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Quel est le plus court chemin pour faire le tour d’une crise ?

mardi 23 décembre 2014

Pour faire le tour d’un cercle, et trouver le chemin le plus court, faut-il commencer par la droite ou par la gauche ? Cette question n’a jamais été autant d’actualité que ces jours-ci, au terme de plusieurs semaines chargées de rebondissements. L’Haïti politique carbure à plein régime sans produire du sens pour éclairer ses actions.
Sa Commission consultative l’ayant mis au pied du mur, le président Michel Martelly a sorti un joker. Le chef de l’Etat a accepté les recommandations de la Commission consultative et rencontre les secteurs concernés. On ne sait pas si le président parle pour résoudre la crise ou pour expliquer sa bonne foi. On ne sait pas si ses visiteurs au Kinam l’ont convaincu de la justesse de leurs revendications ou ont compris les méprises qui empoisonnent l’atmosphère politique depuis des mois.
Le président, le Parlement et les partis politiques sont restés relativement prudents depuis les annonces de la Commission consultative. Chacun veut plus, mais ne donne rien. La politique à l’haïtienne dans toute sa splendeur. Comme il est question de calendrier dans la mise en œuvre des recommandations de la Consultative, le diable peut dormir sur ses deux oreilles, cela prendra le temps qu’il faudra avant de voir avancer le char de la crise.
La communauté internationale, les USA en tête, et les quelques acteurs locaux qui souhaitent brusquer l’avènement d’une solution à l’immobile crise haïtienne préélectorale ont-ils gagné un jeu ou un set dans l’interminable match de ces derniers mois ? Rien n’est plus sûr. Il leur faudra attendre. Il y a eu tellement d’avancées qui n’ont même pas accouché d’une souris.
Le Premier ministre Laurent Lamothe, l’homme qui n’était pas dans le viseur il y a un mois, se retrouve le seul fragilisé dans toute cette affaire. Lamothe, qui n’est pas le plus mauvais Premier ministre de notre histoire, est sacrifié pour tenter de sauver son président qui risque (ou risquait) de devenir un très mauvais président. Même l’Association touristique d’Haïti, issue du secteur qui a le plus bénéficié de son « Haiti is open for business », a lâché Lamothe. Les patrons en général ont fait un sort au gouvernement le plus pro affaires de ces dernières années. Trop pro affaires, expliquent-ils.
Mais voilà que c’est sur les décombres d’un gouvernement en décomposition que l’on cherche un nouveau Premier ministre. C’est dans les rangs des plus anciens politiciens que l’on cherche l’oiseau rare. C’est sans projets ni réel consensus que nous nous apprêtons à écrire l’avenir.
La question qui reste ouverte dans ce pays où tout le monde joue le temps et se croit inventeur de la roue est quand est-ce que les vrais acteurs vont vraiment se parler, ajuster leurs priorités ou s’affronter ?
Depuis des mois, comme ces dernières semaines, nous n’avons pas fait un pas. Ni yon pa Kita, ni yon pa Nago. Nous ne savons toujours pas s’il faut commencer à faire le tour du cercle par la gauche ou par la droite pour arriver plus vite au point d’arrivée.

AUTEUR

Frantz Duval


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