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L’obligation de rester dans un pays ne se décrète pas

mardi 11 novembre 2014

Le désir de plus en plus d’Haïtiens de quitter le pays à tout prix est un vrai problème de société. Devant les ambassades les files de demandeurs de visa sont visibles. Dans les nouvelles, les annonces de naufrages se suivent. Aujourd’hui comme hier, n ap jete nou.

Lundi, c’est le cas de soixante-dix Haïtiens sans papiers, secourus, dimanche, sur l’île de la Mona, un îlot portoricain inhabité, situé entre la République dominicaine et Haïti, où ils ont été abandonnés, que l’agence de presse HPN rapporte.

La police de Porto Rico a expliqué que nos compatriotes revenaient en bateau de la République dominicaine. Ils ont été conduits vers le port de Mayagüez, où ils ont été livrés aux autorités de l’immigration.

Les nouvelles en provenance des Bahamas continuent de parler de mauvais traitements subis par des ressortissants haïtiens pourchassés sur l’archipel. Regroupés, mis en prison, ils attendent d’être rapatriés en Haiti.

Si la République dominicaine tente de se délier des obligations qu’elle a envers la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) c’est pour avoir les mains libres dans le traitement qu’elle veut infliger aux Haïtiens et aux Dominicains d’origine haïtienne présents sur son sol.

Comme pour rappeler que beaucoup d’Haïtiens établis hors d’Haïti sont des illégaux, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique a sorti ce lundi un communiqué dans lequel il « croit impérieux de rappeler à la population en général et à tous les organisateurs de voyages clandestins et à leurs complices en particulier, les dispositions des articles 1er, 3 et suivants du décret du 17 novembre 1980, punissant les faits d’émigration illégale. »

Selon l’article 3 dudit décret : Tout organisateur de voyage irrégulier à destination de l’étranger, toute tentative de faire voyager une personne à partir du territoire national vers l’étranger sans l’accomplissement des formalités légales seront punis d’une peine de six (6) mois à trois ans à prononcer par le tribunal correctionnel compétent. En cas de récidive, le coupable sera condamné au maximum de la peine et à une amende de 10 000 à 50 000 gourdes.

Selon le communiqué, des instructions formelles ont été passées aux forces de l’ordre, aux agents douaniers et aux agents d’immigration pour la stricte application de ces dispositions. Les Commissaires du Gouvernement, les Délégués, les Vice-Délégués et les autorités locales, en général, prêteront main forte pour que le présent communiqué soit scrupuleusement respecté.

Jean Renel Sanon, ministre de la Justice et de la Sécurité publique, avec ce rappel, tente-t-il de freiner les voyages clandestins ou va-t-il faciliter la tâche aux pays amis qui veulent renvoyer en Haïti tous nos compatriotes qu’ils jugent en situation illégale chez eux ?

Partir ou rester dans un pays est la résultante de conditions de vie réelles. Comme dans les années de la dictature de Jean-Claude Duvalier, il est à craindre que l’interdiction d’entreprendre un voyage vers l’étranger dans de mauvaises conditions reste lettre morte.
Au lieu de mourir avant la lettre. On part. Aujourd’hui comme hier. L’obligation de rester dans un pays ne se décrète pas quand partir devient la seule option.

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


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