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Après la République dominicaine, les Bahamas montrent la porte aux Haïtiens

mercredi 5 novembre 2014

Les autorités bahamiennes ont durci le ton face à l’augmentation du nombre de ressortissants haïtiens sur leur territoire. Mettant en application de nouvelles mesures, les Bahamiens ont lancé samedi une chasse aux illégaux. Les Haïtiens, dont des enfants, sont appréhendés devant les caméras de télé. Les autorités haïtiennes déclarent suivre la situation.

Les images diffusées par la télé bahamienne samedi soir ont choqué. C’est le premier jour de la mise en application des nouvelles mesures migratoires prises par les autorités de l’archipel. Des enfants sont arrêtés avec leurs parents et placés dans des maisons de détention en attendant leur déportation vers Haïti. Ces images disponibles sur la Toile laissent voir des agents de la police bahamienne pénétrant dans les maisons, saisissant des enfants et leurs parents. Dans des bidonvilles, on a même détruit les maisons où résidaient ces personnes chassées du territoire bahamien.

En effet, selon les nouvelles dispositions mises en application par le département de l’Immigration, les personnes vivant sur le territoire sans documents de résidence seront rappatriés. Pour travailler aux Bahamas, le ressortissant étranger doit rester dans son pays, en attendant que son employeur donne la garantie à l’Etat qu’il sera pris en charge dans l’archipel. Faute de cette autorisation, aucun étranger n’est désormais habilité à travailler dans cette ancienne colonie britannique. Les enfants nés de parents illégaux seront rapatriés aussi avec leurs parents, selon les nouvelles dispositions.

Jetta Baptiste, une Haïtiano-Bahamienne travaillant dans la défense des droits des ressortissants haïtiens, dépeint une triste réalité. Des personnes, dont certaines sont nées sur le territoire bahamien, sont jetées en prison dans des conditions infrahumaines. « On ne peut jeter en prison des enfants dans les mêmes cellules avec les adultes, c’est une violation des conventions internationales », a confié madame Baptiste au journal.

Dans un créole teinté d’anglais, madame Jean Baptiste appelle les autorités haïtiennes à l’aide. Nous avons beaucoup trop subi ici. « Le moment est venu pour les autorités bahamiennes de reconnaître les Haïtiens nés ici, des gens qui demandent depuis toujours à être reconnus », a martelé Jetta Baptiste dans une voix remplie de frustration et de colère.

Selon des témoignages venus de l’archipel, on sentait venir cette situation. Les Haïtiens ne cessent d’arriver sur les îles bahamiennes illégalement. Il ne passe pas une semaine sans qu’une embarcation bourrée de voyageurs haïtiens ne débarque sur les côtes bahamiennes, nous dit un membre de la communauté haïtienne qui a voulu gardé l’anonymat. La présence des Haïtiens, en quête de boulot pour la plupart, commençait à faire problème dans ce pays confronté aussi à une crise économique.

L’actuel gouvernement des Bahamas faisait de la réglementation des migrants étrangers sur l’archipel une promesse de campagne. En appliquant cette nouvelle mesure, l’Etat bahamien est en train de mettre en application sa politique gouvernementale. Pas moins de 64 793 personnes, soit 18 pour cent de la population bahamienne, sont des immigrants. Entre 20 et 50 000 Haïtiens vivent sur le territoire bahamien selon les chiffres rendus publics par l’Organisation internationale de la migration (OIM).

En Haïti, le gouvernement dit suivre la situation. « Le gouvernement de la République suit avec beaucoup d’attention le développement d’une situation qui concerne particulièrement les ressortissants haïtiens résultant de l’application de certaines mesures de politique migratoire adoptées par le gouvernement des Bahamas », lit-on dans un communiqué conjoint du ministère des Affaires étrangères et du ministère des Haïtiens vivant à l’étranger.

« A l’issue d’une séance de travail tenue ce lundi 3 novembre 2014 à la chancellerie entre les représentants des deux ministères, une cellule de travail (Task Force), à composition non limitée, a été créée à l’effet de mieux apprécier la situation et de permettre au gouvernement d’y réagir adéquatement », poursuit le communiqué daté du 3 novembre.

Après la décision de la République dominicaine de pousser le dos des milliers de ses citoyens d’origine haïtienne, l’attitude des autorités bahamiennes s’apparente à une levée de boucliers contre la migration des Haïtiens dans la zone. La situation n’est pas encore si grave, affirme toutefois la protectrice du citoyen, Florence Elie. « Comme d’habitude, les autorités bahamiennes rapatrient les illégaux haïtiens et le nombre des personnes déportées n’a pas considérablement augmenté », a confié Madame Elie au Nouvelliste.

Louis-Joseph Olivier
ljolivier@lenouvelliste.com

Voir en ligne : Le Nouvelliste

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