MosaikHub Magazine
Consultations politiques

« Lueur d’espoir pour une sortie de crise... »

samedi 8 novembre 2014

Ce n’est pas que les élections législatives et locales vont avoir lieu cette année. Non. Ce n’est non plus une grande réconciliation nationale entre Michel Martelly et les sénateurs de l’opposition. Encore non. Cependant, les deux parties semblent vouloir reprendre le chemin du dialogue pour éviter « un saut vers l’inconnu » le 12 janvier 2015, selon des membres de la société civile qui ont rencontré cette semaine, au palais national et au Parlement, les deux protagonistes.

Au palais national vendredi, Mgr Guire Poulard, le pasteur Sylvain Exantus, Marie Yolène Gilles, Rosny Desroches, Edouard Paultre sont entre autres personnalités influentes de la société civile à s’être entretenues avec le président de la République sur la crise politique. « Nous aimons tous le pays, le président comme nous autres citoyens. Nous voulons que les choses se passent sans casse et réconcilier la nation avec elle-même », a fait savoir l’archevêque de Port-au-Prince à l’issue de la rencontre avec le président Martelly qui a duré plus de quatre heures.

« La rencontre s’est bien déroulée », a souligné Mgr Guire Poulard. Il s’agissait, selon lui, de trouver des propositions pour arriver à une solution à la crise politique que connait le pays. Le prélat invite le Parlement et l’exécutif au dialogue afin de trouver une sortie à l’impasse électorale.

Le chef de l’Etat, qui n’a pas voulu intervenir sur le fond des discussions, s’est contenté de dire aux journalistes qu’il se réjouit de cette série de consultations qui lui permettra d’avancer vers la résolution de la crise.

Pour sa part, le professeur Rosny Desroches croit qu’il y a une possibilité d’un retour sur la table de dialogue entre le président Martelly et les sénateurs, pas seulement le groupe des six sénateurs de l’opposition, mais l’ensemble du Sénat pour trouver une solution à la crise préélectorale, a-t-il dit. « Nous avons recommandé au président de trouver une solution avant le 12 janvier 2015. Nous tenons à ce que tous les pouvoirs continuent à remplir leur rôle selon le vœu de la Constitution », a exhorté M. Desroches.

Le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC), qui a rencontré cette semaine 12 membres du grand corps, a fait savoir qu’une majorité des sénateurs travaille sur un agenda de dialogue qui sera soumis à l’attention du chef de l’Etat. Selon Rosny Desroches, Michel Martelly ne rejette pas l’idée d’un dialogue avec le Sénat. « Il y a un dynamisme qui se développe au niveau du Sénat », a-t-il dit.

Soulignons que le vote des amendements à la loi électorale est bloqué au Sénat depuis plusieurs mois.

Interrogé sur le fait que le chef de l’Etat a indiqué à maintes reprises qu’il attend le 12 janvier 2015 pour trouver la bonne formule pouvant lui permettre d’organiser les élections sans le Parlement alors qu’il continue de rencontrer des acteurs sur la crise préélectorale, Rosny Desroches a fait savoir que si Michel Martelly avait déjà la solution du problème, il n’aurait pas fait toutes ces consultations.

« La vraie solution sera trouvée dans un dialogue entre, particulièrement, les pouvoirs exécutif et législatif », a-t-il dit. Après avoir entendu les deux parties, M. Desroches se dit confiant dans une sortie de crise avant le 12 janvier 2015. « Il y a une évolution de la situation », a-t-il ajouté, soulignant que ceux qui avaient une position radicale commencent à avoir une attitude beaucoup plus modérée.

Le président de la Fédération protestante d’Haïti, le pasteur Sylvain Exantus, a indiqué que les leaders de la société civile veulent porter les autorités à prendre conscience de l’urgence de la situation. « Sans une entente, personne ne peut contrôler ce qui s’annonce après le 12 janvier 2015, a-t-il prédit. Comme des dirigeants avisés, on a voulu dessiller les yeux de tout le monde pour qu’il puisse comprendre et éviter un naufrage du pays. Nous avons encouragé la présidence à poursuivre le dialogue avec le Parlement et les partis politiques », a-t-il rapporté de la rencontre de vendredi avec le chef de l’Etat.

Le leader du secteur protestant dit voir du côté de l’exécutif « une bonne disposition » à rencontrer les six partis politiques de l’opposition. « C’était une belle rencontre, nous sommes en droit de croire à un dénouement de la crise, parce que la bonne volonté existe des deux côtés (palais national vs Parlement) », a-t-il dit, plaidant pour une solution consensuelle avant le 12 janvier 2015.

Les leaders des organisations de la société civile se disent inquiets et veulent à tout prix éviter le chaos qui s’annonce au 12 janvier 2015 qui marquera la 5e commémoration du tremblement de terre et 100 ans de la première occupation américaine. Michel Martelly va poursuivre la série de consultations politiques. Le 18 novembre prochain, il mettra un terme à ces rencontres et se prononcera sur l’ensemble des propositions qui lui avaient été faites.

Le mercredi 12 novembre prochain, il tentera à nouveau de rencontrer les six partis politiques de l’opposition dite radicale qui ont déjà boudé plusieurs de ses invitations. Pour rencontrer le chef de l’Etat, les organisations de l’opposition avaient exigé comme préalable des rencontres préparatoires avant d’entamer les « négociations » avec Michel Martelly. Ces rencontres préparatoires ne sont inscrites nulle part dans l’invitation envoyée aux partis de l’opposition. Bouderont-ils à nouveau cette invitation ?

« Oui, il y a des prisonniers politiques Monsieur le président ». Bien que le chef de l’Etat ait toujours soutenu qu’il n’existe pas dans le pays des prisonniers politiques, des responsables d’organismes de défense des droits humains présents à cette rencontre au palais national en ont quand même profité pour souligner le contraire à Michel Martelly.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie