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Ebola : quand Halloween repousse les limites du mauvais goût

vendredi 31 octobre 2014

Une société propose le costume "le plus viral de l’année" : une combinaison anti-Ebola intégrale, avec une variante pour femmes sous forme de mini-robe.

La fête d’Halloween pioche dans l’actualité, même si certains hésitent à repousser les limites de la provocation. Combinaison blanche, bottes en caoutchouc, gants, masque à oxygène, lunettes de protection... Le déguisement pourrait passer pour une tenue de vulcanologue ou de scientifique nucléaire. Mais vendu sous le titre de "tenue de protection anti-Ebola", il a rapidement déclenché la polémique. La variante pour femmes - avec une mini-robe au lieu de la protection intégrale - et l’humour douteux autour "du costume littéralement le plus viral de l’année" n’ont fait qu’attiser le feu, et les ventes.

Si le costume d’infirmière (47 euros) ne s’est vendu qu’à "moins d’une douzaine" d’exemplaires, selon Johnathon Weeks, le P-DG de la société Brands On Sale qui les commercialise sur Internet, "des centaines" de combinaisons intégrales (63 euros) ont été vendues dans cinquante pays. "Les États-Unis et le monde doivent se détendre un peu, estime-t-il. Halloween, le 31 octobre, est le seul jour de l’année où l’on peut se déguiser et être la personne que l’on veut."

"Je veux pas me faire taper dessus"

En France, le costume n’est pas commercialisé en boutique. "Je n’ai pas eu le temps d’en importer. Si j’avais pu, j’en aurais commandé quelques-uns", affirme François Gentile, responsable d’une boutique de déguisements du quartier République à Paris. Cela dit, "aucun client n’en a demandé", note-t-il. En revanche, jeudi à la mi-journée, il ne lui restait plus qu’un masque de clown maléfique, revenu dans l’actualité après une série d’agressions réalisées sous ce déguisement depuis dix jours en France.

Camille Besse l’a repéré. "Il est pas mal", glisse à un ami cet adolescent de 16 ans. "Euh... Je te conseille pas ça. Ou alors tu vas devoir dire : Je suis gentil moi, je veux juste des bonbons", rigole l’autre. Camille ne l’achètera pas : "C’est cher et puis j’ai vu sur Internet qu’il y a des gens qui veulent combattre les clowns. Je veux pas me faire taper dessus, moi." Mais aucun doute, le masque sera vite vendu. "On en avait quelques dizaines, on en vendait comme chaque année, ça fait partie des déguisements habituels d’Halloween. Et puis ça s’est accéléré depuis qu’il y a eu ces histoires. J’en ai recommandé, je vais en vendre d’ici vendredi soir", explique François Gentile.

Ben Laden et DSK

Matthieu, employé de la SNCF de 24 ans, ne portera pas de masque, mais il sera bien déguisé en clown. "J’avais prévu depuis longtemps. L’autre jour, on m’a parlé de tout ça, mais je n’ai pas changé d’idée", explique-t-il en ressortant d’une boutique du centre de Paris. Ni lui ni son collègue Guillaume Deschamps (19 ans) n’enfileraient toutefois un costume anti-Ebola. "Je préfère rester dans l’esprit des monstres, des clowns, dans le fictif avec des personnages comme Slenderman, Jeff The Killer..." explique ce dernier.

Eva Lika, mère de famille de 53 ans, a acheté un costume de bagnard pour son fils. "Il voulait quelque chose d’original", explique-t-elle. Mais elle n’a pas envisagé une seconde d’acheter un costume Ebola : "C’est mal placé, pas très éthique." "Et puis mon fils, quand il était petit, il avait acheté un masque de Ben Laden, raconte-t-elle. On est sorti dans la rue et les réactions ont été violentes. J’étais moi-même surprise. Là, il a compris le côté moral, qu’il y a le masque et la réalité." Adrien et Iris, deux étudiants de 20 ans, ne comprennent pas non plus cette "provocation inutile". "Il n’y a pas de message", explique la jeune femme. Les deux ados repartent avec dans leurs sacs... un masque de Dominique Strauss-Kahn et un costume de soubrette.


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