MosaikHub Magazine

Les livres du mois # 6

jeudi 11 décembre 2014

Dieulermesson PETIT FRERE

Décembre est le mois « pied dans l’eau ». Il apporte le froid dans les cœurs et l’envie du voyage dans les esprits. C’est le mois des cadeaux aussi, dit-on. L’année s’achève et une autre se pointe à l’horizon. On fait des projets et l’on attend de recommencer sur de nouvelles bases. Dans l’attente, je vous invite à continuer l’aventure dans l’intimité de ces mots et ces pages pour le plaisir de nos sens. Parce que lire est une solitude partagée. Partageons-la…

Georges Eddy Lucien, « Une modernisation manquée : Port-au-Prince (1915-1956), volume 1 : Modernisation et centralisation », éd. de l’Université d’État d’Haïti, 2013, 286 pages.

« Une modernisation manquée : Port-au-Prince (1915-1956). Modernisation et centralisation est la reprise de la thèse de doctorat soutenue par Georges Eddy Lucien à l’Université de Toulouse le Mirail en 2007. C’est, écrit le professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Pau, Laurent Jalabert, « le symbole de la volonté d’une nouvelle génération d’historiens haïtiens de revisiter le passé de leur pays […] ». Un excellent ouvrage rédigé à l’encre toute fraîche de l’histoire et de la géographie, dans lequel l’auteur livre une brûlante réflexion sur la ville de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, réduite depuis quelque temps à une peau de chagrin.

En effet, avec ce livre d’une richesse documentaire assez rare, le Dr Lucien s’interroge sur les mutations ayant marqué la ville et engendré, du coup, les processus de son dysfonctionnement. L’ouvrage s’ouvre sur une présentation d’Haïti appelée autrefois Saint-Domingue, ancienne colonie française pour passer en revue le système urbain haïtien depuis la violente occupation américaine de 1915 jusqu’avant l’arrivée de François Duvalier au pouvoir. En 285 pages, et 6 chapitres, cet ouvrage invite à la (re)découverte de la capitale avec tout ce qu’elle contient de modernisme, « cette ville tentaculaire », considérée autrefois comme un véritable port ouvert aux princes.

Guillaume Apollinaire, « Les exploits d’un jeune don Juan », Gallimard, Folio, 128 pages

« Les exploits d’un jeune don Juan » est un court roman érotique. Il met en scène Roger, un garçon de bonne famille qui vit à la campagne en compagnie de sa mère, sa tante, une femme de chambre et sa sœur. Agé seulement de treize ans, il découvrira dans cet environnement tout entouré de femmes, les joies et les plaisirs de la sexualité. Récit d’initiation à la vie amoureuse et surtout à la sexualité, le livre peut être considéré, même s’il ne s’agit pas de l’objectif premier de l’auteur, comme une forme d’apprentissage de la découverte du corps, de ce coin de délices et d’ombre que représente le sexe de la femme.

Des pages sulfureuses, chaudes, humides et douces qui ne laissent pas du tout inerte devant la tendresse, le charme et les flammes qui s’en dégagent. Récit d’étreintes, récit de séduction également, « Les exploits d’un jeune don Juan » est à la fois amusant et provocant. Au XVIIIe siècle, ce petit bijou aurait été qualifié d’immoral et on n’oserait le lire pas même dans le noir. Un véritable manuel du libertinage écrit à la sauce excitante de Sade qu’il faudrait lire en toute hâte au risque de pervertir son âme.

Yanick Lahens, « La petite corruption », LEGS ÉDITION, 2014, 106 pages

Paru pour la première fois en 1999, La petite corruption est le second recueil de nouvelles de Yanick Lahens. Constitué de sept nouvelles (Le désastre banal, Bain de lune, cette nouvelle transformée en roman et qui a reçu le prix Femina cette année, Lettre des Cayes, La petite corruption, Le pays d’eau, Le poids de la nuit, Une histoire américaine) qui disent le vécu social, politique et culturel haïtien. Il dit également le déclin de la classe moyenne, le départ massif et croissant des cadres vers d’autres cieux en quête de mieux-être (exil, migration). Une œuvre qui peint un tableau sombre de la dure réalité caribéenne. Une œuvre moderne et originale.

Le recueil nous plonge dans un univers féminin et met sous nos yeux des personnages ordinaires aux prises à des situations extraordinaires. Des femmes courageuses, victimes dans leur chair et dans leur âme. Tous ces jeunes livrés à la violence, la prostitution, la tentation de la drogue et autres dangers du même genre. Des histoires qui expriment le désir féminin, le délabrement de la société, le désir de liberté, l’incertitude ou l’angoisse.

AUTEUR

Dieulermesson PETIT FRERE

dpetitfrere@lenouvelliste.com


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