MosaikHub Magazine

World Trade Center, l’impossible résurrection ?

samedi 1er novembre 2014

le magazine du Monde
Par Louise Couvelaire

Ce matin-là, Jim Riches a vu son fils mourir. De loin. D’en bas. Il était 10 h 28, le 11 septembre 2001. Il venait tout juste d’arriver dans la pointe sud de Manhattan lorsque la seconde tour du World Trade Center (WTC) s’est effondrée.

Jimmy, 29 ans, pompier depuis un an, était à l’intérieur. Six mois plus tard, c’est son père qui l’a sorti des décombres. Pendant les neuf mois qui ont suivi les attentats, Jim Riches, pompier lui aussi, a dirigé l’une des quatre unités chargées de rechercher les restes humains parmi les 1,8 million de tonnes de débris. En mars 2002, un de ses amis a retrouvé une partie du corps de Jimmy. Identifié grâce à son matricule. Pendant les années qui ont suivi, Jim Riches a continué de recevoir des appels : « On a retrouvé un autre bout de ton fils. » Un os du tibia, un autre du bras... Il est allé les chercher, un à un, les a conservés, puis enterrés dans un cimetière du Queens. « On peut aller se recueillir sur sa tombe, se réconforte-t-il. D’autres familles n’ont pas cette chance. » Restes trop petits, trop altérés, impossibles à analyser... 40 % des victimes n’ont pu être identifiées. « Soit près de 1 100 familles sur plus de 2 750 personnes qui ont péri ce jour-là, se désole Jim Riches. Elles n’ont rien reçu et n’ont nulle part où aller leur rendre hommage. » Si ce n’est au musée. Aujourd’hui, 7 930 minuscules particules de victimes reposent au 9/11 Memorial Museum, perdues au milieu des 10 000 m2 de l’édifice souterrain, inauguré par Barack Obama en mai 2014. Elles sont rassemblées là, enfouies à 70 pieds sous terre, soit environ 21 mètres, cachées derrière un immense mur sur lequel est inscrite cette citation de L’Enéide du poète latin Virgile : « Rien ne vous effacera de la mémoire du temps ». Le mur est recouvert de centaines de carrés bleus, « en souvenir de la couleur du ciel ce matin-là de septembre » - du nom de cette installation artistique signée Spencer Finch. La mise en scène est tarifée : 24 $ l’entrée du musée (soit près de 19 €). Autant, à un dollar près, que le MoMA, le Musée d’art moderne. « Même si c’est gratuit pour les familles de victimes, pour les autres, les amis notamment, c’est payant, s’indigne Jim Riches. Un cimetière n’a rien à faire dans un musée ! » Il n’y a pas mis les pieds. Et n’ira jamais.

« On était d’accord pour que ce qu’il reste des victimes soit rapatrié sur le site de Ground Zero, mais pas comme ça. Pas à plusieurs mètres sous terre, derrière un mur, avec une entrée hors de prix... C’est indigne ! » Jim Riches

Sa femme, Rita, est assise sur les marches du petit escalier qui mène à la modeste maison familiale de brique rouge du quartier de Bath Beach, à Brooklyn. Immobile, les genoux serrés, un café à la main, elle ne dit pas un mot. « Dès qu’elle entend parler de cette histoire, elle se met à hurler de colère, confie son mari. Non seulement elle a perdu son bébé ce jour-là, mais ce qui a suivi l’écoeure. » A 63 ans, Jim Riches est un grand gaillard à la carrure robuste qui parle d’une voix ferme, mais toujours calme. A cause des fumées toxiques qu’il a respirées en travaillant sur le site pendant les mois qui ont suivi les attentats, il a perdu 40 % de sa capacité pulmonaire. Cela ne l’empêche pas de se battre. Avec une quinzaine de familles de victimes, il a poursuivi la Ville en justice pour l’empêcher de faire des restes humains non identifiés une attraction touristique. En vain. Aucune loi ne dit à qui ils appartiennent. La municipalité a fait la sourde oreille, ignorant les protestations d’une « minorité ». Norman Siegel, l’avocat des familles, a envoyé un questionnaire aux proches des victimes dont il a pu avoir les coordonnées. Trois cent cinquante ont répondu. Plus de 94 % d’entre eux ont manifesté leur désaccord. « Mais cela n’a fait aucune différence, souffle l’avocat. L’Amérique devrait pourtant être capable de dépasser les intérêts mercantiles, surtout lorsqu’il s’agit des attentats du World Trade Center. » « On était d’accord pour que ce qu’il reste des victimes soit rapatrié sur le site de Ground Zero, mais pas comme ça, s’insurge Jim Riches. Pas à plusieurs mètres sous terre, derrière un mur, avec une entrée hors de prix... C’est indigne ! » Il aurait voulu un lieu respectueux et sobre, devant lequel les familles et les amis auraient pu déposer des fleurs et se recueillir en paix, comme sur la tombe du soldat inconnu. Pas un parc d’attractions aux allures de Disney World.

UNE BATAILLE DE TREIZE ANS

Entre volonté de cultiver le souvenir et désir de faire peau neuve, New York oscille. Cela fait treize ans que le site du World Trade Center fait l’objet d’une bataille homérique. Treize ans que promoteurs immobiliers, architectes, associations de riverains, familles de victimes, et politiques se disputent l’avenir de cette parcelle de terre d’environ 6,5 hectares en bordure de la rivière Hudson sur laquelle avait été bâti dans les années 1970 un ensemble composé de sept bâtiments dont les tours jumelles, une place, un hôtel et une galerie commerciale souterraine. Une épopée tragique qui raconte l’histoire d’une Amérique meurtrie mais résiliente, déterminée à se relever, plus forte et plus grande. L’histoire, aussi, d’une ville qui s’est levée comme un seul homme pour affronter l’horreur avant d’être rattrapée par sa nature. Dans le documentaire 16 Acres de Richard Hankin, consacré à la reconstruction du site, le journaliste Scott Raab raconte : « La réaction de New York après le 11-Septembre a été exemplaire. Tous ces gens qui n’avaient rien en commun, à part la géographie, ont soudainement réalisé qu’il avaient tout en commun, qu’ils étaient une famille. Ça a été un sentiment formidable à l’époque, mais ça n’allait pas durer. Ça n’aurait jamais pu durer, pas ici. » Complexité des montages et des partenariats financiers, enjeux politiques et économiques... Chacun a voulu faire de la reconstruction du WTC son oeuvre, retardant sans cesse sa renaissance. Dans le même documentaire, Philip Nobel, critique d’architecture et auteur, en 2005, d’un livre retraçant les luttes féroces autour de l’avenir de Ground Zero, commente : « Il est particulièrement sain que la Ville ait répondu aux attentats du 11 septembre 2001 de façon typiquement new-yorkaise : en se tapant dessus, en faisant preuve de démagogie et à coups de manipulations politiques. On peut se dire soit que c’est affreux, soit que c’est merveilleux que New York panse sa plaie avec encore plus de New York. » Péniblement, un projet définitif a fini par voir le jour. Et peu à peu, le nouveau World Trade Center se dessine : un ensemble composé de six tours, nommées de Une à Sept, formant un arrondi autour du parc du Mémorial - qui correspond à l’emplacement numéro 6 -, par lequel on accède au musée souterrain et au futur centre culturel.

Voir aussi : la construction du premier World Trade Center en vidéo (en deux parties et en anglais)

Aujourd’hui, les camions et les grues sont toujours là. Des grillages continuent à barrer en partie l’accès au site, des panneaux promettent des commerces et des cafés pour bientôt. Les forces de l’ordre quadrillent le périmètre, des petites cabines de police éphémères sont installées un peu partout. Il y a même des militaires de la garde nationale, en treillis de camouflage et pistolet sanglé à la cuisse, qui patrouillent sans relâche dans les rues. Sans compter les voiturettes de la société de sécurité privée estampillées « Downtown security ». Un arsenal sécuritaire destiné à « dissuader les personnes qui seraient tentées de faire quoi que ce soit de répréhensible et à rassurer les gens », explique l’agent Arauz, stationné au coin de Vesey Street et West Street. Car la Tour One World Trade Center - un temps appelée Freedom Tower (Tour Liberté) - est enfin là, debout. Grâce à son antenne de plus de 124 mètres, elle culmine à 1 776 pieds (soit 541 mètres), clin d’oeil à la date de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. C’est le plus haut gratte-ciel des Etats-Unis. Près de quatre milliards de dollars ont été nécessaires à l’érection de cette véritable forteresse de béton, capable d’absorber tous les chocs, camions piégés comme avions bourrés de kérosène, et d’être évacuée en quelques minutes grâce à de très larges escaliers. Elle accueille cette semaine ses nouveaux locataires : l’empire médiatique Condé Nast, qui a signé un bail il y a plus de trois ans pour 110 000 m2 environ, soit 25 étages sur 104. Ses 2 300 employés sont les premiers à y poser leurs cartons. La première vague s’est installée le 31 octobre. « One WTC fait partie des projets immobiliers les plus emblématiques du pays, ce qui en fait une adresse idéale pour Condé Nast, explique Patricia Röckenwagner, vice-présidente en charge de la communication du groupe. Nous avons été l’une des entreprises pionnières de la revitalisation de Times Square et nous sommes fiers aujourd’hui de participer à la revitalisation d’un autre quartier de la ville, qui a longtemps été vital pour New York. »

CONVAINCRE LES ENTREPRISES DE REVENIR

Mais peu d’entreprises lui ont emboîté le pas. Malgré les multiples abattements fiscaux dont ils peuvent bénéficier, les candidats sont peu nombreux. D’autant plus que les mesures de sécurité n’ont pas empêché, en mars dernier, un adolescent de grimper en pleine nuit jusqu’au 104e étage, avant de monter sur une échelle pour atteindre l’antenne, déjouant ainsi sans beaucoup de difficultés un système de protection censé être inviolable. Quelques mois plus tôt, quatre parachutistes amateurs étaient déjà parvenus à s’élancer du haut du gratte-ciel, filmant leurs exploits avant de les poster sur Internet (et de se rendre à la police). « C’est ça, la supersécurité du World Trade Center ?, s’agace Jim Riches. La vérité, c’est que le WTC a déjà été une cible à deux reprises [le 26 février 1993, une voiture piégée explosa sous une des tours jumelles provoquant la mort de six personnes, ndlr] et il le restera, quoi qu’ils fassent. » En mai dernier, le prix des loyers au mètre carré des 63 premiers étages a été baissé de 10 %, pour atteindre 69 $. « La chose la plus difficile a été d’aider les entreprises à visualiser l’avenir du quartier, de leur faire voir qu’il allait reprendre vie et devenir ’’the new place to be’’ », explique Tara Stacom, de l’agence immobilière Cushman & Wakefield, en charge de la location de la One WTC. Aujourd’hui, 40 % du gratte-ciel n’ont pas encore trouvé preneurs. « Vu la surface à louer [un peu plus de 240 000 m2], c’est déjà un succès », rassure Tara Stacom.

« Les politiques n’y croyaient pas. Ils pensaient que Larry était fou, que personne ne voudrait s’installer [au nouveau WTC], que ce serait un fiasco, alors ils ne voulaient pas être pris en photo devant un échec annoncé. » Dara McQuillan

« Ce n’est pas facile de convaincre les entreprises de venir s’installer au World Trade Center », admet Dara McQuillan, porte-parole de Silverstein Properties. Il sait de quoi il parle. Deux mois avant les attentats du WTC, le promoteur milliardaire Larry A. Silverstein, 83 ans, avait réalisé le rêve de sa vie : louer les tours jumelles. Il signe pour 3,5 milliards de dollars un bail de 99 ans avec Port Authority, l’organisme public chargé des transports urbains de la Ville et propriétaire du site. Une opération sans danger, pensait-il, les tours se louaient toutes seules à l’époque. Il comptait alors prendre sa retraite, ignorant qu’il allait mener le combat le plus acharné de sa vie. Au lendemain du 11-Septembre, il ne pense qu’à une seule chose : reconstruire. Au plus vite. Il veut des buildings sûrs, écolo et, surtout, ouverts sur la ville, contrairement à l’ancien WTC, replié sur lui-même. Sa prise de position, qu’il ne manque pas d’exprimer tout haut, choque, mais il n’en démord pas. Après des années de bras de fer avec les assureurs, il finit par toucher 4,5 milliards de dollars de dédommagement. Une somme importante mais insuffisante pour financer ce chantier titanesque, évalué à 20 milliards de dollars. Qu’importe. Dès 2006, il inaugure la première des nouvelles tours, la 7. Coût : 700 millions de dollars. A l’époque, pas un seul politique ne s’est déplacé pour couper le ruban. « Ils n’y croyaient pas, se souvient Dara McQuillan. Ils pensaient que Larry était fou, que personne ne voudrait s’y installer, que ce serait un fiasco, alors ils ne voulaient pas être pris en photo devant un échec annoncé. » Aujourd’hui, les étages affichent complet. Sept ans plus tard, en novembre 2013, Larry A. Silverstein livre la Tour 4. La facture ? Deux milliards de dollars. Cette fois-ci, une ribambelle d’élus se tient à ses côtés. Occupée à 60 %, elle abrite des organismes publics (Autorité portuaire et département des ressources humaines de la Ville), une entreprise de high-tech ainsi qu’une agence de notation. En septembre dernier, elle a servi de décor au défilé de mode Hugo Boss femme. De la même façon, la Tour 7 a accueilli les mannequins de Dior et de Calvin Klein. Rien de plus glamour que les paillettes pour attirer les prétendants. Mais les tours 2 et 3 sont toujours en chantier, et la 5 n’a pas démarré. La construction de la 2 a été suspendue, faute de fonds et de locataires. Quant à la 3, les travaux devraient aboutir en 2018. Logé entre les deux, le nouveau « hub » de transports et sa gigantesque voûte ne cessent de prendre du retard. Propriété, comme le reste du site, de Port Authority, il est situé au croisement de onze lignes de métro et du Path (le train qui relie Manhattan au New Jersey). Son budget a doublé par rapport aux prévisions initiales, pour atteindre 4 milliards de dollars, soit la station de métro la plus chère au monde. Il faut dire que l’architecte espagnol Santiago Calatrava a vu les choses en grand : la station va être entièrement constituée de marbre blanc, du sol au plafond.

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SOUVENIR DE « GROUND ZERO »

Sur le parvis de ce que nombre de New-Yorkais continuent d’appeler « Ground Zero », des hordes de touristes en baskets et caméra vidéo au poing déambulent autour des deux « fontaines » - deux immenses puits de dix mètres de profondeur - situées à l’endroit exact où s’érigeaient les anciennes tours jumelles. Chacune est encerclée d’un muret sur lequel les noms des disparus sont gravés. « Ce sont les familles qui ont insisté pour que soient inscrits leurs noms ici, en surface, et non pas sous les fontaines, souligne Jim Riches. Sans nous, cela ne serait qu’une place avec de l’eau et des arbres. » Les badauds se penchent toujours un peu plus, comme pour mieux voir le trou sans fond dans lequel l’eau s’engouffre, métaphore d’une Amérique qui, ce jour-là, est tombée plus bas que terre. Deux plaies béantes comme deux tombeaux à ciel ouvert. « C’est assez angoissant et pas forcément très subtil, mais c’est ce qui s’est passé ! », estime Joann Slinn, venue ce samedi matin-là en pèlerinage avec sa fille, Michelle, 23 ans. A quelques mètres de là se trouve l’entrée du musée. On y fait la queue en sirotant son café et en blaguant comme on attendrait son tour pour Space Moutain.

« Une petite photo aurait suffi. Il faut être accompagné d’un psychiatre pour supporter cette visite. Je sais qu’ils voulaient bien faire, mais ils vont trop loin, ce n’était pas utile d’en faire un show pareil. » Jim Riches

Après avoir franchi des portiques de sécurité semblables à ceux des aéroports, on s’enfonce dans les entrailles du World Trade Center. Plus on descend, plus la lumière se tamise. Jusqu’à se retrouver quasiment plongé dans le noir, secoué par le son lancinant et voix qui accompagnent chacune des étapes de la visite. Ce sont celles des témoins, des pompiers, des policiers, des journalistes, des familles et, parfois même, des victimes. Déchirants extraits des messages laissés sur des répondeurs par des employés prisonniers des tours en feu et des passagers du vol 93 de la United Airlines, avant que l’avion ne s’écrase à Shanksville (Pennsylvanie). Tous racontent ce qu’ils ont vu, entendu et vécu ce jour-là, comme les suivants. Projection de photos et de films. Gigantesques débris des tours jumelles, de camions de pompiers et d’une partie de l’antenne de la Tour Nord du WTC. Paire de chaussures portant des traces de sang séché. Casque de pompier cabossé et brûlé - celui de Jimmy Riches. Clichés agrandis de ceux qui se sont jetés des tours pour échapper aux flammes. « Franchement, était-ce bien nécessaire d’en faire autant ?, s’interroge faussement Jim Riches, qui a suivi de près l’aménagement du musée bien qu’il se refuse à en franchir le seuil. Une petite photo aurait suffi. Il faut être accompagné d’un psychiatre pour supporter cette visite. Je sais qu’ils voulaient bien faire, mais ils vont trop loin, ce n’était pas utile d’en faire un show pareil. » Un show comme les Américains savent en produire, dont on est friand à la télévision ou sur grand écran mais qui, ici, crée un véritable malaise. Le paroxysme est atteint quand on tombe, à la sortie, sur la boutique de souvenirs. S’y vendent des manteaux pour chiens à 36 dollars, à l’effigie de Joey, Sky et Sirius, les animaux sauveteurs qui ont péri dans les tours ce 11 septembre 2001. Tasses à café, porte-clés, tee-shirts, sweat-shirts, bonnets, casquettes, marque-pages, pins... La marque « 9/11 » se décline sous toutes ses formes. Il y a même une ligne haut de gamme avec cravate à 75 $ et sac à main en cuir à 160 $. Organisme privé à but non lucratif, le musée ne reçoit aucune subvention de la Ville ni du gouvernement fédéral. Il s’est construit grâce aux dons, pour un montant de 700 millions de dollars. Son budget annuel de fonctionnement est estimé à 60 millions de dollars. « C’est extravagant et c’est une honte, s’époumone Jim Riches. Le directeur est payé plusieurs centaines de milliers de dollars par an... Il y a des gens qui sont en train de s’enrichir grâce aux attentats du 11-Septembre. C’est devenu une machine à fric. » Aujourd’hui, l’établissement vit grâce aux entrées - un million de touristes depuis son ouverture - et aux bénéfices que rapporte la vente de gadgets souvenirs.

LE SECOND SOUFFLE DU WTC

Si le coût du musée du Mémorial est colossal, il reste une goutte d’eau comparé aux 30 milliards de dollars nécessaires à la reconstruction du World Trade Center et du quartier. « Aucune ville au monde, à part Dubaï et Shanghaï, n’a investi autant d’argent sur une surface aussi petite, soit environ 2,5 km2 », commente fièrement Jessica Lappin, présidente de l’association Downtown Alliance, chargée de faire la promotion du quartier.

« Il ne faut pas se leurrer : les affaires sont les affaires. C’est un bon deal de venir ici. Comparé à Midtown, les loyers sont abordables, les avantages fiscaux conséquents, la situation géographique pratique. » Jessica Lappin

En dix ans, le nombre de résidents a triplé. Des boutiques, des bars, des restaurants et des hôtels ouvrent chaque jour leurs portes. Et, surtout, les nouveaux arrivants donnent un second souffle à ce périmètre martyrisé. Même si Wall Street est toujours là, le Financial District n’est plus, ou presque. Les banques emploient 35 000 salariés de moins qu’il y a une décennie, crise de 2008 oblige. Place aux TAMI, pour technology-adverstising (publicité)-media-information. Ainsi, 600 sociétés high-tech sont aujourd’hui installées dans le district, un chiffre en augmentation constante. « Ce sont des entreprises avant-gardistes qui ont parié sur le quartier, explique Dara McQuillan, de Silverstein Properties. Auparavant, nos tours étaient occupées par des compagnies d’assurances, des banques et des cabinets d’avocats. Aujourd’hui, elles le sont par des agences de pub, des médias et des start-up. » Les employés sont jeunes. Ils ne viennent plus, comme autrefois les banquiers, des banlieues aisées du Connecticut et de Long Island mais des quartiers branchés de TriBeCa, Brooklyn et du New Jersey. « Les entreprises qui ont fait le choix de s’installer au WTC sont la démonstration de notre capacité à nous reconstruire et à renaître, se félicite Jessica Lappin. J’aimerais pouvoir dire qu’elles viennent par patriotisme, mais il ne faut pas se leurrer : les affaires sont les affaires. C’est un bon deal de venir ici. Comparé à Midtown, les loyers sont abordables, les avantages fiscaux conséquents, la situation géographique pratique. Et l’adresse reste prestigieuse et mondialement reconnue. Nous ressentons une grande fierté. » Jim Riches, lui, ne décolère pas. Il continuera de se battre « jusqu’au bout » pour que, un jour, ce qu’il reste de son fils et de ceux qui sont morts avec lui ne repose plus 70 pieds sous terre, dans un musée, mais dans le parc du Mémorial. Bercé par les lumières de Manhattan.


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