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Téléphone portable, Wi-Fi - Ondes : la vérité est-elle ailleurs ?

dimanche 23 novembre 2014

Les risques liés au téléphone mobile et au Wi-Fi sont très mal connus. Mais certaines lois physiques s’appliquent, en plus des règles de bon sens.
Par Guerric Poncet

Les ondes sont le tabou du secteur des télécoms. Entre l’impact des antennes-relais et les risques liés aux bornes Wi-Fi, les associations et les autorités ont de quoi enquêter, et les industriels de quoi s’inquiéter. Il existe des études qui prouvent que les ondes ne sont pas neutres sur leur environnement, mais aucune n’a encore réussi a démontrer d’éventuels effets néfastes sur la santé. La ministre déléguée à l’Économie numérique, Fleur Pellerin, a d’ailleurs mis en garde mercredi contre des "peurs irrationnelles" liées aux ondes radioélectriques, dont "la dangerosité n’est pas scientifiquement étayée".

Une approche qui rappelle un peu le positionnement des gouvernements sur le nucléaire : on ne sait pas exactement à quelle dose cela devient dangereux, donc on tâtonne sans appliquer à la lettre le principe de précaution. Tout en préservant le secteur, au bénéfice des industriels mais évidemment, aussi, des consommateurs, sur le plan économique. Dans un contexte très tendu avec l’industrie, difficile de démêler le vrai du faux. Voici ce que l’on sait...

Il faut utiliser le kit mains-libres : VRAI, mais... Les ondes ont été classées "peut-être dangereuses" par l’Organisation mondiale de la santé dès 2011. Puisqu’elles sont émises par l’antenne du téléphone mobile, il est donc bon de l’éloigner au maximum de la tête pour l’éloigner du cerveau, la principale victime potentielle. Mais gare à ne pas remplacer un mal par un autre en mettant le téléphone dans sa poche ! Surtout pour les hommes, dont l’appareil génital semble être très sensible aux ondes... Il faut aussi éviter de poser son téléphone sur la table de nuit, surtout avec certains appareils, dont l’iPhone, qui peut émettre des données toute la nuit à l’insu de l’utilisateur.

Il suffit de réduire la puissance d’émission des antennes-relais : FAUX. En théorie, réduire la puissance des antennes-relais réduit mécaniquement le risque. Mais tout n’est pas aussi simple, n’en déplaise aux associations de lutte contre les ondes. Car lorsqu’on réduit la puissance de l’antenne, c’est le téléphone qui compense, en émettant beaucoup plus fort pour communiquer avec le réseau de l’opérateur. Cela revient donc à augmenter énormément le risque d’un côté pour le réduire faiblement de l’autre. Un mauvais calcul, donc, sauf si l’on augmente fortement le nombre d’antennes déployées, ce que personne n’est aujourd’hui prêt à accepter.

Il faut éloigner les crèches et les écoles des antennes-relais : VRAI et FAUX. Il faut éviter un périmètre intermédiaire. En théorie, un bâtiment placé sous une antenne n’est pas touché par ses ondes, qui se propagent comme la lumière d’un phare sur la côte, par exemple. Par ailleurs, le maillage des antennes-relais en zone urbaine est tel qu’il est impossible de s’éloigner d’une antenne au point de ne plus en subir les effets, sans se rapprocher dangereusement d’une autre. L’idéal, selon certains experts, serait donc de placer les écoles et les crèches très exactement sous les antennes. Mais cela impliquerait que les enfants passent plusieurs fois par jour dans la zone la plus risquée, entre 20 et 100 mètres autour de l’antenne. La solution parfaite consisterait donc à trouver des espaces suffisamment éloignés d’un relais, sans pour autant se rapprocher d’un autre. Ce qui est impossible...

Il faut réduire la puissance du Wi-Fi : VRAI. Souvent, les box fournies par les opérateurs (Freebox, Livebox, Neufbox, etc.) ont une puissance d’émission largement supérieure à ce qui est nécessaire. Cela inonde les foyers et les voisins dans une zone parfois très vaste. Pour en prendre conscience, il suffit de lister les dizaines de réseaux disponibles en permanence dans chaque recoin des villes. Certains fournisseurs d’accès, à l’image de Numericable, proposent à leurs abonnés de choisir la puissance d’émission de leur réseau sans fil, pour que ceux qui veulent couvrir un studio n’aient pas à subir les mêmes ondes que ceux qui veulent couvrir une maison. Attention toutefois, le paradoxe des antennes-relais cité plus haut s’applique ici aussi : si un appareil ne capte pas suffisamment le Wi-Fi (au moins trois quarts des "bâtons"), il émettra beaucoup plus fort, au péril de l’utilisateur ! Avis à tous ceux qui ont leur ordinateur portable sur les genoux... Notre conseil : réduisez la puissance du Wi-Fi si possible, et dans la mesure du raisonnable, gardez de bons vieux câbles Ethernet ! C’est, en outre, plus fiable et beaucoup plus sûr : vous réduisez ainsi les possibilités de piratage de votre réseau domestique.

Les installations CPL (Internet par les prises électriques) émettent des ondes : VRAI. Certains opérateurs proposent des kits de "courants porteurs en ligne" (CPL) pour éviter l’installation de nouveaux câbles. Ce sont des boîtiers à brancher sur les prises électriques, et qui transmettent les données via les câbles électriques dans le foyer. Même cachés dans les murs, ces câbles sont transformés en antennes et émettent "énormément" d’ondes, selon un expert interrogé par Le Point.fr. "Cela rayonne énormément, dans tout le logement, puisque l’installation électrique va partout y compris dans la chambre du bébé", explique-t-il.

Il suffit de renoncer au téléphone mobile, au Wi-Fi, aux ondes en général : VRAI. C’est la seule solution qui garantisse un effet certain, si elle est prise d’un bloc par l’ensemble des acteurs économiques et par la population. Mais est-ce sérieusement envisageable ? En plus de la téléphonie mobile et du Wi-Fi, il faut inclure (même si elles sont, a priori, moins dangereuses) les ondes radio, les ondes de la TNT, les fréquences radio militaires, etc. Inimaginable...


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