingen aux côtés de Nikola Karabatic. "Je l’ai su à l’échauffement, raconte le héros de la première période, avec ses trois buts. Il n’y a pas de secret : lorsque tu es bon à chaque entraînement, comme moi, tu es prêt à rentrer. Je l’étais." Entre la fin du match et la cérémonie de remise des médailles, il a eu au téléphone son frère Olivier, lui aussi handballeur, qui lui a témoigné la fierté de toute sa famille.

Des coups de fil, il y en aura dans les prochaines heures. Il y en a déjà eu un : celui du chef de l’État au directeur technique national Philippe Bana. Les joueurs et l’encadrement sont invités à l’Élysée mardi. Fan de sport, François Hollande saura peut-être trouver de nouveaux épithètes pour décrire cette équipe imbattable, indestructible, irrésistible. Avec ces champions couverts d’or, on finit par manquer d’idées.

"On vient, on gagne et on s’en va !"

Il reste encore onze mois pour y arriver. La France est en excellente position pour se qualifier au prochain championnat d’Europe qui aura lieu en Pologne [équipe qui a remporté la médaille de bronze de ces Mondiaux aux dépens de l’Espagne]. Et surtout, les Jeux olympiques vont arriver rapidement dans le programme. En tant que championne du monde, la France est d’ores et déjà qualifiée. Claude Onesta a dix-huit mois pour façonner la relève, qui tentera de cueillir une troisième médaille d’or olympique consécutive.

"C’est un immense plaisir de partager les victoires avec les plus jeunes. J’ai eu la chance d’être champion du monde en France avec la génération précédente, celle des Barjots. On ne se lasse jamais de transmettre à notre tour." A ce rythme, un petit malin finira par déposer à l’Institut national de la protection industrielle (INPI) ce chant descendu de la tribune française, qui résonne à chaque succès depuis les Jeux de Londres et résume bien l’état de grâce permanent du plus titré des sports collectifs français : "On vient, on gagne et on s’en va !"


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