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Haïti et la République dominicaine

Un nouveau dialogue bilatéral pour de meilleurs rapports commerciaux

vendredi 24 octobre 2014

Le Premier ministre haïtien, Laurent S. Lamothe, et le ministre des Affaires étrangères dominicain, Andres Navarro, ont coprésidé, le jeudi 23 octobre 2014, la 4e rencontre binationale de haut niveau à l’hôtel Kinam à Pétion-Ville. Cette rencontre, qui avait réuni des ministres et des membres du secteur privé des deux républiques, était l’occasion pour les deux parties d’aborder des thèmes portant sur les investissements commerciaux, les échanges commerciaux, la sécurité frontalière, la régularisation des marchés binationaux, etc.

Si pendant les trois rencontres précédentes c’est le Premier ministre Laurent Lamothe et le ministre à la Présidence dominicaine, Gustavo Montalvo, qui avaient coprésidé ce dialogue binational de haut niveau, pour cette quatrième rencontre, qui a offert aux investisseurs des deux pays l’occasion de partager leurs expériences et leur vision des affaires, ce dernier a brillé par son absence. Gustavo Montalvo s’était fait représenter par le ministre dominicain des Affaires étrangères, Andres Navarro.

Cette quatrième réunion bilatérale fait suite à toute une série de pourparlers entamés depuis le mardi 7 janvier 2014 en vue de trouver un consensus et des solutions acceptables aux problèmes entre les deux pays se partageant l’île.

Tout de go, Laurent Lamothe a fait savoir que cette réunion de haut niveau vise à analyser comment les deux pays se partageant l’île peuvent travailler ensemble pour créer de l’emploi et de la richesse à travers une plus grande équité dans les échanges commerciaux. Ce sera aussi l’occasion, dit-il, pour les investisseurs privés des deux nations de travailler ensemble en vue de mieux se connaître. « Vous avez l’opportunité de travailler ensemble aujourd’hui et, ensemble, vous devez prendre des décisions pour mieux orienter les échanges commerciaux entre les deux pays, a dit Laurent Lamothe, s’adressant aux membres du secteur privé haïtien et dominicain. Vous devez trouver une formule pour mieux structurer vos échanges et résoudre une fois pour toutes les contraintes souvent rencontrées dans l’exportation des produits des deux côtés de la frontière. Les gouvernements haïtien et dominicain seront là pour vous accompagner à travers cette démarche visant le bien-être de la population des deux pays voisins. »

Le chef du gouvernement a en outre mentionné que cette génération sera celle du changement de paradigme dans les relations bilatérales entre les deux républiques. « Les accords signés dans ce sens, dans les sphères commerciales, sanitaires, agricoles, douanières, policières, migratoire, touristique, environnementale sont des exemples clairs de la vision commune que nous façonnons ensemble, a-t-il souligné. Nous n’inverserons pas les asymétries et les clivages provoqués par des décennies d’ignorance, d’incompréhension ou d’inaction du jour au lendemain. Mais nous avons une responsabilité morale et historique d’agir. »

Pour sa part, le ministre dominicain des Affaires étrangères, Andres Navarro, a mis l’accent sur la nécessité d’établir un tarif douanier équitable afin d’arriver à une meilleure fluidité dans les échanges commerciaux. Il a également souligné des avancées considérables réalisées au niveau des douanes dominicaine et haïtienne pour faciliter les démarches et réduire la contrebande. « Les deux nations vont désigner, sous peu, des agents douaniers des deux côtés de l’île en vue de contrôler les produits qui vont traverser la frontière, a-t-il précisé. Nous envisageons aussi d’installer des dispositifs électroniques au niveau de la frontière tout en harmonisant les tarifs douaniers en vue d’inciter les entrepreneurs des deux pays à établir des échanges équitables. »

Au cours de cette rencontre binationale, le groupe Kiskeya, composé de businessmen haïtiens et dominicains, a profité de l’évènement pour établir des modalités d’investissement dans les deux pays. Andres Navarro a ainsi promis à ce groupe tout le support du gouvernement dominicain qui travaillera sur les éventuelles barrières qui pourront affecter les échanges entre les deux pays. « Nous sommes confiants que cette porte que vous avez ouverte ne se fermera jamais, a-t-il souhaité. En tant que représentant du gouvernement dominicain, nous sommes là pour vous supporter et pour vous encadrer. »

« Je peux vous assurer que nous allons appuyer les secteurs privés avec tous les moyens qui sont à notre portée, a poursuivi le ministre dominicain des Affaires étrangères. Vous (groupe Kiskeya) pouvez compter sur nous pour le bonheur et la prospérité économique de l’île. »

Andres Navarro a par ailleurs déclaré qu’avec l’aide de la BID, les gouvernements des deux pays vont installer plusieurs centres hospitaliers dans la zone frontalière. « Toutes ces choses sont le résultat de ce dialogue binational qui a permis aux ministres de la Santé publique des deux pays d’avoir des projets en commun pour les deux peuples. »

« Nous allons continuer à travailler dans ce climat de sincérité et de confiance mutuelle qui nous permettra de reconnaître nos différences en vue de surmonter ensemble nos obstacles pour une meilleure relation solide pour les deux nations, a-t-il conclu. C’est seulement sur cette base que nous pouvons contribuer à un développement durable et fructueux pour nos deux nations. »

Les engagements découlés de cette rencontre

Les deux républiques ont compris qu’il est important de travailler pour augmenter la croissance économique dans l’île à travers des échanges commerciaux équitables. La création d’emplois et la réduction du niveau de pauvreté deviennent alors une issue fondamentale pour le développement durable des deux nations.

Les deux parties se sont mises d’accord pour formaliser le commerce et l’investissement qui sont des éléments fondamentaux pour le développement de l’île. « Il est important de prendre des mesures pour contrer la contrebande au niveau de la frontière, ont-elles déclaré. Pour cela, il nous faut harmoniser les efforts à la frontière pour prévenir les pertes des revenus qui sont évalués à des milliers de dollars. Nous allons aussi réfléchir sur un mécanisme pouvant nous aider à mieux percevoir des taxes et des impôts au niveau de la frontière. »

De son côté, le gouvernement haïtien a déclaré qu’il va construire des routes, des ponts au niveau de Malpasse et de Fond-Parisien en vue de faciliter un meilleur échange commercial avec la République dominicaine. Entre autres, l’Etat haïtien s’engage également à moderniser des infrastructures de la douane à travers 4 points d’entrée.

La République dominicaine, elle, aussi dans la construction de plusieurs tronçons de routes au niveau de la frontière en vue d’assurer un meilleur contrôle des produits qui entrent et qui sortent sur son territoire.

« En donnant des réponses appropriées aux problèmes de la contrebande et d’autres trafics illicites qui se réalisent au niveau de la frontière, nous contribuerons à rendre plus dynamique l’économie des deux pays, ont déclaré les membres des deux gouvernements à la fin de cette rencontre bilatérale de haut niveau. Une telle mesure va nous permettre de réduire considérablement le nombre d’immigrants sans document des deux côtés de l’île. »

« Nous sommes en train de progresser avec des accords dans plusieurs secteurs clés avec la République d’Haïti et nous voulons vous assurer que la République dominicaine va continuer à respecter ses engagements envers Haïti. Nous misons sur des relations concrètes avec Haïti en vue de prendre des mesures qui vont dans l’intérêt des deux peuples », a conclu Andres Navarro à la fin de cette rencontre.

Cette rencontre de haut niveau s’est déroulée en présence de certains partenaires internationaux impliqués dans la résolution des problèmes haïtiano-dominicains tels que l’Union européenne, représentée par Javier Nino Perez, le Venezuela, la BID, etc.

Jocelyn Belfort
jbelfort@lenouvelliste.com


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