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Tunisie : les législatives s’achèvent, la participation s’annonce moyenne

dimanche 26 octobre 2014

Les Tunisiens ont voté dimanche à l’occasion des élections législatives, la participation s’annonçant moyenne pour ce scrutin pourtant crucial dans ce pays présenté comme la "lueur d’espoir" d’une région tourmentée.

L’instance organisant les élections (Isie) ne devrait pas annoncer de résultats avant lundi. Si une multitude de listes sont en course, les islamistes d’Ennahda et leurs principaux détracteurs séculiers de Nidaa Tounès sont largement favoris.

La participation a atteint 50,84% à 16H00 (15H00 GMT) soit 2,6 millions d’électeurs, deux heures avant la fin du vote et le début du dépouillement. Si l’essentiel des bureaux ont bien fermé à l’heure dite, le chef de l’Isie, Chafik Sarsar a indiqué que ceux ayant rencontré des problèmes pour ouvrir à l’heure (06H00 GMT) resteraient ouverts "plus tard que 18H00".

Quelque 4,3 millions de Tunisiens avaient voté lors de l’élection de l’assemblée constituante en 2011, remportée par les islamistes d’Ennahda.

Le vote de dimanche est crucial car il doit permettre à la Tunisie de se doter d’institutions pérennes près de quatre ans après le soulèvement qui donna le coup d’envoi au Printemps arabe, mais nombre d’observateurs misaient sur une abstention importante dimanche compte-tenu de l’ampleur des espoirs déçus en Tunisie.

Le pays souffre en effet encore de profondes difficultés économiques et sociales, facteurs-clés de la révolution qui chassa en janvier 2011 Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir. Il a aussi traversé une profonde crise politique en 2013, notamment en raison de l’essor de groupe jihadistes responsables de la mort de dizaines de policiers et militaires ainsi que de deux détracteurs d’Ennahda.

Dans les bureaux de vote, l’ambiance était néanmoins au beau fixe, les électeurs se félicitant les uns les autres après avoir glissé un bulletin dans l’urne et trempé leur index gauche dans de l’encre indélébile.

"Pour être franche, c’est par devoir que je suis venue voter et non par conviction dans les listes en lice", a admis Safa Helali, une enseignante de 27 ans, "Il s’agit de l’avenir de la jeunesse et des générations d’après".

- Scrutin satisfaisant -

Malgré les craintes de troubles, notamment d’attaques jihadistes, le vote s’est déroulé sans incidents majeurs. Les autorités avaient déployé 80.000 policiers et soldats pour assurer la sécurité de ces élections qui doivent déterminer les 217 députés tunisiens pour les cinq ans à venir. La présidentielle est prévue le 23 novembre.

Pour les représentants de la mission de l’Union européenne, le processus s’est dans l’ensemble déroulé de manière "satisfaisante".

"Jusqu’à présent nous constatons que les choses se déroulent de façon plus que satisfaisante", a déclaré dans l’après-midi Annemie Neyts-Uyttebroeck, la chef de la mission d’observation électorale de l’UE.

Le Premier ministre Mehdi Jomaa a salué lui une "journée historique" et "une lueur d’espoir pour les jeunes dans la région", alors que les autres pays du Printemps arabe sont pour l’essentiel plongés dans le chaos ou la répression.

Selon les analystes, deux partis partent favoris : Ennahda, au pouvoir de fin 2011 à début 2014, et leurs principaux détracteurs de Nidaa Tounès, une formation hétéroclite rassemblant aussi bien des anciens opposants au dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali que des caciques de son régime.

- Pas de majorité -

L’ensemble de la classe politique a axé la campagne sur deux grands thèmes : la sécurité, la Tunisie étant confrontée à l’essor de groupes jihadistes depuis la révolution, et l’économie, qui reste anémique et gangrénée par le chômage et la misère, facteurs-clés du soulèvement de 2011.

Le président de Nidaa Tounès, le candidat à la présidentielle Béji Caïd Essebsi, 87 ans, a effectué son devoir de citoyen en lançant "Vive la Tunisie", tandis que le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, se réjouissait du fait que "les Tunisiens soient très attachés à la démocratie".

Mais le mode de scrutin — la proportionnelle au plus fort reste— favorisant les petites formations, les principales forces politiques ont d’ores et déjà souligné qu’aucun parti n’aurait de majorité pour gouverner seul.

Ennahda, qui a dû quitter le pouvoir début 2014 à l’issue d’une année 2013 marquée par une crise politique, l’assassinat de deux opposants aux islamistes et des attaques jihadistes, dit vouloir former un cabinet consensuel, se disant même prêt à une alliance de circonstance avec Nidaa Tounès.

Le grand parti séculier, qui se pose en unique alternative à Ennahda et le qualifie régulièrement de parti obscurantiste, prévoit en cas de victoire de former une coalition avec des formations idéologiquement proches.


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