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11 janvier 1960. Henry Lucas, le plus grand serial killer de tous les temps assassine sa mère

dimanche 11 janvier 2015

Après son arrestation, très coopératif, il reconnaît 3 000 meutres non élucidés qu’on lui présente. Trop beau pour être vrai.


Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Combien de victimes faut-il réellement inscrire au compteur du serial killer américain Henry Lee Lucas ? Deux ? Onze ? Trois cent cinquante ? Six cents ? Mille ? Tous ces nombres ont été évoqués dans son cas. Mais lequel est le bon ? Le problème avec cet aimable personnage, c’est qu’il est tellement coopératif avec la police qu’il est prêt à reconnaître tous les crimes non élucidés d’Amérique. Histoire de bénéficier de meilleures conditions d’incarcération. Dans ce cas-là, difficile d’y voir clair.

Il y a au moins un crime certain pour lequel il a été condamné à la prison. C’est celui de sa maman, le 11 janvier 1960. À sa décharge, elle l’a bien mérité, comme on le verra par la suite. Mais d’abord les faits. Lors de ce crime, Lucas, qui a 24 ans, sort de tôle où il a purgé une peine de cinq ans de prison pour vol et évasion. Aucun crime ne lui est encore imputé, mais il a très probablement déjà commencé à tuer.

Amour filial

Au lieu de retourner chez sa maman Viola, il s’installe chez sa demi-soeur Opal, à Tecumseh, dans le Michigan. Il envisage alors d’épouser sa visiteuse de prison. Mais sa mère ne l’entend pas de cette oreille. Si elle a fait un fils, c’est pour qu’il s’occupe d’elle durant ses vieux jours - elle a déjà 65 ans. Aussi débarque-t-elle chez Opal pour le ramener chez elle à grands coups de pompe dans le cul.

Lucas refuse de se laisser faire. Pas question de retourner en enfer auprès de sa mère. Lors d’une dispute, Viola, complètement beurrée, saisit un balai pour frapper son fils à la tête. Celui-ci, pas moins éméché, répond du tac au tac en lui assénant un coup de couteau dans la nuque. Viola s’écroule sans connaissance sur le sol. "J’ai réalisé qu’elle était morte. Je me suis alors aperçu que je tenais mon couteau à la main et qu’elle avait été entaillée", déclarera Lucas aux flics. Il ajoutera ultérieurement que, pris d’un amour filial violent pour Viola, il lui a alors fait l’amour. Charmante attention. Sauf que la vieille dame indigne n’est pas encore morte.

Quand Opal rentre un peu plus tard, elle découvre sa mère gisant dans une mare de sang, mais dotée encore d’un souffle de vie. Elle décède avant que l’ambulance n’arrive. L’autopsie montre qu’elle n’est pas morte du coup porté par son fils, mais d’un arrêt cardiaque. Lucas est rapidement arrêté, jugé et condamné à une peine de 20 à 40 ans de prison. Finalement, après 10 ans à l’ombre, il se retrouve dehors en juin 1970.

Enfance difficile

Il est temps de parler de l’enfance de Lucas et du comportement de sa petite maman. À la moindre occasion, et parfois rien que pour le plaisir, elle bat comme plâtre le jeune Henry, qu’elle a eu sur le tard. Le mari, qui a perdu ses deux jambes dans un accident de chemin de fer et qui ne dessoule pas, laisse faire. Du reste, il meurt rapidement, d’hypothermie après être resté toute la nuit allongé dans la neige, fin saoul. Un jour, Viola bat si fort son fils avec une planche qu’il reste dans le coma durant trois jours. Merci, maman. Une autre fois, son frère le blesse accidentellement à l’oeil. Viola refuse de l’emmener voir un médecin. L’oeil s’infecte, il faut le remplacer par un oeil de verre. Merci, maman.

Viola tient à assurer l’éducation sexuelle de ses enfants. Aussi, à plusieurs reprises, elle ramène des hommes à la maison avec qui elle fait l’amour devant ses enfants. Merci, maman. Enfin, l’adorable et merveilleuse Viola décide qu’Henry est plus mignon habillé en fille. Aussi l’envoie-t-elle à l’école avec des robes en le coiffant avec des bouclettes. Et pieds nus ! Imaginons les moqueries que le jeune garçon a dû endurer de ses camarades. Et quand le maître d’école, pris de pitié, offre des chaussures à Henry, Viola le cogne pour avoir accepté "l’aumône". Ce n’est pas tout. Un jour où un de ses oncles lui offre une mule, Viola s’empresse de la tuer. Enfin, il faut parler d’oncle Bernie, l’amant de sa mère. Un joyeux luron qui lui apprend à tuer de pauvres et malheureux animaux après les avoir torturés et avoir même abusé sexuellement d’eux.

Confidences

On comprend dès lors pourquoi le jeune Lucas refuse de suivre sa maman à la maison. Plus tard, les flics supposeront qu’il avait déjà commencé à tuer. Selon ses aveux, sa première victime aurait été une jeune fille de 17 ans, qu’il aurait étranglée à l’âge de 15 ans pour avoir résisté à ses avances. Mais il entame sa véritable carrière de tueur en série en 1977, après un autre séjour en prison pour avoir kidnappé deux jeunes filles. À cette époque, il vient de divorcer d’avec sa cousine et se retrouve à errer d’une ville à l’autre dans le sud des États-Unis. Il prend l’habitude d’assassiner les filles qu’il prend en auto-stop. C’est aussi à cette époque qu’il entame une relation homosexuelle avec Ottis Toole, 29 ans. Tous les deux constituent une sacrée équipe de tueurs d’après les aveux ultérieurs de Lucas. Ils assassinent au hasard de leurs rencontres. Femmes, hommes.

Quand la mère et la soeur de Toole meurent, le couple récupère la garde de Becky, 13 ans, et de Franck, les enfants de la soeur. Au bout de quelque temps, Becky devient la compagne de Lucas, qui en a 45, tandis que Franck atterrit dans un hôpital psychiatrique, traumatisé par les scènes de meurtre auxquelles son cher tonton le fait assister. Le 23 août 1982, lors d’une dispute, Lucas poignarde Becky et s’offre un petit plaisir supplémentaire en la démembrant et en disséminant ses morceaux.

Dans les semaines qui suivent, il est soupçonné d’avoir tué une octogénaire, mais faute de preuve, il est laissé en liberté. Pris de remords pour avoir tué Becky, Lucas retourne dans le champ où il l’a enterrée pour communier avec son âme. Emprisonné pour port d’arme, il décide de se confesser au geôlier. "J’ai fait quelque chose de mal", lui révèle-t-il avant de vider son sac. Il commence par déclarer le meurtre de l’octogénaire puis confie qu’il a tué "au moins une centaine de fois supplémentaires".

Aveux extorqués ?

Il entame alors une très longue confession qui s’étale sur un an et demi. Par la suite, il accusera la police de lui avoir extorqué ses aveux en le mettant à poil, en lui refusant des cigarettes, en l’empêchant de dormir et en le mettant dans une cellule non chauffée. Au bout de quatre jours de ce traitement, il aurait avoué n’importe quoi. Il commence par reconnaître entre 75 et 100 meurtres, puis il pousse le compteur entre 150 et 360. En comptant sa participation à des meurtres entre amis, il monte jusqu’à 3 000.

La police l’entraîne dans une étrange tournée d’État en État dans l’objectif de lui faire reconnaître tous les crimes non élucidés. Il se montre extrêmement coopératif. Dans beaucoup de meurtres, il implique Toole, qui l’aurait initié à un culte satanique. Il l’accuse même d’avoir à plusieurs reprises mangé la chair de leurs victimes. De son côté, Toole, qui purge une peine pour incendie criminel, se fiche des accusations de son ancien amant, déjà décidé à offrir sa propre confession. Finalement, en mars 1985, lors d’une conférence de presse, la police crédite Lucas de 90 meurtres commis dans 20 États, et le couple Lucas-Toole de 108 autres assassinats.

Lors du procès qui suit, Lucas revendique 600 meurtres. Il va même jusqu’à affirmer avoir fourni à Jim Jones le cyanure dont il s’est servi pour commettre le massacre de Guyana. C’est même lui qui aurait assassiné le chef syndicaliste Jimmy Hoffa. C’est du délire ! Plus tard, il se rétractera, affirmant que ses aveux n’étaient motivés que par la volonté d’améliorer ses conditions de détention et qu’il n’a tué que sa seule mère.

Prison à vie

Du reste, certains policiers qui avaient recueilli ses confessions avaient commencé à douter depuis longtemps de la véracité de ses aveux. Une certaine Linda Erwin, enquêtrice à Dallas, estomaquée par la confession de 13 crimes au Texas, monte de toutes pièces un crime fictif qu’elle soumet à Lucas. Celui-ci s’empresse de le reconnaître en reprenant les détails fournis par l’enquêtrice elle-même. À la suite de cela, il ne sera inculpé d’aucun des crimes reconnus au Texas.

Au bout du compte, Lucas est jugé pour seulement 11 homicides. Et seul le meurtre d’une femme non identifiée, surnommée Chaussettes orange, commis au Texas en 1979 lui vaut une condamnation à mort. Même si le procureur général finit par reconnaître que la responsabilité dans la mort de Chaussettes orange est loin d’être établie dans la mesure où il travaillait, à cette époque, dans un autre État. Plus tard, Lucas affirme à un journaliste qu’il a reconnu ce meurtre uniquement dans le but de commettre un suicide légal. Il veut mourir, tenaillé par les remords de toutes ses fausses confessions.

Pendant ce temps-là, son complice Ottis Toole meurt le 15 septembre 1996 d’une cirrhose dans une prison de Floride, où il purge six peines de prison à vie. Finalement, complètement dans le brouillard, l’administration recommande au gouverneur George W. Bush de commuer la peine de mort de Lucas en prison à vie. Lucas meurt en prison le 13 mars 2011, à l’âge de 64 ans. Combien de meurtres a-t-il réellement accomplis ? Il est impossible de le dire avec certitude. Le ranger du Texas Phil Ryan, qui a remis en cause nombre de meurtres, estime qu’il est fortement suspect des morts de sa compagne Becky et de l’octogénaire, et qu’il pourrait être responsable d’au moins 15 meurtres. Seulement !

REGARDEZ les confessions du tueur en série Henry Lee Lucas :
C’est également arrivé un 11 janvier

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