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Vladimir Poutine, escorté par des navires de guerre en Australie

samedi 15 novembre 2014

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Vladimir Poutine n’est pas venu seul au sommet du G20 qui devait s’ouvrir samedi 15 et dimanche 16 novembre à Brisbane, en Australie. Le chef de l’Etat russe a été précédé par l’arrivée de quatre bateaux russes, un croiseur lance-missiles Varyag, le destroyer Chapochnikov, un remorqueur et un navire de ravitaillement, repérés au large des côtes australiennes. Surveillée de près par l’armée australienne, cette « suite » maritime dépêchée par Moscou n’est pas exceptionnelle : posant le pied en Californie en 2010, Dmitri Medvedev, alors président de la Russie, avait ainsi bénéficié d’un convoi d’accompagnement similaire de la flotte russe du Pacifique. Mais le contexte, aujourd’hui, est tout autre.

La participation de Vladimir Poutine au G20 se déroule sur fond de très vives tensions entre Moscou et Canberra depuis le crash en juillet, au-dessus de l’Ukraine, du vol MH17 de la Malaysian Airlines. Attribuée en Occident à un tir de missile des insurgés du Donbass soutenus et équipés par la Russie – ce que dément vigoureusement Moscou –, la catastrophe avait fait 298 victimes dont 38 australiens. Et Tony Abbott, le premier ministre australien qui ne mâche pas ses mots, annonçait il y a peu encore son intention « d’interpeller » le chef de l’Etat russe à ce sujet. Depuis, les deux hommes se sont croisés sans incident à Pékin lors du sommet économique Asie-Pacifique (APEC), cette semaine, convenant même de concert qu’il serait bon « d’accélérer » l’enquête sur les circonstances de ce drame.

« Rouler des mécaniques »

Jeudi, depuis la Birmanie où il participait à une réunion des pays d’Asie du Sud-Est, Tony Abbott a minimisé la portée de la présence des bâtiments russes à proximité des eaux australiennes, non sans décocher au passage quelques piques à son hôte : « Il n’est pas inhabituel que les Russes déploient [des navires de guerre] dans le voisinage de grandes conférences et n’oublions pas que la Russie s’affirme sur le plan militaire depuis quelque temps, a-t-il commenté. Nous voyons malheureusement à quel point elle s’affirme en ce moment en Ukraine. » « Donc, ajoutait-il, ce n’est pas vraiment une surprise et de notre côté, nous faisons ce que nous avons à faire. »

Pour John Blaxland, expert en sécurité internationale à l’Université nationale australienne cité par l’AFP, Vladimir Poutine veut tout simplement « rouler des mécaniques » pour renforcer son image de « dur » : « Ceci est une démonstration de force, organisée pour le spectacle. »

Un point de vue que n’est pas loin de partager Alexandre Golts, expert des questions militaires à Moscou. « Varyag et Cie sont venus sans invitation (…) soutenir l’aura de puissance de Vladimir Poutine », écrit-il sur le Journal quotidien, un site d’information critique à l’égard du pouvoir russe : « Poutine prépare de cette manière son entretien avec le premier ministre australien (…) en renforçant ses arguments avec seize lance-roquettes installés sur Varyag, ironisait-il. C’est la réincarnation de la diplomatie de la canonnière du XIXe siècle ».

Moscou, qui ne cesse de démentir les incursions militaires qu’on lui prête sur le sol ukrainien, voire dans les eaux suédoises, où un mystérieux sous-marin a récemment déclenché une vaste traque sans succès, est resté cette fois muet sur ses bateaux à l’approche de l’Australie.

Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)


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