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L’Uruguay vote massivement et calmement, la gauche au pouvoir menacée

dimanche 26 octobre 2014

La succession du célèbre José Mujica mobilisait largement les Uruguayens, dimanche, dans un scrutin présidentiel et législatif qui pourrait voir le Frente Amplio (gauche) au pouvoir depuis une décennie perdre la présidence et sa majorité parlementaire.

Dès le début de la journée, "le taux de participation a été très élevé", a déclaré par téléphone à l’AFP un responsable du Tribunal électoral en milieu d’après-midi.

Le prédécesseur de M. Mujica, Tabaré Vazquez (2005-2010), premier président de gauche du pays, est donné gagnant mais devra remporter 50% des voix s’il veut éviter un second tour.

"Nous espérons le meilleur, mais les gens décideront", a déclaré cet oncologue de 74 ans en déposant son bulletin dans l’urne.

Face à M. Vazquez, se présentent notamment les fils de deux anciens dirigeants : Luis Lacalle Pou (Parti National, centre droit) et Pedro Bordaberry (Parti Colorado, conservateur).

"Le peuple doit se souvenir et voter Tabaré", a souligné à l’AFP à Montevideo Alejandra Correa, enroulée dans un large drapeau du Frente Amplio. "Il nous appartient d’aller de l’avant ou de reculer si c’est (Luis) Lacalle qui gagne", lance-t-elle.

Le scrutin, obligatoire en Uruguay, doit se terminer à 20H30 locales (22H30 GMT).

Au total, 2,6 millions d’électeurs de ce petit pays de 3,3 millions d’habitants doivent choisir, outre leur président, les 30 sénateurs et 99 députés du parlement. Ils se prononcent également par référendum sur l’abaissement à 16 ans de l’âge de responsabilité pénale des criminels.

Entouré de ses partisans, le président José Mujica a été l’un des premiers à voter dans le quartier populaire de Cerro (ouest de la capitale Montevideo), sous l’objectif notamment d’une équipe du réalisateur Emir Kusturica qui tourne un documentaire sur l’ex-guérillero de 79 ans.

L’élection "n’est pas une guerre, c’est une étape importante, mais le pays va continuer à aller de l’avant", a déclaré le président Mujica, qui devra laisser la présidence à son successeur le 1er mars 2015, avant de repartir avec son chauffeur et son épouse dans sa vieille Coccinelle Volkswagen.

- L’enjeu du Parlement -

Selon les pronostics du politologue Juan Carlos Doyenart, ces élections se solderont par un ballottage qui mènera à un second tour le 30 novembre.

Si cela se confirme, M. Vazquez devrait affronter au second tour Luis Lacalle Pou, 41 ans, qui ne réunit qu’un peu plus de 30% des intentions de vote mais a déjà annoncé qu’il rechercherait le soutien du troisième principal candidat, le parlementaire Pedro Bordaberry, 54 ans, fils de l’auteur du coup d’Etat qui avait mené à l’instauration d’une dictature militaire (1973-1985) et crédité de 15 à 18% des suffrages.

"Nous sommes très heureux de la campagne", s’est félicité dimanche M. Lacalle Pou peu avant de voter.

"Lacalle est jeune et je veux une rénovation", a indiqué Alba Ramirez, 67 ans, également drapée dans une bannière aux couleurs du Parti National à l’arrivée à son bureau de vote, dans les environs de Montevideo.

Au-delà de la succession de "Pepe" Mujica, qui a conquis la planète avec son mode de vie modeste qui lui a valu le surnom de "président le plus pauvre du monde" et ses discours anti-consuméristes, l’autre enjeu du scrutin réside dans les législatives.

Pour Ricardo Lopez Gottig, analyste du Centre pour l’ouverture et le développement de l’Amérique latine (Cadal), il est "évident que le Frente Amplio n’aura pas la majorité au Parlement".

Le Frente affiche pourtant un bilan plutôt positif, avec une croissance du PIB de 4,4% en 2013 - onzième année consécutive de hausse -, un chômage autour de 6% et une pauvreté divisée par trois entre 2006 et 2013.

Sur le plan social l’avancée est certaine, avec le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et la légalisation du cannabis, l’avenir de cette initiative restant cependant incertain, aucun des principaux candidats à la présidence n’y étant favorable.

Mais le bilan du gouvernement de Jose Mujica pêche sur la sécurité, l’éducation ou l’inflation (environ 10% par an), thèmes auxquels sont sensibles les classes moyennes, largement majoritaires.


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