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Raoul Guillaume honoré par la Fondation Odette Roy Fombrun et « Chansons d’Haïti »

jeudi 20 novembre 2014

Le Nouvelliste |
Le vendredi 15 novembre dernier, au Cercle Bellevue de Bourdon, un événement exceptionnel et rare a eu lieu : une consécration et une apothéose en l’honneur de notre grand musicien et chansonnier national, Raoul Guillaume, dont les œuvres ont brillé dans le firmament artistique haïtien pendant un demi-siècle environ

Ses refrains nous ont bercés et enchantés depuis nos premières années jusqu’à un stade avancé de notre vie de jeune adulte. Beaucoup de ses chansons sont des modèles ou standards de l’équilibre, paroles et musique. Ce sont donc des classiques dignes de passer à la postérité.

Très interpellée par la sauvegarde de notre passé et de notre identité culturelle, c’est à cette fin que Karine Margron, secondée par Julio Racine, à l’origine de la série de recueils « Chansons d’Haïti » – compilation des trésors de nos chants folkloriques et populaires, menacés d’oubli par l’acculturation – avec l’appui de la Fondation Odette Roy Fombrun (FORF), a pris l’initiative de consacrer le cinquième volume à dix chansons inoubliables du grand maestro. Déjà dans le volume précédent (16 mélodies pour voix et piano) deux de ses succès y figuraient : « Complainte paysanne » et « C’est Noël mon ami ».
À cette occasion, un concert-hommage a eu lieu près de la piscine au Cercle Bellevue, sous une grande tente, pour glorifier de son vivant (87 ans le 7 décembre prochain) ce géant de la musique haïtienne.
L’accès était ouvert au public moyennant une cotisation, devant plutôt encourager les œuvres de « Chansons d’Haïti » et de la FORF. Il est à noter que ces recueils sont distribués gratuitement dans tout le pays, principalement à travers le réseau scolaire.

Le concert et la cérémonie
Prévus pour 4 h pm., ils débutèrent un peu plus tard dans l’attente d’un grand invité : le président Joseph Michel Martelly, l’un des sponsors généreux de la soirée, ayant même stimulé la parution du cinquième volume. Avec l’arrivée du chef de l’État, le programme commence enfin.
On se met debout pour écouter l’hymne national enregistré. Après les mots d’accueil de la maîtresse de cérémonie et l’introduction de Marie Claude F. Bayard, directrice de la FORF, en présence du grand honoré de la soirée assis au premier rang, le concert débute par une belle méringue « Rakonte m gran pè » du chansonnier, chantée par le jeune soprano Daniel Calixte, accompagné par Jean Christophe Ducasse au piano. La prestation du chanteur est assez bonne et on le félicite ; il pose pour une photo au milieu du président et du compositeur. La jeune soprano Christine Louissaint lui succède, toujours avec le même accompagnateur dans « C’est Noël mon ami », un très bel air avec des paroles très fortes ; une espèce de valse lente avec un pont bien élaboré. Les deux soprani sont membres d’une chorale à Sainte-Trinité ; les partitions sont remises au père David César en conséquence.

Après les propos édifiants de la maîtresse de cérémonie sur le thème « Chansons d’Haïti, un projet qui bouge », la soprano Karine Margron nous charme dans l’interprétation de « Nan Ginen » de Frantz Casséus. Œuvre peu connue du guitariste, rarement chantée et reprise depuis la « création » de Lolita Cuevas sur le premier disque de Casséus (1954). Cette version est plutôt orchestrale et l’accompagnement est enregistré, joué en play-back. C’est tout simplement sublime, ce chant en majeur.
Il revient au grand comédien Daniel Marcelin, avec le ton adéquat, de lire la biographie et le portrait de Raoul Guillaume, résumés et rédigés avec brio par Michel Soukar.
La soirée se poursuit jusqu’à la fin avec « Complainte paysanne » interprétée par Gessoit Pierre-Louis au sax et Josué Alexis au piano ; « Priyè pou Ayiti » (Raoul Guillaume) avec Karine Margron et le soutien du même pianiste ; « Écolier, sois patient », belle chanson en mineur du compositeur-auteur, bien rendue par le ténor Wenson Délice avec le support de Josué Alexis ; les appréciations et le speech éloquent de Micheline Dalencour, pianiste et professeur de musique ; « Yon ti chanson », superbe afro-boléro du chansonnier, inoubliable succès et romance des années soixante où la soprano, le saxophoniste et le claviériste se sont dépassés pour émouvoir l’assistance ranimant ses souvenirs.

Duo surprise et improvisé de K. Margron et M. Martelly harmonisant correctement, en partie et en seconde voix, la mélodie de la soprano.
Après ce dernier numéro, il revient à l’artiste Philippe Dodard, directeur de l’ENARTS de lire le message de la ministre Monique Rocourt, en voyage, et de remettre le prix « Dodard de l’année 2014 »au grand maestro, fort touché et ému par ce présent royal. On lui remet également un trophée.
La partie officielle se termine avec une version pour plusieurs voix et orchestre de « Rakonte m granpè », arrangée par Julio Racine, sollicitant la participation de tous les chanteurs.
Mais c’est sans compter avec le président Michel Martelly, artiste dans l’âme, n’ayant pas renoncé à ses talents de chanteur malgré les soucis de sa haute fonction. Il charme et enthousiasme l’assistance, en reprenant un à deux tubes anciens de Raoul Guillaume, soutenu par Raoul Denis Junior au clavier. On chante en chœur et surtout on se fait prendre en photo avec lui. Bonne soirée !

AUTEUR

Roland Léonard


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