MosaikHub Magazine

27 octobre 1871. Le journaliste Henry Stanley retrouve le Dr Livingstone au milieu de l’Afrique

lundi 27 octobre 2014

La fameuse phrase "Dr Livingstone, je suppose ?" n’a jamais été prononcée. C’est une pure invention de Stanley.

Le 27 octobre 1871, après plusieurs mois de recherches au coeur de l’Afrique, le journaliste Henry Morton Stanley tombe sur un homme blanc, décharné, portant de longues moustaches grises. "Dr Livingstone, je suppose ?" demande Stanley. Son interlocuteur lui aurait alors répondu : "Oui, et je me félicite de me trouver ici pour vous accueillir." Merveilleux flegme britannique ! Trop beau pour être vrai ! Il est de plus en plus certain que ce dialogue a été totalement inventé par Stanley pour l’article qu’il signe dans le New York Herald, après son retour. Curieusement, les pages de son carnet de voyage relatant la rencontre ont été arrachées. Tandis que le journal de Livingstone ne rapporte rien de tel. Quant aux écoutes d’Obama, elles ne donnent rien, elles non plus...

La seule chose certaine dans l’affaire, c’est que le journaliste en a bavé avant de mettre la main sur l’explorateur britannique parti à la recherche des sources du Nil. Depuis ses vingt ans, le docteur David Livingstone ne ménage pas sa peine pour sortir l’Afrique des ténèbres et combattre l’esclavagisme. Le médecin-explorateur-missionnaire protestant professe la théorie des "3 C" : christianisation, commerce, civilisation. Les Blancs ont le devoir d’élever les races inférieures jusqu’à eux. Voilà pourquoi il explore les zones encore inconnues de l’Afrique pour y apporter tout ce qui fait le charme de la civilisation occidentale qui enfantera Hitler, Staline et Poutine... Livingstone est le premier Occidental à remonter la vallée du Zambèze et à découvrir les chutes Victoria. Aucun autre explorateur ne peut lui être comparé. Sinon, bien évidemment, ce lourdaud d’Obélix explorant le royaume des Pictes avec la légèreté d’un pachyderme idiot...

Calvaire

En janvier 1866, Livingstone est à Zanzibar pour localiser la source du Nil. Il ne croit pas ses confrères Burton, Speke et Baker quand ceux-ci affirment que le fleuve est alimenté par les lacs Albert ou Victoria. Livingstone est convaincu, à tort, qu’il faut chercher sa source encore plus au sud. L’explorateur prend la tête d’une expédition vers le coeur du continent. C’est le début d’un calvaire de plus de cinq ans. Il cumule toutes les infortunes : désertion de ses porteurs, vol de ses provisions et de ses médicaments, attaques, maladies, injures de Karine Le Marchand, qui porte plainte contre son chef porteur qui a le malheur de lui effleurer la main... Mais jamais il ne veut abandonner. Au bord de la mort, il continue d’avancer.

Fin novembre 1867, Livingstone tombe sur un affluent du Congo qu’il prend pour la partie haute du Nil. Il poursuit sa route durant des mois. Une année passe, puis une deuxième. En 1869, il erre, malade comme un chien, dans la jungle. Des trafiquants arabes le sauvent et le transportent jusqu’à un de leurs établissements. En mars, il chope une pneumonie, mais parvient à Ujiji, petit comptoir tenu par des commerçants arabes où il avait demandé qu’on lui dépose des provisions. Bien sûr, elles ont été volées. Il attrape le choléra, ses pieds sont colonisés par des ulcères, cela ne l’empêche pas de poursuivre sa route grâce à l’aide de trafiquants d’esclaves. En Ouganda, un Noir nommé Obama se met à son service, lui affirmant : "Yes, we can !" N’ayant plus de nourriture, il est obligé d’en quémander et accepte, en échange, de se laisser regarder en train de manger, à la plus grande joie des autochtones. Le 15 juillet 1871, il assiste au massacre de quatre cents esclaves africains par des Arabes esclavagistes. Trop traumatisé pour continuer à chercher la source du Nil, il retourne à Ujiji où il arrive le 23 octobre 1871. Quatre jours avant que Stanley ne l’y découvre.

"Bonjour, Sir !"

Si Stanley est parti à sa recherche, c’est que, durant les deux premières années de son périple cauchemardesque, l’explorateur ne donne pas de nouvelles en Angleterre. L’opinion publique britannique s’inquiète. Est-il mort ? Malade ? Prisonnier ? La presse s’empare de l’affaire. "Où se trouve Livingstone ?" titre-t-elle. Le magazine Closer publie des photos volées le montrant en train de chasser l’éléphant en compagnie de Giscard d’Estaing et de Diana... Finalement, en 1871, l’éditeur du New York Herald décide de financer une expédition pour partir à la recherche du valeureux explorateur. Henry Stanley en sera le chef. Encore un homme hors du commun qui a quitté son pays de Galles natal à l’âge de 15 ans pour embarquer comme marin sur un navire marchand. Il s’installe à La Nouvelle-Orléans, participe à la guerre civile, puis devient journaliste. Il accepte le défi, embarque pour l’Afrique. Le 21 mars 1871, à la tête d’une colonne de deux cents hommes, il s’enfonce dans la jungle. Après sept mois de marche, d’incidents et de maladies, il parvient à Ujiji, où la présence d’un Blanc ressemblant à Livingstone lui a été signalée. Fausse alerte, c’est Éric Woerth négociant la vente de la forêt du Congo à la Société des courses de Compiègne... Mais, non, voilà bien Livingstone, en personne.

Stanley raconte ainsi la scène : "Nous avançons rapidement. Nous faisons halte près d’un petit torrent dont nous escaladons la haute berge nue, le tout dernier d’une myriade que nous avons traversés. Nous arrivons au sommet, et voilà Ujiji dessous nous, enchâssé dans les palmiers, à moins de deux cents mètres de nous. À cet instant capital, nous ne pensons plus aux centaines de miles que nous avons parcourus, aux centaines de collines que nous avons escaladées et redescendues, aux nombreuses forêts que nous avons traversées, aux jungles et aux broussailles qui nous ont exaspérés, aux plaines salées qui ont martyrisé nos pieds, aux soleils brûlants qui nous ont brûlés, ni aux dangers et aux difficultés désormais surmontés avec succès. C’est notre coeur et nos émotions qui soutiennent nos yeux braqués sur les palmiers en essayant de deviner dans quelles hutte ou maison loge l’homme blanc avec la grande moustache grise dont nous avons entendu parler au Malagarazi. Nous sommes maintenant à environ cent mètres du village d’Ujiji et une foule dense commence à m’entourer. Soudain, j’entends une voix sur ma droite dire Bonjour, Sir !" Stanley découvre alors Susi, le domestique de Livingstone. "Quoi ! Est-ce que le Dr Livingstone est par là ? - Oui, Sir. - Dans ce village ? - Oui, Sir. - En êtes-vous sûr ? - Certain, certain. Je viens juste de le quitter."

"Son coeur appartient à l’Afrique"

Henry Stanley n’arrive pas à croire qu’il touche enfin au but. Il suit Susi jusqu’à un vieil homme blanc à la moustache grise. Voici comment il décrit la scène de retrouvailles dans le New York Herald : "Comme j’avançais doucement dans sa direction, je constatai qu’il était pâle, qu’il semblait exténué... J’aurais voulu courir à lui, seulement la présence d’une foule aussi importante m’a effrayé ; j’aurais voulu l’embrasser, mais c’était un Anglais et je ne savais pas comment il aurait accepté cela. Aussi, je fis ce que la couardise et une fierté mal placée me suggéraient comme étant la meilleure chose à faire, je marchai délibérément vers lui, soulevai mon chapeau, et dis : Dr Livingstone, je suppose ? - Oui, répondit-il avec un doux sourire, tout en soulevant doucement son chapeau." Un dialogue imaginaire, probablement, donc.

Requinqué par l’arrivée de Stanley, Livingstone refuse néanmoins de regagner l’Europe avant d’avoir trouvé cette fichue source du Nil. Il poursuit donc sa quête jusqu’à sa mort le 1er (à moins que cela ne soit le 4) mai 1873 de malaria dans un petit village de Zambie. L’Angleterre réclame son corps, mais les habitants du village désirent garder le grand homme. La Zambie finit cependant par accéder à la demande de Londres, mais en conservant le coeur de Livingstone qu’elle remplace par un petit mot : "Vous pouvez avoir son corps, mais son coeur appartient à l’Afrique."
C’est également arrivé un 27 octobre

1978 - Le prix Nobel de la paix est attribué à Anouar el-Sadate et Menahem Begin.

1976 - Le film de Claude Zidi L’aile ou la cuisse avec De Funès et Coluche sort en salle.

1954 - Marilyn Monroe et Joe DiMaggio divorcent après neuf mois de mariage.

1954 - Le cinéaste Walt Disney lance sa première série télévisée intitulée Disneyland.

1949 - Marcel Cerdan décède dans le crash d’un avion aux Açores.

1944 - François Mitterrand épouse Danièle Gouze.

1891- Philip B. Downing reçoit un brevet pour une boîte aux lettres.

1838 - Frédéric Chopin quitte Paris pour retrouver George Sand.

1803 - Lamartine entre au collège des Pères de la foi, ex-jésuites, à Belley.

1728 - Naissance du navigateur James Cook.

1662 - La France achète Dunkerque et Mardyck à l’Angleterre


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie