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Les artistes qui font Haïti au Grand Palais

mardi 18 novembre 2014

Le Nouvelliste |
56 artistes présentent 186 oeuvres à l’exposition "Haïti : deux siècles de création artistique au Grand Palais". Nous vous présentons ces artistes avant de vous faire découvrir les oeuvres. Extrait du dossier de presse

1936, Croix-des-Bouquets (Haïti) – 2008, Croix-des-Bouquets
Fait son entrée au Centre d’Art de Port-au-Prince à 14 ans. Étudie à la fois au Mexique, en France et en Haïti. En 1960, fait à Paris l’apprentissage de la gravure sur bois à l’École des Beaux-Arts. Il expose au mu­sée d’Art moderne de la ville de Paris en compagnie d’Hervé Télémaque, Luce Turnier et Jacques Gabriel. Douze ans directeur du musée d’Art haïtien du Collège Saint-Pierre et six ans président de la Fondation Culture Création, il est très attaché à l’institutionnel et concerné par la problématique des racines culturelles dans le domaine de la création.

Pierrot BARRA – sculpteur

1942, Port-au-Prince (Haïti) – 1999, Port-au-Prince
A vécu et travaillé en Haïti avec sa femme Marie Casséus à la fabrication des drapeaux vaudou puis à créer des assemblages textiles et des sculptures à partir de matériaux récupérés tels que poupées, tissu, verre, sequins, cornes de chèvre, parures, miroirs, décorations de Noël, crucifix. Il a contribué à la réappropriation des formes artistiques liées au vaudou.

Élodie BARTHÉLEMY – plasticienne

1965, Bogota (Colombie)
Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, sa démarche emprunte des ressorts scé­nographiques et met en relation récits historiques, situations politiques et questionnements philosophiques. Sculpture, installation, peinture et performance reflètent sa conscience de la résilience. Artiste investie dans la relation, elle anime le collectif Haïti Action Artistes, créé après le séisme de 2010. Franco-haïtienne, Élodie Barthélemy travaille à Paris et dans l’Oise et séjourne fréquemment en Haïti.

Jean-Michel BASQUIAT – peintre

1960, New York – 1988, New York
De père haïtien et de mère portoricaine, fait partie de la génération des graffeurs ayant brusquement émergé à New York dans les années 1970. Passé de la rue au tableau, son travail mélange les références sacrées du vaudou et de la Bible, ainsi que les univers de la bande dessinée, des médias, les héros afro-américains, la musique et la boxe.

Castera BAZILE – peintre

1923, Jacmel (Haïti) – 1966, Port-au-Prince (Haïti)
Apprentissage au Centre d’Art. Un des artistes majeurs de la peinture haïtienne dite naïve, il a réalisé des peintures murales pour la cathédrale Sainte-Trinité de l’Église épiscopale de Port-au-Prince, où travaillèrent notamment les artistes haïtiens Philomé Obin, Wilson Bigaud et Préfète Duffaut (également présentés dans l’exposition). La cathédrale fut détruite lors du séisme de janvier 2010.

Mario BENJAMIN – plasticien

1964, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille en Haïti. Chef de file de l’art contemporain et pionnier de la performance en Haïti, il utilise des matériaux peu conventionnels dans ses tableaux et dans ses installations vidéos, photographiques et so­nores réalisées in situ. Exigeant et influencé par toute forme d’art, il a participé à de nombreuses biennales internationales et tient à se démarquer des stéréotypes couramment admis sur l’« art haïtien ». Benjamin a contribué à l’émergence des communautés d’artistes (Rivière Froide, Atis Rezistans).

Wilson BIGAUD – peintre

1931, Port-au-Prince (Haïti) - 2010, Vialet (Haïti)
Fait partie du groupe de peintres ayant décoré la cathédrale Sainte-Trinité de l’Église épiscopale de Port-au-Prince. Il y a réalisé Les Noces de Cana, dans le transept sud. Ses oeuvres ont été présentées, en 1963, dans l’exposition « 19 Peintres de Haïti » à Bruxelles et, en 1964, dans « 20th Century Latin American Naïve Art » à La Jolla (États-Unis).

David BOYER – sculpteur, brodeur

1976, Port-au-Prince (Haïti)
David Boyer est né au Bel-Air, quartier de Port-au-Prince. À douze ans, il est apprenti dans l’atelier de dra­peaux vaudou pailletés de Céus Saint-Louis dit Ti-Bout. Stimulé par les assemblages textiles de Pierrot Barra, il se lance dans la réalisation de « tableaux » en bas-relief tissés de boutons et incrustés d’objets de récupération (tôle d’aluminium, matériel informatique, poupées...). En 2008, il crée au Bel-Air avec Dubréus Lhérisson l’atelier « Kongo Lawouze ». En 2012, il expose à la 11e Biennale de La Havane avec Dubréus Lhérisson.

Marie-Hélène CAUVIN – plasticienne
1951, Port-au-Prince (Haïti)
Vit à Montréal depuis 1971. Enseigne la lithographie et les arts imprimés à l’Université Concordia (1999- 2000). Son oeuvre au dessin incisif, explore l’univers des contes et légendes de son pays ainsi que les traumatismes de la mémoire historique. Son travail, qui va au-delà des préoccupations spécifiques à Haïti, questionne le quotidien des sociétés contemporaines et pose les problèmes de la ghettoïsation, de la vio­lence et de la drogue.

Vladimir Cybil CHARLIER – plasticienne

1967, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille à New York. Diplômée du Queens College en 1991 et de l’École des Arts visuels à New York en 1993, elle reçoit un prix pour sa monographie au musée d’Art moderne de Santo Domingo (République dominicaine), en 2003. Artiste de la diaspora, elle réinterprète l’histoire de l’art occidental et haïtien et explore le langage visuel de la Caraïbe en tant que système de signes.

Myrlande CONSTANT – brodeuse

1968, Port-au-Prince (Haïti)
Vit à Port-au-Prince. Réalise des drapeaux vaudou faits de perles et de sequins sur tissu utilisés à la base pour des cérémonies rituelles. Elle a renouvelé cette pratique en introduisant de multiples thématiques dans des oeuvres contemporaines de plus grande envergure qui sont régulièrement exposées aux États-Unis et sont présentes dans d’importantes collections d’art haïtien.

Maksaens DENIS – vidéaste, réalisateur

1968, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille à Port-au-Prince. Diplômé de l’École supérieure de Réalisation audiovisuelle de Paris. Après avoir travaillé pour la télévision, il se tourne vers des expérimentations audiovisuelles et développe une dé­marche novatrice en Haïti dans le domaine de l’art numérique. Son travail, inspiré des scènes de rue en Haïti, aborde le mysticisme, la mort, les rapports sociaux et la situation haïtienne depuis le séisme de janvier 2010.

Jean-Ulrick DÉSERT – plasticien

Années 1960, Port-au-Prince (Haïti)
Diplômé en architecture de la Cooper Union et de l’Université Columbia à New York. Intervient dans l’espace public avec des panneaux d’affichage et des installations spécifiques. Photographies, sculptures, vidéos et installations émergent d’une tradition et d’un travail orienté vers les pratiques sociales et culturelles qui as­socient les références iconiques et la métaphore historique. A exposé au Brooklyn Museum, au musée d’Art contemporain à Houston, à la Grey Art Gallery à New York et à la Cité Internationale des Arts à Paris. Artiste conceptuel et engagé, il intervient également en tant que critique dans des universités telles que Princeton, Yale, Columbia, aux États-Unis, ainsi qu’à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Roland DORCELY – peintre

1930, Port-au-Prince (Haïti)
En 1946, s’inscrit au Centre d’Art de Port-au-Prince puis part étudier aux côtés de Fernand Léger et André Masson à Paris. Introduit au monde artistique et intellectuel parisien par Michel Leiris. En 1950, à la suite d’une crise interne à l’institution, quitte le Centre d’Art accompagné de plusieurs artistes dont Lucien Price, Luckner Lazard, Dieudonné Cédor, Max Pinchinat pour fonder Le Foyer des Arts plastiques et en 1956 la Galerie Brochette.

Gervais Emmanuel DUCASSE – peintre

1903, Port-au-Prince (Haïti) – 1988, Port-au-Prince
D’abord technicien agricole, il se consacre à partir de 1948 à la peinture. Ses toiles naïves représentent prin­cipalement des scènes historiques, des batailles et des portraits de personnalités politiques ou culturelles mis en situation et chroniqués par des textes légendés au bas des tableaux.

Préfète DUFFAUT – peintre

1923, Cyvadier (Haïti) – 2012, Port-au-Prince (Haïti)
Repéré par Dewitt Peters, le fondateur du Centre d’Art de Port-au-Prince. Considéré comme l’un des maîtres de la peinture populaire des années 1940-1950, il participe, en 1950, avec d’autres peintres naïfs à la réali­sation des fresques de la Cathédrale Sainte-Trinité de l’Église épiscopale.

Édouard DUVAL-CARRIÉ – plasticien

1954, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille à Miami, aux États-Unis. A suivi des cours à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Intéressé par toutes les cultures, son oeuvre ouvertement politique reflète l’héritage complexe de la colonisation et de l’esclavage ainsi que les difficultés économiques du pays à travers tableaux, installations et sculptures associant l’iconographie haïtienne traditionnelle à des événements mondiaux contemporains. Il interprète la migration du vaudou vers les États-Unis et fonde, dans Little Haiti à Miami, The Haitian Cultural Arts Alliance, associé au nouveau Centre culturel haïtien.

André EUGÈNE – sculpteur

1959, Port-au-Prince (Haïti)
D’abord maçon, il se tourne vers la sculpture sur bois pratiquée dans la communauté de la Grand-Rue. In­fluencé par le travail de récupération de Nasson, il produit ensuite une sculpture résolument contemporaine, dans laquelle il fusionne les fétiches afro-caribéens à une vision moderne et apocalyptique. Il utilise souvent des crânes humains et mêle humour et dérision à la sexualité.

Levoy EXIL – peintre, sculpteur

1944, Soisson-la-Montagne (Haïti)
Commence à peindre et à sculpter à travers le mouvement Saint-Soleil qui mobilise toutes les ressources de créativité de ses membres et fait référence de manière constante aux croyances populaires. La première exposition de cette communauté a lieu au musée d’Art haïtien du Collège Saint-Pierre lors de son inaugura­tion en 1972. À la vue de ces oeuvres, André Malraux supprime un chapitre sur Goya du dernier tome de sa trilogie, La Métamorphose des dieux, sous-titré L’Intemporel, pour introduire trente-deux pages de réflexion sur la peinture de Saint-Soleil.

Jacques GABRIEL – peintre

1934, Port-au-Prince (Haïti) – 1988, Port-au-Prince
Étudie la peinture aux États-Unis à la New School for Social Research auprès du professeur et peintre équa­torien, Camillo Egas. C’est aussi à New York qu’il débute plus tard sa série de collages. Il découvre le sur­réalisme à Paris où il participe à de nombreuses expositions collectives. Libre penseur et très cultivé, il laisse néanmoins de côté ce courant artistique peu apprécié par le public à son retour en Haïti et se tourne vers une forme de réalisme avec des oeuvres figuratives qui ont pour leitmotiv le corps, le visage et les masques.

Jean-Claude GAROUTE, dit « Tiga » – peintre, céramiste

1935, Port-au-Prince (Haïti) – 2006, Miami
Fasciné par toutes les formes de créativité, il expérimente aussi bien la poésie et la musique que la peinture et la céramique. Son oeuvre se base sur la libre expression et le rapport simultané des divers supports et techniques, du sensoriel au conceptuel. Fondateur du Musée de la Céramique en 1959, du Centre artistique et culturel Poto Mitan en 1968 et du mouvement Saint-Soleil, il s’inscrit avec force dans l’histoire culturelle haïtienne.

Anne-Louis GIRODET de ROUCY – peintre, graveur

1767, Montargis (France) - 1824, Paris
Son oeuvre se situe entre les deux grands courants artistiques du début du XIXe siècle : la peinture néoclas­sique et la peinture romantique. Il recherche la beauté idéale selon les canons classiques et s’inscrit dans la lignée des peintres néoclassiques davidiens. Sa peinture est imprégnée d’une grâce et d’une poésie singu­lière qui préfigurent le romantisme.

Édouard GOLDMAN – peintre

1870, Les Cayes – 1930, Port-au-Prince
Dernier représentant d’une tradition de peinture qui privilégie les thèmes et portraits historiques, Édouard Goldman aurait été formé par son père, Albert Goldman, peintre de talent. Acteur passionné par le théâtre, il s’est d’abord spécialisé dans les décors qui lui valurent un immense succès. En réaction à l’occupation américaine de 1915, il réalise une série de portraits exaltant les héros de l’indépendance, des personnalités politiques et culturelles.

Sasha HUBER – plasticienne

1975, Zurïch
Vit et travaille à Helsinki, en Finlande. Interrogeant ses racines, ses recherches portent sur le processus de construction de son identité personnelle et artistique par le biais de médias comme la vidéo, la photographie, le dessin et la performance. Artiste engagée, elle travaille depuis plusieurs années sur le projet « Démonter Louis Agassiz », qui consiste à dénommer le mont Agassizhorn, dont l’origine vient de Louis Agassiz (1807- 1873), naturaliste suisse ayant développé des théories racistes, pour le renommer en Rentyhorn, en hom­mage à l’un de ses esclaves, Renty. A participé à de nombreuses expositions internationales dont la 19e biennale de Sydney en 2014.

Hector HYPPOLITE – peintre

1894, Saint-Marc (Haïti) – 1948, Port-au-Prince (Haïti)
Découvert et encouragé par Dewitt Peters, le fondateur du Centre d’Art de Port-au-Prince, il se consacre tardivement à la peinture, réalisant entre 1945 et 1948 plus de 200 tableaux dont la thématique combine l’uni­vers vaudou avec la symbolique judéo-chrétienne. L’un des plus brillants peintres haïtiens de sa génération, il force l’admiration d’André Breton qui lui achète plusieurs toiles en 1945 et contribue à sa reconnaissance internationale et à la diffusion de la peinture populaire haïtienne.

Frantz JACQUES, dit « Guyodo » – sculpteur

1973, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille à Port-au-Prince au sein de la communauté Atis Rezistans (Artistes en résistance) de la Grand Rue. Il utilise toutes sortes de matériaux de récupération, plastique, bois, métal, caoutchouc, textile, verre sur lesquels il ajoute des paillettes et du spray aluminium. A participé avec Mario Benjamin, André Eugène et Céleur Jean-Hérard à la création de « Freedom Sculpture », une oeuvre pérenne réalisée en 2006 pour le Musée de l’Esclavage à Liverpool. Dans le cadre de l’exposition, il bénéficie d’une résidence de 2 mois à la Cité internationale des Arts.

Camille JEAN, dit « Nasson » – sculpteur

1961, Port-au-Prince (Haïti) - 2008, Port-au-Prince
Travaillant d’abord le bois et la pierre, il s’oriente progressivement vers l’incrustation de matériaux recyclés sur bois sculpté. Sculpteur d’une puissante expressivité, il est l’initiateur de la technique du recyclage et a beaucoup influencé la communauté Atis Rezistans. De 1986 à 2008, il créé des marionnettes pour la Com­pagnie COPART (Communication Poly Art) : Carnaval Gran Manjè, 1996 et La Famille des Pitit Caille, 2009. Beaucoup de ses oeuvres ont malheureusement été volées ou détruites.

Sébastien JEAN – peintre, sculpteur

1980, Thomassin (Haiti)
Influencé par les masques, costumes et décors de carnaval, il représente un univers singulier peuplé de monstres prédateurs, d’oiseaux de proie et de fantômes errants offrant une vision spectrale d’un monde tourmenté. Artiste prolifique, aussi bien en peinture qu’en sculpture, il expérimente de nouveaux matériaux et varie les sujets de ses oeuvres selon les lieux où il est amené à séjourner. A exposé notamment à la Fonda­tion Agnès b à Paris, au Pavillon haïtien de la 54e Biennale de Venise et au Centre culturel haïtien à Miami.

Céleur JEAN-HÉRARD – sculpteur

1966, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille à Port-au-Prince. Initié à la sculpture traditionnelle par son frère, Céleur Jean-Hérard s’en éloigne en 1990 à la suite de sa rencontre avec Nasson dont la charge expressive marque le travail. Il fonde avec André Eugène la communauté artistique Atis Rezistans (Artistes Résistance), située à l’extrémité sud de la Grand Rue, au coeur de Port-au-Prince, à laquelle se rallie Frantz Jacques, dit Guyodo.

Antonio JOSEPH – peintre, sculpteur

1921, Barahona (République dominicaine)
Étudie l’aquarelle et la sculpture au Centre d’Art de Port-au-Prince et la peinture aux États-Unis. Distingué par la fondation Guggenheim en 1953 et 1957, il entreprend de nombreux voyages, notamment au Maroc et en France. Il rejoint le conseil d’administration du musée d’Art haïtien du Collège Saint-Pierre à Port-au- Prince en 1972.

Jasmin JOSEPH – peintre, sculpteur
1923, Grande Rivière du Nord (Haïti) – 2005, Port-au-Prince (Haïti)
Peintre animalier, travaille d’abord l’argile alors qu’il est employé d’une usine de briques. Remarqué par le sculpteur et professeur au Centre d’Art, Jason Seley, il se tourne également vers la peinture et participe dans les années 1950 à un projet de sculpture pour la cathédrale Sainte-Trinité de l’Église épiscopale. Il compte des oeuvres dans de nombreuses collections privées et dans les collections permanentes du musée d’Art haïtien du Collège Saint-Pierre à Port-au-Prince, du Musée de Davenport en Iowa et du Musée d’Art de la Nouvelle-Orléans.

Fritzner LAMOUR – peintre

1948, Jacmel (Haïti)
Fasciné par le travail de Préfète Duffaut, son voisin, il devient son assistant et réalise les minuscules figures de ses tableaux. Il commence ensuite à peindre ses propres toiles où les gallinacés prennent une place de plus en plus importante. Pendant les années sombres de la dictature, dans les années 1980, poulets, pin­tades et autres volailles aux attitudes humaines, dépeignent avec fantaisie mais non sans danger, la situation politique sous une forme satirique. Son travail est présent dans de nombreuses collections privées en Haïti, en France et aux États-Unis.

Séjour LEGROS – peintre

c.1785, Saint-Domingue – Bordeaux, n.d.
Boursier du Directoire, il part en France en 1799 rejoindre les fils de Toussaint Louverture, ses cousins. Il apprend les techniques du dessin et de la peinture et réalise un portrait de l’Abbé Grégoire qui pose pour lui. Il revient en Haïti vers 1822, est reçu et encouragé par le président Jean-Pierre Boyer. Il devient un peintre de notoriété qui reçoit des commandes d’État. La date de sa mort demeure ignorée.

Dubréus LHERISSON – sculpteur

1971, Cap-Haïtien (Haïti)
Grandit dans le quartier du Bel-Air, au centre de Port-au-Prince, où il est l’élève de Ti-Bout, un célèbre prêtre vaudou et maître artisan pour lequel il réalise des drapeaux destinés aux cérémonies. Sous l’influence du sculpteur Pierrot Barra, Il utilise des matériaux de récupération (tissu, boutons, fil, métal, peinture, crâne humain) pour créer des sculptures et des bas-reliefs qui en font un des artistes les plus novateurs de sa gé­nération. En 2008, il créé avec David Boyer l’atelier « Kongo Lawouze » au Bel-Air.

Georges LIAUTAUD – sculpteur

1899, Croix-des-Bouquets (Haïti) – 1992, Croix-des-Bouquets
Forgeron d’abord repéré pour ses croix de cimetière, Georges Liautaud invente la technique du métal décou­pé en récupérant et transformant des bidons de fuel usagés. A eu de nombreux disciples en Haïti qui se sont regroupés pour former le village d’artistes de Noailles, à Croix-des-Bouquets. En 1989, il participe à l’expo­sition « Les Magiciens de la terre » au Centre Georges-Pompidou. En 2009, un musée Georges-Liautaud dédié à la création contemporaine est inauguré à Croix-des-Bouquets.

Colbert LOCHARD – peintre

1804, Petit-Goâve – 1876, Port-au-Prince (Haïti)
En 1836-1837, il est déjà un peintre renommé à Port-au-Prince. En 1851, il est fait baron du Second empire haïtien et nommé Peintre de l’empereur Faustin 1er. Il réalise de grandes peintures religieuses qui sont por­tées en procession et accrochées dans la cathédrale de Port-au-Prince. Il est le père du peintre qui domine la seconde moitié du XIXe siècle, Archibald Lochard.

Stivenson MAGLOIRE – peintre

1963, Pétion Ville (Haïti) – 1994, Pétion Ville
Fils de Louisiane Saint-Fleurant, figure emblématique du mouvement Saint-Soleil, il se démarque de cette expérience par sa singularité. Son travail se situe à mi-chemin de la figuration et du monde abstrait de l’écri­ture. Un espace surcodé où se bouscule un répertoire de signes puisés à diverses sources (codes maçon­niques, vêvê vaudou, symboles judéo-chrétiens). Son oeuvre, spontanée mais structurée, évoque sa vision sur la justice, la religion, la corruption. Il meurt lapidé en 1994 dans une rue de Pétion Ville, sa ville natale.

Manuel MATHIEU – plasticien

1986, Port-au-Prince (Haïti)
Encouragé très tôt par sa famille à suivre une carrière artistique, il s’affirme d’abord comme peintre. Il s’ex­prime aujourd’hui à travers différents médias (installation, photo, vidéo, performance) et revendique un travail qui ne renferme pas une identité géographique. Installé à Montréal, son attachement à Haïti, où il retourne régulièrement, reste pour lui une source d’inspiration. Il poursuit actuellement un cursus au Goldsmith Colle­ge à Londres et a exposé en Haïti, au Canada et en France, notamment avec Sébastien Jean au musée du Montparnasse, à Paris, en 2013.

Ronald MEVS – peintre, sculpteur

1945, Port-au-Prince (Haïti)
Étudie les arts graphiques et le dessin publicitaire aux États-Unis. À Harlem, il partage les expériences des artistes afro-américains. De retour en Haïti en 1971, il devient peintre, sculpteur et créateur de mobilier contemporain. Sa rencontre avec les oeuvres de Wifredo Lam, Roberto Matta, Lucien Price et Max Pinchinat lui apporte un langage de signes qui évolue vers les formes en bas-relief de l’architecture funéraire pay­sanne. À partir de 1991, contraint à l’exil à Montréal, il s’imprègne de la culture amérindienne et se rapproche de la philosophie de la communauté Mowaks où il a séjourné.

Pascale MONNIN – plasticienne

1974, Port-au-Prince (Haïti)
Née d’une mère suisse et d’un père suisse naturalisé haïtien, elle partage son enfance entre ces deux pays. S’installe en Haïti à 20 ans et présente sa première exposition dans la Galerie Monnin de Port-au-Prince. Fondée en 1956, la galerie est très présente dans la vie artistique haïtienne. Expose au premier pavillon haïtien à la Biennale de Venise en 2012. Avec son compagnon, le poète James Noël, elle crée la revue In­tranQu’îllités dans laquelle interviennent des écrivains et des artistes haïtiens et du monde entier.

Philomé OBIN – peintre

1892, Limbé (Haïti) – 1986, Cap-Haïtien (Haïti)
Principal représentant du courant artistique dit « École du Cap », il est celui par qui la peinture populaire haïtienne dite naïve a été révélée. Reconnaissable à ses tableaux qui retracent l’histoire d’Haïti et la vie quotidienne, il appartient au groupe d’artistes qui décorent en 1950 la cathédrale Sainte-Trinité de l’Église épiscopale à Port-au-Prince avec une Crucifixion (abside) et la Dernière Cène (transept nord). Les oeuvres de Philomé Obin sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées à travers le monde.

Sénèque OBIN – peintre

1893, Limbé (Haïti) – 1977, Cap-Haïtien (Haïti)
Avec son frère Philomé et son fils Othon, ce peintre autodidacte contribue au succès du mouvement dit « École du Cap ». Peintre d’histoire, il a illustré les dernières batailles de l’indépendance. Adepte de la franc-maçonnerie, il a illustré les 12 symboles de la loge l’Haïtienne #6 du Cap-Haitien présentés dans l’ex­position.

Salnave PHILIPPE-AUGUSTE – peintre

1908, Saint Marc (Haïti) – 1988, Port-au-Prince (Haïti)
Commence la peinture à 52 ans et rejoint le Centre d’Art en 1960. Célèbre pour ses jungles africaines, il re­présente des figures mythiques, divinités de la fécondité, de l’eau, de la terre, tirées de l’imaginaire collectif. Dans ce monde édénique, les hommes cohabitent avec les animaux. À sa suite naît une école de peintres paysagistes aux grandes heures de la vague touristique des années 1970.

André PIERRE – peintre

1914, Port-au-Prince (Haïti) – 2005, Port-au-Prince
Les calebasses peintes et les grandes fresques qui ornent le péristyle de sa communauté à Croix des Mis­sions sont ses premières oeuvres. Prêtre vaudou confronté à la nécessité de personnaliser les loas (esprits du vaudou), il invente une iconographie rythmée par la symbolique de la couleur, de l’objet et des motifs vèvè (signes graphiques vaudou) pour harmoniser la cohabitation de la nature et des mythes, qui empruntent leurs traits aux conquistadores du Nouveau Monde et aux pères fondateurs de la nation haïtienne.

Prospère PIERRE-LOUIS – peintre

1947, Jacmel (Haïti) – 1996, Soisson-la-Montagne (Haïti)
Grande figure du mouvement Saint-Soleil, il a travaillé à lui imprimer une écriture singulière. Enfant, il assis­tait son père dans son rôle de houngan (chef spirituel du vaudou) ; adulte, il se fait peintre de la mythologie vaudou. Il participe avec Louisiane Saint-Fleurant, Levoy Exil, Denis Smith et Paul Dieuseul au regroupe­ment Cinq Soleils. Ses oeuvres figurent dans les collections privées et publiques haïtiennes et américaines.

Max PINCHINAT – peintre

1925, Port-au-Prince (Haïti) – 1985, Paris
Ancien officier de l’Armée d’Haïti, il appartient à la première génération du Centre d’Art. En 1950, à la suite d’une crise interne à l’institution, il quitte le Centre d’Art accompagné de plusieurs artistes dont Roland Dor­cély, Luckner Lazard, Dieudonné Cédor et Lucien Price pour fonder Le Foyer des Arts plastiques. Peintre et critique doté d’une solide culture, Il a fortement contribué à la définition d’une « modernité artistique haïtienne ». Il fut également correcteur du quotidien Le Monde.

Barbara PRÉZEAU-STEPHENSON – plasticienne

1965, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille entre Port-au-Prince et Perpignan. Également historienne de l’art et commissaire d’exposition, elle crée en 1999 la Fondation AfricAmericA, afin de mettre en oeuvre le Forum transculturel d’art contempo­rain, un festival d’envergure internationale qui fêtera sa 7e édition fin 2014. Après sa rétrospective au Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre en 2007, « Prézeau, oeuvres de 1986 à 2006 », elle oriente progressive­ment son travail vers la performance.

Lucien PRICE – peintre, dessinateur

1915, Port-au-Prince (Haïti) – 1963, Port-au-Prince
École ABC de Paris, membre fondateur du Centre d’Art puis du Foyer des Arts plastiques, Lucien Price intro­duit un nouveau répertoire graphique dans la peinture haïtienne. À partir d’une écriture dense, aigüe, précise, c’est un précurseur qui place l’art haïtien à l’avant-garde du courant abstrait de la Caraïbe.

Robert SAINT-BRICE – peintre

1898, Pétion-Ville (Haïti) - 1973, Port-au-Prince (Haïti)
Commence à peindre tardivement en 1949 au Centre d’Art de Port-au-Prince. Figure emblématique de la peinture dite naïve, Robert Saint-Brice partage avec Hector Hyppolite un moment fort de la création artis­tique. Avec lui, il est l’un des premiers peintres haïtiens à rencontrer un succès hors d’Haïti. Ses oeuvres sont présentes dans de nombreux musées et collections particulières aux États-Unis. Il participe à l’exposition « Dix-neuf peintres d’Haïti » organisée par André Breton au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1959. C’est lui qui inspira le nom du mouvement Saint-Soleil.

Lionel SAINT-ÉLOI – sculpteur, peintre

1950, Port-au-Prince (Haïti)
Issu du Centre artistique et culturel Poto Mitan de Port-au-Prince, il reçoit ses premières leçons de peinture, musique et expression corporelle de Tiga, Patrick Vilaire et Frido, fondateurs de l’atelier. Essentiellement peintre jusqu’en 1990, il puise dans le vaudou et son cérémonial le plus fort de ses sujets. Sous l’embargo de 1992, la peinture blanche, base de son travail, manque. Il se tourne alors vers la sculpture de recyclage qu’il domine dès la première exposition au Centre d’Art (sirènes, anges musiciens, serpents du Jardin d’Eden, Christs et Vierges incrustés de fragments de verre et de miroirs).

Louisiane SAINT-FLEURANT – peintre

1924, Petit-Trou-de Nippes (Haïti) – 2005, Pétion Ville (Haïti)
Douée de talents culinaires, elle travaille comme cuisinière auprès de Tiga qui l’incite à tenter l’aventure de la peinture. Ce n’est qu’en 1977 que Louisiane Saint-Fleurant envisage d’en faire son métier. Figure emblé­matique du mouvement Saint-Soleil, ses tableaux sont composés de femmes et d’enfants, principalement de fillettes endimanchées, en robes aux couleurs éclatantes.

Bernard SÉJOURNÉ – peintre

1947, Port-au-Prince (Haïti) – 1994, Port-au-Prince
Étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Port-au-Prince, The School of Arts and Crafts de Kingston en Ja­maïque, The Art Students League of New York et The American Art School de New York. Avec Jean-René Jérôme, Emilcar Similien dit Simil, il fonde le mouvement dit « École de la Beauté » dont l’esthétisme vise à honorer la grâce et l’élégance de la femme sous un prisme surréaliste.

Hervé TÉLÉMAQUE – peintre

1937, Port-au-Prince (Haïti)
Vit et travaille à Paris. Étudie à The Art Students League à New York. Simultanément nourri de l’expression­nisme abstrait et du surréalisme réinterprété par les artistes américains, notamment Arshile Gorky. Mais c’est dans les préceptes du Pop’Art qu’il trouve sa voie. À Paris, il fréquente les surréalistes et participe à l’aventure de la « Figuration narrative » de Peter Klasen, René Monory, Bernard Rancillac, Öyvind Fahlström, réunis en 1964 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris dans l’exposition « Mythologies quotidiennes ». Après une période consacrée au collage et à l’assemblage, il revient à la peinture et au dessin. À partir des années 1990, il réalise des dessins au fusain et d’étonnants bas-reliefs où la scie-sauteuse remplace le crayon.

Sacha THÉBAUD dit « Tebó » – peintre, sculpteur, designer

1934, Port-au-Prince (Haïti) – 2004, Santiago de los Caballeros (République dominicaine)
Émigre au Canada en 1945. Étudie l’architecture à l’université de Miami. Collabore avec des artistes amé­ricains comme Jasper Johns et Robert Rauschenberg. Poursuit ses études en France. Rencontre Le Cor­busier. Étudie le design urbain au Brésil. Rencontre Oscar Niemeyer. Crée l’agence d’architecture Kiko & Sacha Tebó en 1980 pour laquelle il développe du mobilier adapté au climat tropical. En 1987, il est invité par l’UNESCO à travailler sur le projet de restauration de Santiago de los Caballeros en République domini­caine. Son oeuvre picturale repose sur l’emploi des encaustiques (peinture à base de cire d’abeille fondue et de poudre d’oxyde métallique).

Luce TURNIER – peintre, dessinatrice

1924, Jacmel (Haïti) – 1994, Paris (France)
Expose ses premières toiles avec Maurice Borno au Centre d’Art de Port-au-Prince en 1946, puis au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1962. Boursière de 1951 à 1953 de la Fondation Rockefeller, de l’Ins­titut français puis du gouvernement haïtien, elle fait l’expérience de l’Art Students League de New York. Elle utilise tous les supports qui se présentent à elle : masques de carnaval, panneaux décoratifs, paille, jute, papier, tôle découpée, mannequins...

Patrick VILAIRE – sculpteur, céramiste et peintre

1941, Port-au-Prince (Haïti)
Étudie le dessin et la céramique en Haïti. Membre fondateur du Centre artistique et culturel Mitan avec Frido et Tiga. Crée en 1988 à Port-au-Prince la Fondation pour la Recherche iconographique et documentaire. Responsable technique du GRET-Haïti depuis 1994 (Groupe de recherche et d’échanges technologiques), il travaille à la création des structures d’approvisionnement en eau potable dans les quartiers défavorisés. Ses sculptures imposantes aux thèmes récurrents dont le pouvoir, la mort, l’enfermement, la mémoire… ont été présentées dans l’exposition « Les Magiciens de la terre » au Centre Georges-Pompidou, en 1989, et dans l’exposition monographique « Vaudou », qui lui a été consacrée à la Fondation Cartier, en 2011.

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