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L’ordre de libération des frères Florestal enfin exécuté

samedi 20 décembre 2014

Les deux frères Florestal, Enold et Josué, sont enfin libérés. L’ordre d’exécution de leur libération a été finalement exécuté vendredi. Accompagnés de l’un de leurs avocats, les deux hommes, l’air en forme, se sont rendus tout de suite après leur libération au local du RNDDH où ils ont eu avec les défenseurs des droits de l’homme un entretien privé suivi d’une conférence de presse.

« J’avais endossé la plainte pour corruption contre la famille présidentielle. Après la décision du juge Jean Serge Joseph qui avait demandé au président de la République de mettre à la disposition de la justice le Premier ministre démissionnaire ainsi que d’autres hauts fonctionnaires de l’Etat dans le cadre de cette affaire, le pouvoir, au moins à trois reprises, a dépêché auprès de moi des émissaires, dont l’ex-directeur général de la PNH Léon Charles, qui m’ont promis de fortes sommes d’argent et des postes ici et à l’étranger pour les membres de ma famille en vue d’abandonner la plainte », rappelle Enold Florestal pour camper les raisons de son arrestation, il y a de cela dix-sept mois.

Enold Florestal confie avoir refusé à chaque fois puisqu’il ne se sentirait plus en paix avec sa conscience. « J’ai toujours combattu pour mes convictions. Quand je ne crois pas en quelque chose, même si vous m’offrez des millions, cela ne m’intéresse guère », a déclaré Enold Florestal, qui affirme avoir fait de la bataille contre la corruption sa principale motivation dans la vie.

Maillot rouge et jeans noir, Enold Florestal s’en prend à Réginald Delva, ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales à l’époque qui avait monté un ensemble de dossiers contre lui. « Soupconné du meurtre de son beau-frère Duverseau organisé avec des policiers du commissariat de Port-au-Prince il y a 4 ou 5 ans, soupçonné également d’avoir pris part à l’assassinat du docteur Ronald Joseph le 3 août 2010, il a des amis qui ont déjà été arrêtés pour kidnapping. Connu comme militant politique et homme de main », lit-on dans un fiche signalétique préparée par le ministre et qu’il a lui-même distribuée lors de la conférence de presse de ce vendredi.

Le véritable plan, selon Enold Florestal, ce n’était pas de l’arrêter mais plutôt de l’assassiner. Comme je l’avais dénoncé, ils se sont rétractés et ont monté ce dossier en prenant contact avec la famille Duverseau pour m’accuser du meurtre de leur fils en échange de certains avantages, râle Enold Florestal rappelant que ce sont ces mêmes gens qui ont, en date du 19 mars 2014, plaidé en leur faveur et sollicité leur libération. Remerciant les responsables des principales organisations de l’opposition, dont ceux du Mopod, de l’Otan, du Fopark et de Fanmi Lavalas qui ont toujours exigé leur libération, Enold Florestal critique l’attitude du juge Lamarre Bélizaire qui n’avait pas pris en considération la plaidoirie des membres de la famille Duverseau et les ont malgré tout gardés en prison. Il confirme qu’il n’abandonnera pas la plainte contre la famille présidentielle. La plainte est maintenue, a-t-il indiqué.

« Je suis heureux de retrouver ma famille », a déclaré Josué Florestal, qui a été accueilli par sa femme et sa petite fille Christy Alicia Florestal, 4 ans. Plus souriant mais moins bavard que son grand frère, Josué Florestal, arrêté, lui, en juillet 2013, estime que la bataille qu’ils ont commencé est loin d’être terminée malgré tout ce temps passé en prison. « Nous ne savons d’où nous venons, nous connaissons notre destination. Nous nous arrêterons point que nous n’atteindrons pas notre destination », a-t-il dit en frappant avec fermeté sur la table. Une déclaration qui a été applaudie par leurs partisans ainsi que les membres de leur famille.

Les frères Florestal ont bénéficié d’une mainlevée du mandat d’écrou qui a été décerné contre eux, a rappelé l’un de leurs avocats, Jean Simon St Hubert, qui était allé lui-même délivrer l’ordre d’exécution aux responsables de la prison civile de Croix-des-Bouquets. Ils seront toujours à la disposition de la justice, a confié l’homme confirmant que la cour a mis l’affaire en continuation à la plus prochaine audience.

Une affaire à obstacles

L’ordre de libération des deux frères Florestal a été donné depuis mercredi. Le temps mis avant l’exécution de cet ordre confirme qu’ Enold Florestal et Josué Florestal étaient effectivement des prisonniers politiques, selon Jean-Simon St-Hubert.

« Mercredi soir, puisqu’il se faisait tard au moment de la délibération, les juges s’étaient contentés de lire la décision. On devait par la suite la retranscrire au plumitif de l’audience en attendant que le commissaire principal à la cour d’appel préparât l’ordre de libération. Puisque le commissaire devait se rendre à Jacmel, il avait demandé au substitut du commissaire du gouvernement, Frantz Poteau, de signer l’ordre. Ce dernier n’était pas disponible pour signer le document quand il était prêt », a raconté Samuel Madistin vendredi sur les ondes de Radio Magik 9.

« Contacté par téléphone, le substitut du commissaire du gouvernement avait pris rendez-vous dans une institution où il donnait des cours pour signer le document. Mais une fois que l’avocat était sur place, le juge s’était déjà rendu au palais national. Le lendemain, aucun autre commissaire du gouvernement n’était disponible à la cour d’appel pour signer l’ordre », a poursuivi Me Madistin. L’homme de loi confirme qu’il a dû dépêcher un avocat auprès de Raphaël Jean-Baptiste, le commissaire en chef de la cour d’appel de St-Marc pour faire signer le document. De retour à Port-au-Prince au cours de la même journée du jeudi , la directrice de l’APENA s’était encore opposée à l’exécution de l’ordre de libération, a déclaré Samuel Madistin qui menaçait de porter plainte au cabinet d’instruction contre les autorités de l’administration penitentiaire pour séquestration de personne au cas où ses clients n’était pas libérés vendredi matin.

Présent aussi à la conférence de presse de ce vendredi, Me André Michel a exprimé sa satisfaction à la suite de la libération des deux frères Florestal qu’il présente comme deux hommes de conviction. Ce n’est pas facile de trouver des hommes avec autant de conviction, a commenté Me André, rappelant qu’il avait du mal à faire confiance à quelqu’un pour endosser la plainte contre la famille présidentielle.

L’homme continue d’exiger la libération du policier Jeanco Honorat dans le cadre de cette même affaire. Il accuse le juge Lamarre Bélizaire qui aurait fait pression sur le policier pour plaider contre lui. S’il avait accepté de le faire, il serait déjà relâché, indique André Michel, qui promet de lutter pour sa libération. Mis à part Jeanco Honorat, le leader du groupe 77 a mentionné le nom de Jean-Robert Vincent et Jean Harry Délassaint qu’il présente comme deux autres prisonniers politiques.

AUTEUR

Danio Darius


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