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Législatives en Israël : le camouflet de Netanyahou à Obama

jeudi 22 janvier 2015

Invité par le chef de file des républicains, le Premier ministre israélien va parler au Congrès américain. Joli coup politique, mais non sans risque.

De notre correspondante à Jerusalem, Danièle Kriegel

Ses conseillers en communication y sont-ils pour quelque chose ? Depuis une quinzaine de jours, Benyamin Netanyahou montre au monde et à ses électeurs qu’il est un dirigeant avec lequel il faut compter, que cela plaise ou non. Il y a d’abord eu la marche du 11 janvier à Paris et son jeu de coudes pour se retrouver au premier rang des présidents et chefs de gouvernement venus dire non au terrorisme et soutenir la France dans ces heures sombres.

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Depuis mercredi, c’est au président des États-Unis que le Premier ministre israélien sortant démontre que lui aussi peut dire "I can !". Benyamin Netanyahou sera à la tribune du Congrès pour y prononcer un discours. Un honneur qui ne lui est pas inconnu puisqu’il l’a expérimenté par deux fois, en 1996 et en 2011. L’invitation est venue de John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants, qui, dans un communiqué, n’a rien caché des tenants et aboutissants de ce geste envers "un grand ami de (leur) pays". "Face aux défis actuels, je demande au Premier ministre Netanyahou de s’exprimer devant le Congrès sur les graves menaces que l’islam radical et l’Iran représentent pour notre sécurité et notre mode de vie." Le discours initialement prévu le 11 février, soit à 5 semaines des élections législatives, aura finalement lieu 3 semaines plus tard, à 15 jours du scrutin.

Camouflet

Ce discours de Netanyahou sera-t-il une réplique "républicaine" au "discours sur l’état de l’Union" de Barack Obama ? Le président américain a, en effet, réaffirmé mardi son opposition à une loi qui imposerait de nouvelles sanctions contre l’Iran, allant même jusqu’à déclarer qu’il y apposerait son veto. S’agit-il d’un deal inédit entre les dirigeants républicains et monsieur Netanyahou pour battre ou humilier leurs rivaux politiques respectifs, Obama pour les républicains, la gauche travailliste pour Bibi ?

En Israël, la surprise passée, certains experts analysent les avantages et les inconvénients de cette initiative. Sur le plan intérieur, un très bon coup en pleine campagne électorale, mais, en matière de politique étrangère, un véritable pied de nez à Barack Obama. La réaction officielle de la Maison-Blanche, qui n’avait pas été informée de la venue de monsieur Netanyahou, a été plutôt sèche : elle déplore un écart au protocole. Nahum Barnea, éditorialiste au Yediot Aharonot - centre droit -, évoque en outre ces voix qui, au sein de l’administration américaine, "ont demandé à ce que l’on transmette à Netanyahou que ce comportement avait un prix et aux Israéliens que leur Premier ministre était en train de perdre un véritable ami pour des raisons de profit politique à courte portée".

Mise en garde

D’autres analystes s’intéressent de très près à une information publiée par l’agence de presse Bloomberg : le Mossad aurait lancé aux responsables américains une mise en garde concernant la proposition de loi de deux sénateurs républicains visant à renforcer les sanctions contre Téhéran. "Cela pourrait conduire les négociations nucléaires avec l’Iran à l’effondrement", aurait averti la célèbre agence du renseignement israélien. Une dépêche qui confirmerait donc les propos de John Kerry, 24 heures plus tôt. Le secrétaire d’État américain avait alors affirmé que, selon un responsable du renseignement israélien, la proposition de loi républicaine équivaudrait à "jeter une grenade dans le processus de négociations". Le Mossad s’opposerait ainsi frontalement au gouvernement israélien. Une hypothèse démentie par le patron du service.

Reste l’évidence : en Israël et alors que le dépôt officiel des listes n’aura lieu que dans une semaine, la campagne électorale bat déjà son plein. Et Benyamin Netanyahou semble bel et bien décidé à former le prochain gouvernement. Même si les derniers sondages montrent un décrochage du Likoud par rapport à la liste parti travailliste - Hatnuah, appelée aussi "le Camp sioniste".


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