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17 novembre 1957. Ed Gein déterre des cadavres de vieilles femmes pour se déguiser avec leurs restes

lundi 17 novembre 2014

VIDÉO. Le petit homme se fabrique des costumes avec les têtes, vagins, tétons, lèvres et peaux prélevés dans un cimetière.
Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Quand, le 17 novembre 1957, le shérif Art Schley frappe à la porte de la maison d’Edward Gein, il est à mille lieues d’imaginer qu’il s’apprête à connaître le pire cauchemar de sa vie. Ce Gein est un vieux garçon de 51 ans, à l’allure efféminée, vivant seul dans la ferme de ses parents morts depuis quelques années. Il n’a jamais fait parler de lui. Ses voisins font souvent appel à lui pour garder leurs enfants en bas âge. Dans le cadre de son enquête, s’il rend visite à Gein, c’est qu’il est le dernier client d’une commerçante de Plainfield, dans le Wisconsin, récemment disparue.

La ferme est plongée dans le noir. Personne ne répond aux coups de poing de Schley sur la porte de la cuisine. Il ouvre la porte qui ne résiste pas. Bon Dieu, quel bazar ! Et puis l’odeur ! À faire tomber raide mort un putois. En avançant dans la pénombre, Art Schley heurte une masse sombre accrochée plafond. L’odeur de charogne vient de là. Il s’agit probablement d’un cerf suspendu par Ed pour l’écorcher plus facilement. Une pratique courante dans la région riche en gibier.

Crânes, nez, vulves, lèvres, mamelons et peau humaine...

Mais quand Art braque sa torche sur l’animal, il est saisi de terreur. Pas besoin d’avoir suivi un stage avec Dexter pour s’apercevoir que le supposé cerf est en réalité un corps humain ! Celui d’une femme nue, décapitée, éventrée et pendue par les pieds à une poutre. Le shérif vient de retrouver Bernice Worden, la commerçante disparue. Épouvantés, les flics reprennent la fouille de la maison. Pas une mince affaire car les pièces croulent sous les ordures. C’est un bordel innommable. Ils font des découvertes plus répugnantes les unes que les autres. Ils retrouvent la tête de Mme Worden dans un sac en toile de jute. Mais aussi quatre nez, neuf masques réalisés en peau humaine, plusieurs bols façonnés dans des crânes humains, dix têtes de femme auxquelles il manque la partie supérieure, plusieurs chaises recouvertes de peaux humaines, la tête d’une certaine Mary Hogan, disparue trois ans plus tôt, dans un sac en papier, une chemise en peau humaine dans les toilettes, neuf vulves dans une boîte à chaussures, un crâne sur une table de chevet, de multiples organes dans un réfrigérateur, une paire de lèvres accrochée à la ficelle de commande d’un store, une ceinture faite avec des mamelons féminins, un abat-jour taillé dans la peau d’un visage. Décidément, le propriétaire des lieux a suivi avec succès un stage d’artisanat chez Rougié & Plé...

Edward Gein est vite retrouvé. Il prétend ne rien comprendre. Ce refus de reconnaître l’évidence met le shérif en rage. Il saisit la tête du petit homme pour en frapper le mur en briques. Gein geint et se met enfin à table. Sauf que la confession qu’il s’apprête à faire ne pourra pas être prise en compte par la justice par la suite, car elle a été extorquée par la force. Le vieux célibataire raconte son histoire à faire dresser les cheveux sur la tête des bourreaux de l’État islamique en personne. Il explique comment durant cinq ans, entre 1947 et 1952, il a effectué une quarantaine de visites nocturnes aux trois cimetières du coin pour y faire ses emplettes de cadavres de femmes d’âge mur. Dès qu’il apprend, en lisant le canard local, qu’un enterrement est prévu, il se rend dans le cimetière concerné la nuit suivante pour vérifier s’il peut facilement déterrer le cercueil avec un complice à qui il fait croire qu’il se livre à des expériences. I

l raconte aux flics paniqués qu’il choisit exclusivement des mortes lui rappelant physiquement sa mère décédée en 1945, car, ce qu’il veut, c’est utiliser les cadavres pour se fabriquer une sorte de costume à l’image de celle-ci. Il a toujours rêvé d’être une femme, de ressembler à sa mère adorée. Il reconnaît ainsi avoir déterré de vieilles dames pour les inviter à prendre le thé chez lui avant de les écorcher... Le shérif ne manque pas de lui demander s’il n’aurait pas profité de ces occasions pour violer ses invitées. Le petit bonhomme est outré. "Elles sentaient trop mauvais." Au cours de son interrogatoire, il confirme avoir assassiné Bernice Worden, 58 ans, et encore la serveuse d’une auberge, Mary Hogan, en 1954.

Il adore les histoires de cannibales

Edward Theodore Gein naît en 1906 dans un petit patelin du Wisconsin. Il a un frère aîné nommé Henry. Son père est un beau spécimen d’alcoolique. Sa mère, Augusta, porte la culotte et ne cesse de dénoncer l’immoralité du monde. Continuellement et obsessivement, elle met en garde ses deux gosses contre deux périls : l’alcool et les femmes, qui sont toutes des putes. Augusta menace ses deux garçons de damnation éternelle chaque fois qu’ils parlent de fréquenter une fille. Quand Ed atteint l’âge de huit ans, sa mère décide de mettre ses enfants à l’abri des tentations en déménageant dans une ferme isolée. Ed est un petit garçon dont les rares amis moquent l’allure efféminée. Un quart de siècle s’écoule lentement. Ed et Henry sont majeurs depuis longtemps, mais n’osent échapper à l’emprise de leur mère. Le père est le premier à s’évader en mourant d’une attaque cardiaque. Pour gagner leur vie, les deux frères donnent des coups de main à droite et à gauche. Henry, l’aîné, supporte de plus en plus difficilement cette vie misérable. Il aimerait se marier, échapper à sa vieille folle de mère dont il ne cesse de dire le plus grand mal à son cadet. L’erreur à ne pas commettre, car celui-ci voue un amour total à Augusta. Un jour de 1944, Henry est retrouvé mort après le passage d’un feu de broussailles qu’il aidait à combattre. Curieusement, son corps ne présente aucun signe d’asphyxie, mais des traces de coups. Pourtant, les autorités concluent à une mort accidentelle. Ce n’est pas son frère qui l’aurait tué, quand même ? Et pourtant, il se pourrait bien que si.

Un an après l’incendie, un cancer vient à bout d’Augusta, qui laisse donc un fils éploré, paniqué à l’idée d’affronter seul un monde peuplé de prostituées et de pécheurs. Pauvre petit garçon de 39 ans. Son esprit déjà pas mal dérangé perd totalement pied. Il ne vit plus que dans la cuisine où il entasse des livres d’anatomie et des romans d’horreur. Il adore les histoires de cannibales. Une idée l’obsède : se travestir en femme. Des vêtements féminins ne lui suffisent pas. Il veut devenir une femme, ressembler à sa mère. Du coup, il décide de se tailler lui-même son costume de femme dans des cadavres. C’est alors qu’il commence à écumer les cimetières. Une fois ses invitées ramenées à la maison, il les écorche, découpe les parties intimes pour en faire des trophées hideux. Il enfile leurs peaux tannées. Il se fait des masques avec la peau de leur visage.

Schizophrène et psychopathe sexuel

Un beau jour, un môme qu’il a l’habitude de garder lui rend visite, aperçoit un crâne et s’en s’inquiète. Sans se démonter, Gein lui explique que c’est un souvenir de guerre rapporté par un cousin du Pacifique où il a combattu les Japonais. De retour chez lui, le jeune garçon parle de sa découverte, mais personne ne veut le croire. Lors de son interrogatoire, Gein explique que s’il a commencé à tuer, en 1954, Mary Hogan, puis Bernice Worden, qui ressemblaient toutes deux à sa mère, c’est qu’il ne pouvait plus compter sur son complice pour l’aider à déterrer des cercueils, car celui-ci avait quitté la région. Bref, pour continuer à s’approvisionner en matière première, il n’avait plus d’autre choix que de tuer.

Comme on s’en doute, Ed Gein est soumis à une batterie de tests psychologiques qui le diagnostiquent schizophrène et psychopathe sexuel. Échappant à un procès, il est directement expédié à l’hôpital psychiatrique de Waupun. Gein devient une célébrité. L’horreur fascine. Il fait la une de tous les journaux du pays. Les télés rappliquent dare-dare pour interviewer le moindre habitant de Plainfield. Des milliers de curieux investissent la ville quand les affaires de l’écorcheur sont mises aux enchères. La compagnie chargée de la vente veut faire payer un demi-dollar la visite de la ferme, mais devant la colère des locaux qui craignant de voir la maison devenir un musée des horreurs, elle y renonce. Le 20 mars 1968, la maison de Gein s’envole en fumée.

Après un séjour de dix ans à l’hôpital, Gein est estimé suffisamment guéri pour être jugé pour le meurtre de Bernice Worden. En novembre 1968, il est déclaré coupable, mais dément au moment des faits. Il est donc renvoyé dans l’établissement psychiatrique où il coulera des jours heureux. Il se fait des amis, mange comme quatre, lit, se plaît à parler avec ses psychologues, c’est un patient modèle. On n’a même pas besoin de lui donner de tranquillisants. Le 26 juillet 1984, il meurt d’un cancer à l’âge de 78 ans, il est enterré à côté de sa mère dans le cimetière de Plainfield, à proximité des tombes qu’il avait violées trente ans auparavant.

La démence d’Ed Gien a inspiré plusieurs films. Le plus célèbre étant Le silence des agneaux, dans lequel il inspire le personnage du serial killer nommé Buffalo Bill, qui écorche ses victimes.

REGARDEZ un documentaire consacré à Ed Gein

C’est également arrivé un 17 novembre

1997 - Attentat au temple de Louxor, 64 morts et 24 blessés.

1986 - Assassinat du P-DG de la régie Renault, Georges Besse, par Action directe.

1975 - Emile Ajar refuse le Goncourt. C’est le pseudo de Romain Gary déjà lauréat du prix.

1966 - Une pluie de plus de 46 000 météorites s’abat sur l’Arizona en 20 minutes.

1936 - En France, suicide de Roger Salengro, alors ministre de l’Intérieur, victime de calomnies.

1933 - Les États-Unis reconnaissent l’URSS.

1917 - Mort d’Auguste Rodin.

1869 - Inauguration du canal de Suez en présence de l’impératrice Eugénie.

1667 - Première représentation d’Andromaque de Jean Racine au château du Louvre.

1558 - À la mort de Marie Tudor, Élisabeth Ire accède au trône d’Angleterre.

1406 - Début de la construction de la plus vieille maison de Paris par Nicolas Flamel.


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