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Martelly entre l’enclume de la presse et le marteau de l’opposition

mercredi 26 novembre 2014

Le Nouvelliste /
Depuis l’investiture de Michel Martelly à la présidence de la République, le 14 mai 2011, c’est la première fois que la presse internationale est aussi présente dans le pays. Au cours de la manifestation de l’opposition, mardi, un nombre considérable de représentants de différents médias internationaux a payé de sa présence dans la capitale haïtienne. Ordinairement, l’arrivée de journalistes en si grand nombre dans un pays intervient à l’occasion d’un événement de grande envergure. La manifestation de l’opposition peut-elle constituer le motif de la venue de tous ces travailleurs de la presse ? S’il est vrai que l’opposition a rarement réalisé une manifestation un jour ouvrable, celle de mardi remet les opposants de Martelly en selle dans cette conjoncture controversée.

La présence de ces journalistes en grand nombre va mettre le pays sous les feux des projecteurs. L’actualité politique haïtienne sera retransmise à la loupe par les agences de presse mondiales ainsi que les puissants médias occidentaux. D’un côté, les manifestations anti-gouvernementales vont permettre à l’opposition de s’affirmer davantage comme force politique réelle, d’un autre côté, l’instabilité politique haïtienne va confirmer la persistance de la mauvaise gouvernance du pays. L’image du pays sera de plus en plus ternie. Alors que Michel Martelly, au début de son mandat, avait misé sur les potentialités du pays pour refaire son image, sa mauvaise perception de chef suprême de l’Etat ayant le pouvoir de contrôler les principaux Conseils électoraux qu’il a lui-même créés lui a valu ce sombre tableau.

Les efforts accomplis par la plupart de ses collaborateurs, notamment la ministre du Tourisme visant à replacer Haïti sur la carte touristique mondiale ; la dynamisation du Centre de facilitation des investissements ; la construction de routes, d’hôpitaux, d’écoles, la multiplication des structures de Service d’appui aux entreprises du ministre du Commerce et les initiatives de promotion du pays à l’étranger pour attirer les investissements pouvaient permettre à l’équipe au pouvoir d’atteindre un meilleur score. Au lieu d’encourager ses collaborateurs dans la multiplication de ces initiatives, le chef de l’Etat a préféré se jeter comme ses prédécesseurs dans la traditionnelle politicaillerie haïtienne.

Après trois années et six mois de gestion à la tête de l’Etat, Michel Martelly se trouve entre l’enclume et le marteau. Il ne peut en aucun cas respecter ses promesses de campagne ni concevoir une initiative quelconque de développement, en cette période qui ressemble à une fin de règne. Le président de la République doit se contenter des réalisations de l’équipe au pouvoir. Un accord avec l’opposition sur la crise politique actuelle sera sans nul doute son dernier succès. Alors qu’il avait toutes les possibilités de garantir un bilan positif en dépit de son inexpérience dans la gestion des affaires de l’Etat, le président de la République a galvaudé son mandat en mettant le pays sur la sellette pour n’avoir pas pu réaliser une élection après trois ans et six mois. Est-il encore temps pour le président de tirer les leçons de son inconséquence ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com

AUTEUR


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