MosaikHub Magazine

Cherchez et vous trouverez

jeudi 25 décembre 2014

Il y a de cela plus de 2000 ans, la Bible le rapporte, les trois Rois mages ont suivi une étoile dans le ciel pour trouver la crèche où est né Jésus. Pour le faire, ils avaient des connaissances, scrutaient le ciel et nourrissaient la croyance qu’un jour naîtrait le divin enfant.

En ce temps-là, l’imprimerie, l’université, les médias, les radars, les moyens de radiotélévision, l’Internet, les réseaux sociaux, rien de ce qui forme nos convictions et le sel de notre quotidien au XXIe siècle n’existait.
Les Rois mages n’étaient pas juifs. Ils n’étaient pas chrétiens. Ils n’étaient pas de la race du Nazaréen. Ils ont joué leur partition dans l’histoire et ils ont trouvé, rapportent les Évangiles.
Ils ont trouvé parce qu’ils cherchaient.

En l’an 2014, à l’aube de 2015, quelle étoile suivent nos mages ? Sur quelles connaissances prennent racines leurs croyances ? En quoi croient-ils ?

En notre temps de la technologie triomphante, de l’instantanéité, de l’ubiquité, comment comprendre que de tout temps le monde a eu des hommes et des femmes qui prenaient le temps de la réflexion pour bouleverser le cours de l’histoire ?

Le téléphone à côté de vous, l’ordinateur sur lequel vous lisez cet article, le journal tel qu’imprimé que vous avez en main ont connu tellement de mutations ces dernières années, comment pouvez-vous croire que le monde avance lentement et sans que quelqu’un s’y dévoue ?

Le monde bouge. Tout bouge. Parce que des intrépides cherchent perpétuellement le chemin nouveau pour casser le cercle de la monotonie. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent pour changer le cours des choses. Les autres vivotent.
Nous savons bien vivoter en Haïti.

La première fois que dans un ouvrage scolaire on a décrit le sous-développement haïtien, il était caractérisé, entre autres, par le fait que dans l’agriculture, première activité économique des Haïtiens, nous grappillons pour survivre. Un peu de ceci, un peu de cela, sur des atomes de terrain.
« L’Espace haïtien », maître-ouvrage de Georges Anglade, a plus de quarante ans, il est encore indépassable parce que nous refusons de tendre un miroir à chaque facette de notre déchéance, de peur de voir où nous en sommes.
En tout, nous préférons vivoter.

Cela dit, revenons aux Rois mages en cette période de Noël. Restons au plus près d’une tradition ancienne, celle des passeurs, des chercheurs d’espérance, des ensemenceurs d’illusions, il nous en faut en ces temps de sur-place.
Il nous en faudrait.

En cette fin 2014, nous allons entrer dans l’année des 100 ans de l’occupation américaine, nous sommes à la veille des 70 ans de la fin de l’ère Lescot, à la veille des 30 ans de la dernière année de la dictature des Duvalier, à la veille des 20 ans de la première transition démocratique du pouvoir d’un président élu à un autre et presque cinq ans après la première alternance démocratique de 2010, qu’avons-nous appris ? Quels chemins nouveaux avons-nous tracés pour éviter que nos pas ne retombent dans les traces que nos pères ont laissées hier ?

Que l’année 2015 et les obligatoires changements dont elle est porteuse nous apportent la sérénité ou des jours troublés, il demeure évident que nous avons peu de propositions viables sur la table pour faire de ce pays, de cette nation, des hommes et des femmes connus comme étant des Haïtiens, autre chose que ce que nous reproduisons depuis des lustres : nous allons vivoter en 2015.

Nous allons vivoter dans tous les domaines, et qu’espérer d’autre sinon que cet écart entre la réalité et les rêves grandioses que nous chérissons tous nous inspire, nous pousse à nous dépasser, à prendre des risques, à explorer d’autres chemins ?

Allons-nous commémorer, couverts de honte, les cinq ans du séisme du 12 janvier 2010 ou compter nos forces pour mieux reconstruire ? Allons-nous continuer à contempler nos voisins qui nous contiennent, nous refoulent, nous gavent de leurs produits ? Allons-nous nous satisfaire de voir nos amis définir nos priorités et choisir nos dirigeants à notre place ou enfin définir le dénominateur commun de nos combats ? Allons-nous nous contenter de nos hommes d’affaires incapables de faire décoller l’économie ou les pousser à faire plus ? Pardonner encore et encore à nos politiciens qui s’amusent à inventer et à rater leur prochaine mauvaise magouille ? Nous satisfaire de nos universités inaptes à produire la pensée et l’élite qui nous font défaut ? Rire de nos églises vendeurs de miracles ? Encombrer sans gêne les ondes de nos médias loin d’être à la hauteur ? Qu’allons-nous faire en 2015 ?

Nos vœux ne seront pas exhaussés parce que mal formulés. Nos vœux peuvent-ils être transformés dans la glaise du réel si nous n’y croyons pas nous-mêmes ?
Le déficit de courage, de patience, d’abnégation, de foi, de lumière, de bon sens va peser sur notre sort, si nous ne nous sortons pas de la zone de confort des perdants, en 2015.

En ces temps de la Noël et du nouvel an, est-il possible que l’aventure des rois mages nous inspire ?
Les trois Rois mages sont l’exemple parfait de la rencontre heureuse entre les efforts et la persévérance, du croisement de la connaissance et de l’espérance. Il n’y a pas eu de hasard dans le fait que ces trois hommes furent ceux qui ont trouvé l’enfant de Joseph et de Marie dans la crèche.
Ils l’ont trouvé. Ils étaient ceux qui cherchaient.
Que cherchez-vous ? Que cherchons-nous ?
Nous avons rendez-vous avec des étoiles.
Soyons les mages de notre avenir !!!
Joyeux Noël et fructueuse année 2015, à tous !

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie