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Les chèques des Zombis publics numéro un

jeudi 13 novembre 2014

Le Nouvelliste /
Les députés sont fâchés. Depuis une semaine, ils expriment leur grogne. On ne savait pas trop pourquoi. On avait trop vite cherché des causes politiques aux petites phrases. La vérité commence à émerger.

Ils sont gênés aux encornures, nos honorables parlementaires. Une simple circulaire du ministère de l’Economie et des Finances est en train de gâcher leurs paisibles vacances après des mois de travail plus souvent ponctués de longues pauses que d’heures de labeur.
Cette circulaire anodine interdit le double endossement des chèques émis par l’Etat haïtien. Sauf dans le cas des pensionnaires de l’Etat qui peuvent être vieux ou malades. Dans tous les autres cas, tout chèque doit être négocié au guichet d’une banque par son propriétaire et lui seul.
Cette circulaire est une bombe. Une catastrophe. Un empêchement de faire simplement ce que l’on a à faire.
Au Parlement, dans les deux chambres, il y a des milliers de chèques qui circulent tous les mois et ce n’était pas toujours celui au bénéfice duquel le chèque était émis qui était le propriétaire des espèces sonnantes et trébuchantes.
Les parlementaires, il faut le dire, ont mille et une raisons de faire faire des chèques. Au fil des années, le budget de la maison du peuple, dans l’une et l’autre chambre, a pris du coffre. Il est épais, gras et gros le budget de nos élus du Bicentenaire.
Alors, pour départager toutes ces allocations, pour payer les loyers, les agents de sécurité, les chauffeurs, les aides, les consultants, les subventions, la location de voitures, les études, les petites caisses, les fonds de roulement, les primes, les faux frais, les per diem, les tickets d’avion, les frais de restauration, les séminaires, les etc. et ra, il faut faire des chèques.
Il arrivait que, des fois, pour faire vite et simple, un honorable ou un autre encaisse ce qui devait, sur le papier, aller à quelqu’un d’autre. Alors, la circulaire du ministère de l’Economie et des Finances fait du mal.
Cette circulaire est un outrage. Un sèche-gorge. Un crime de lèse-finance pour des élus qui, en fin de législature, espèrent aller en campagne avec des moyens pour revenir se reposer sur le budget obèse du Parlement.
Nos honorables peuvent se consoler. Ils ne sont pas les seuls à maudire la circulaire. Dans toute l’administration publique, il y a des chèques devenus subitement orphelins. Intouchables. Inchangeables.
Ce n’est pas la première fois que le ministère de l’Economie et des Finances tente de récupérer les chèques zombis.
A chaque fois, après quelques semaines de chasse, il se lasse et les zombis se reprélassent dans le sang des maigres ressources publiques.

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


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