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30 novembre 1989. La prostituée Aileen Wuornos entame sa carrière de tueuse en série

dimanche 30 novembre 2014

C’est en Floride que la jeune femme commence à assassiner ses clients, ce qui lui vaudra une injection létale 13 ans plus tard.

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Le 30 novembre 1989, la prostituée Aileen Wuornos choisit d’entreprendre une carrière de tueuse en série pour se débarrasser de tous ces sales bâtards de michetons qui la prennent pour un simple objet sexuel. Pute et non soumise, voilà ce qu’elle veut être. Dans sa chambre, elle a punaisé un poster de Nabilla... Celui qui a l’honneur d’étrenner cette étonnante carrière de justicière est un commerçant de Floride nommé Richard Mallory.

Celui-ci s’est programmé une tournée des bars topless de Tampa (Floride) et de s’offrir une pute pour plusieurs jours d’affilée. Divorcé cinq fois, Mallory est bien décidé à en profiter un max avant de devenir ramollo du petit oiseau. Il n’a de comptes à rendre à personne. Trente ans auparavant, il a été condamné pour viol, mais c’était une erreur de jeunesse... Fini, ces bêtises. Son magasin de réparation électronique de Clearwater lui rapporte assez de pognon pour qu’il puisse se payer toutes les femmes qu’il veut. À son âge de 51 ans, certains vont voir Céline Dion à Bercy, lui se défonce la tronche.

Des parties de jambes en l’air

Le voilà donc parti au volant de sa Cadillac. Son programme exact, on ne le connaît pas. Sans doute commence-t-il la soirée en faisant la tournée des bars chauds qui ne manquent pas en Floride. Où a-t-il rencontré la prostituée Aileen Wuornos, 33 ans ? Impossible à dire. Peut-être l’a-t-il ramassée sur la route ? Ou alors c’est elle qui l’a levé dans un bar. Lors de sa première déclaration aux flics, après son arrestation, Wuornos affirme avoir passé cinq heures agréables avec Mallory avant de l’assassiner. "Agréables"... Sans doute ne faut-il pas entendre par là une promenade romantique, les pieds nus sur la plage, avec Karine Le Marchand comme chaperon. Mais une tournée des bouges pour se saouler entrecoupée de plusieurs parties de jambes en l’air tarifées.

Lors de ses interrogatoires, la tueuse offre plusieurs versions de la fin de la soirée. Dans un premier temps, elle déclare avoir descendu Mallory parce qu’il voulait la prendre "sans enlever son pantalon afin de ne pas avoir à la payer". Puis, elle affirme avoir bien été payée, mais avoir eu peur qu’il ne lui reprenne l’argent. Une autre fois, elle l’accuse de l’avoir violée, sodomisée et torturée, ce qui l’a conduite à tirer en état de légitime défense. L’embêtant, c’est que l’impact d’une de ses balles se situe dans le dos de sa victime. La violait-il à reculons ?

Quoi qu’il en soit, après avoir commis son premier meurtre, Wuornos rentre tranquillement chez elle pour retrouver sa compagne Tyria Moore, avec qui elle vit en couple depuis trois ans. Car madame est gay. La meurtrière ne laisse voir aucune agitation particulière. Elle n’a pas du tout le comportement attendu de quelqu’un venant d’assassiner pour la première fois. Les deux femmes allument la télé pour écouter Nicolas Sarkozy se déclarer favorable à l’abolition de la loi Taubira... C’est alors qu’Aileen lâche, très calmement : "Ce soir, j’ai tué un homme." Avec le ton qu’elle aurait pris pour dire : "Ce soir, j’ai acheté du foie de veau." Elle montre à Tyria les quelques objets qu’elle a piqués dans la bagnole de Mallory dans le but de les revendre.

Un violeur de petits garçons

Le cadavre de Mallory est retrouvé le 13 décembre 1989 par deux ferrailleurs en train d’explorer un petit bois à la recherche de débris métalliques. Il est enroulé dans un tapis. L’analyse des empreintes digitales permet son identification. Le légiste attribue sa mort à trois balles de 22 long rifle et indique que Mallory a agonisé durant une dizaine de minutes avant de rendre l’âme. L’enquête ne mène à rien. Au bout de quelques mois, les flics mettent le dossier au frigo. De son côté, Aileen Wuornos, qui a pris goût au meurtre, entame une exceptionnelle carrière de tueuse en série. La pauvrette a tellement de raisons de se plaindre des hommes ! Son paternel, qu’elle n’a jamais connu, était un violeur de petits garçons. Il meurt étranglé dans sa cellule par un codétenu. Sa mère les abandonne alors qu’elle a quatre ans, son frère aîné en profite pour la violer peu de temps après. Thomas Thévenoud est son oncle... À 13 ans, elle tombe enceinte. Deux ans plus tard, son grand-père la jette à la rue, où elle se prostitue pour survivre. Enfin, ne parlons pas de l’homme qu’elle épouse qui est de 49 ans son aîné !

Sa deuxième victime est David Spears, 43 ans, retrouvé le 1er juin 1990, au nord de Tampa, avec dix balles de 22 dans la peau. Il y a, ensuite, Charles Carskaddon, 40 ans, dont le cadavre dénudé est découvert le 6 juin plombé de neuf balles de 22. Puis Peter Siems, 65 ans, disparu le 7 juin et dont seule la voiture est retrouvée à Orange Springs. Et encore Eugène Burress, 50 ans, dont le cadavre est récupéré le 4 août dans la forêt d’Ocala. Dick Humphreys, 56 ans, retrouvé mort le 12 septembre, truffé de sept balles de 22. Enfin, Walter Jeno Antonio, 60 ans, dont le corps est signalé le 19 novembre dans les bois de Cross City.

Cinq fois condamnée à mort

Ce dernier cadavre fait enfin soupçonner aux flics l’existence d’un tueur en série opérant en Floride. Durant leur enquête consacrée à sa première victime, Mallory, les policiers découvrent des objets lui ayant appartenu chez un prêteur sur gages. La piste les fait remonter jusqu’à Wuornos, qui les avait volés dans la voiture de sa victime. Elle est arrêtée le 9 janvier 1991 dans un bar de motards dans le comté de Volusia. La police met également la main sur Tyria Moore, qui, en échange de l’impunité judiciaire, accepte de piéger sa compagne. Sept jours plus tard, Wuornos avoue les meurtres. Pour sa défense, elle explique avoir agi en état de légitime défense. Tous ces individus avaient tenté de la violer. Son procès s’ouvre un an plus tard, mais uniquement sous l’inculpation du meurtre de Mallory. Le 27 janvier 1992, elle est condamnée à la peine de mort. Durant son procès, Wuornos a l’amabilité de reconnaître trois autres meurtres en admettant que les victimes, contrairement à Mallory, ne l’avaient pas violée. "Ils ont seulement essayé de le faire", précise-t-elle, ce qui lui vaut un total de quatre peines de mort. Une par victime. Comme cela ne suffit pas, elle avoue, en juin 1992, un meurtre supplémentaire, d’où une cinquième condamnation à mort. Puis un sixième, en février 1993. Il n’y a que pour Siems qu’elle est ne reconnaît pas son crime dans la mesure où son cadavre n’a pas été retrouvé.

Après neuf ans passés dans le couloir de la mort, ayant vu tous ses recours repoussés, Wuornos veut en finir au plus vite avec son exécution. Elle écrit à la Cour suprême de Floride : "J’ai tué ces hommes, je les ai volés quand ils étaient froids comme la glace. Et je le referais. Je suis malade à force d’entendre ce genre de choses : Elle est folle. J’ai été examinée tant de fois. Je suis responsable, saine d’esprit, et j’essaie de dire toute la vérité. Je suis de celle qui hait la vie humaine et je tuerai à nouveau." La charmante meurtrière en série est finalement exécutée par injection létale le 9 octobre 2002. Juste avant de s’endormir à jamais, elle déclare : "Je voudrais juste dire que je navigue avec le Rocher et je reviendrai, comme Independence Day, avec Jésus, le 6 juin. Comme dans le film, un bateau ravitailleur et tout, je reviendrai." Certainement un message personnel pour Jean-Claude Van Damme


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