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Une année charnière pour les Haïtiano-Américains aux États-Unis

jeudi 13 novembre 2014

Le Nouvelliste |
2014 est une année charnière pour les Haïtiano-Américains. Ils sont six à être élus aux élections de mi-mandat aux États-Unis tenues le mardi 4 novembre dernier. Ces six Américains d’origine haïtienne ont remporté des sièges lors des élections de mi-mandat où les républicains ont repris le contrôle du Congrès pour la première fois depuis 2006 et conserve la majorité à la Chambre des représentants.

A North Miami, la seule municipalité américaine à majorité haïtiano-américaine a élu le Dr Smith Joseph. A Washington DC, le premier procureur public (Attorney General) de la capitale fédérale est Karl Anthony Racine. A New York, Rodneyse Bichotte est la première de sa communauté à être élue à la 42e Assemblée, Chambre basse de la législature de l’État de New York. Sans oublier Michaelle C. Solages et Kimberly Jean-Pierre élues respectivement à la 22e et 11e Assemblée à New York. Le cas le plus étonnant est celui de la jeune et dynamique Mia Love, première femme noire élue au Congrès américain sous la bannière du parti d’Abraham Lincoln.

Contrairement à leurs aînés de la diaspora qui pensaient revenir en Haïti faire de la politique, ces politiciens américains d’origine haïtienne font partie de ceux des communautés haïtiennes qui s’organisent de plus en plus en vue d’avoir un réel impact dans l’espace politique aux Etats-Unis. En dépit des nombreuses difficultés rencontrées, bon nombre d’Haïtiano-Américains bien éduqués, ayant de bons emplois et bien intégrés dans le système, se sont montrés très actifs et dynamiques dans la politique américaine.

Tout d’abord, Mia Love, ancienne maire de la ville de Saratonga Springs dans l’Utah, qui a remporté un siège occupé jusqu’alors par un démocrate, est devenu la première femme noire à entrer à la Chambre basse sous l’étiquette du parti républicain dans un État mormon et conservateur dont seulement 1% de la population est noire. Jusqu’alors, toutes les femmes noires élues au Congrès avaient appartenu au parti démocrate. « Ce soir, vous avez fait l’histoire, car nos opposants là-bas disaient que l’Utah n’aurait jamais élu un Noir. Non seulement nous l’avons fait, mais encore nous sommes les premiers à le faire », avait déclaré Mia Love à ses partisans après avoir remporté le quatrième House district de son État.

Née Ludmya Bourdeau à New York en 1975, de parents haïtiens-américains ayant immigré aux Etats-Unis au début des années 70, elle incarne le rêve américain « the American Dream ». Titulaire d’un diplôme des Beaux-Arts à l’Université de Hartford (Connecticut, est), elle a travaillé au Sento Corporation, à la Société Ecopass et comme hôtesse de l’air à Continental Airlines. Mariée avec Jason Love, Mia Love est mère de trois enfants.

Quant au Dr Smith Joseph, les électeurs de North Miami ont fait choix de lui afin de terminer le mandat de la mairesse Lucie Tondreau, suspendue pour fraude. Il a été déclaré vainqueur sur l’ancien maire Kevin Burns. Après sa victoire, le nouveau élu dit penser que les gens de North Miami voient en lui un homme intègre, un homme qui veut faire le bien pour North Miami.

Fière de ses racines américaines d’origine haïtienne

Rodneyse Bichotte, la première de sa communauté à être élue à la 42e Assemblée, Chambre basse de la législature de l’État de New York, dit qu’elle veut coûte que coûte améliorer la vie dans les quartiers de New York et la vie des résidents de Brooklyn College. Après son échec aux élections en 2012, son dévouement pour la lutte qu’elle mène pour la réforme sociale lui a permis de briguer ce poste. Née à Brooklyn, Rodneyse Bichotte est fière de ses racines américaines d’origine haïtienne. Son père était le saxophoniste du groupe musical haïtien "Jazz des Jeunes" ; sa mère est considérée comme une "matriarche" de la communauté haïtienne des Caraïbes. Ses deux parents ont travaillé comme ouvriers du textile dans les années 70. De ses humbles origines, Rodneyse apprit l’importance du travail acharné au profit de la communauté haïtienne.

Ayant obtenu son diplôme de premier cycle en mathématiques et en génie électrique, elle a décroché une maîtrise en sciences, option génie électrique, à Illinois Institute of Technology et obtenu son MBA en finances et marketing au Kellogg School of Management de la Northwestern University. Sa carrière professionnelle l’emmena à Chicago, au Japon et en Chine. De retour aux Etats-Unis, elle travaille à Wall Street comme banquier, dans la section Financement et Investissement.

Parallèlement, Karl Anthony Racine a été élu le premier procureur public de la capitale fédérale américaine, un poste à la fois important et exigeant.

Ayant quitté Haïti au début des années 60 avec ses parents pour s’établir à Washington, D.C. où il fit ses études primaires et secondaires, avec beaucoup de ténacité et d’efficacité, il entreprit des études de licence à l’Université de Pennsylvanie avant d’obtenir son doctorat en droit à la faculté de droit de l’Université de Virginie. Profitant de toutes les opportunités compétitives propres au système éducatif américain, Karl A. Racine a excellé aussi bien dans les salles de cours, sur le campus que sur les terrains de sport.

Déterminé et plein d’idéaux, Karl A. Racine est le premier Afro-Américain à diriger l’un des 100 plus grands cabinets d’avocats de Washington DC, la firme Venable. Réputé pour son goût de l’excellence et son éclectisme, le « National Law Journal » le classe parmi les avocats noirs les plus influents des Etats-Unis.

D’un autre côté, l’Haïtiano-Américaine Michaelle Solages candidate démocrate pour le siège Assembly State de l’Etat de New-York pour le 22e district d’Elmont a remporté pour la première fois les élections locales du 6 novembre. Elle s’est dit heureuse d’avoir reçu le support de sa communauté. Michaelle Solages confie qu’elle va se battre pour augmenter les aides d’État pour les écoles locales et veiller à ce que davantage d’enfants de Nassau County aient accès à l’enseignement supérieur.

En clair, les Haïtiano-Américains partagent la conviction qu’il est plus important de poser des actions que de faire des promesses interminables. Si pour certains cela n’a rien à voir avec Haïti, pour d’autres ces élections de mi-mandat expliquent tout simplement que les Américains ne sont pas satisfaits de la gestion de Barack Obama. Pour l’instant, Le Nouvelliste est en quête d’informations au sujet de l’Haïtiano-Américaine Kimberly Jean-Pierre élue pour le 11e Assembly State de l’Etat de New-York.

AUTEUR

Amos Cincir

mcincir@lenouvelliste.com


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