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États-Unis - New York : 29 ans de prison pour rien

vendredi 17 octobre 2014

VIDÉO. Arrêté après le meurtre en octobre 1985 d’un jeune de 20 ans dans le Queens, David McCallum a vu sa condamnation cassée par un juge de Brooklyn faute d’élément matériel contre lui.

Un New-Yorkais a été libéré mercredi sous les applaudissements, exonéré d’un meurtre pour lequel il a passé 29 ans en prison. Un juge de Brooklyn a cassé sa condamnation, déclarant que les aveux que David McCallum avait passés en 1985 quand il avait 16 ans étaient faux, et qu’il n’existait aucun élément matériel contre lui. McCallum a éclaté en sanglots, et la salle d’audience bondée de la Brooklyn Supreme Court a applaudi à tout rompre. Il avait été arrêté avec un autre adolescent de son âge Willie Stuckey (décédé en prison) peu après l’enlèvement et le meurtre le 20 octobre 1985 d’un jeune de 20 ans dans le Queens. Le corps de la victime, Nathan Blenner, atteint d’une balle dans la tête, avait été découvert le lendemain par des enfants sur un terrain vague de Bushwick à Brooklyn. Après leur arrestation, les deux adolescents étaient passés aux aveux. Ils avaient été condamnés pour meurtre, enlèvement et vol en octobre 1986, à une peine de 25 ans minimum pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité.
"Après avoir revu tous les faits et les circonstances du dossier de McCallum et Stuckey - le verdict était entièrement basé sur leurs aveux -, les condamnations ne peuvent pas tenir", avait déclaré mercredi matin le procureur de Brooklyn Kenneth Thompson, affirmant que leur confession était fausse. Il avait demandé à un juge d’annuler les condamnations, ce qui a été fait en début d’après-midi. La mère de Willie Stuckey était dans la salle d’audience, tenant la main de McCallum ému aux larmes quand le juge a annoncé que le verdict était cassé. Vêtu d’une chemise beige, d’une veste beige et d’un pantalon kaki, McCallum est sorti du tribunal avec un grand sourire, embrassant sa famille aux anges.

Les "plats de maman" dans le viseur

"Enfin, je vais pouvoir rentrer à la maison", a-t-il dit aux journalistes, reconnaissant qu’il avait parfois perdu espoir. "Je suis très, très content, mais je suis aussi très, très triste", a-t-il ajouté, regrettant que Willie Stuckey ne soit pas à ses côtés. Son premier souhait était de marcher sur le trottoir, puis de rentrer chez lui et de profiter de la cuisine de sa mère Ernestine. Après 29 ans de nourriture de prison, tout sera merveilleux, a-t-il dit. "Ma mère est tellement bonne cuisinière..." Ernestine McCallum, qui s’est précipitée pour embrasser son fils une fois l’audience terminée, a expliqué qu’elle était arrivée en retard, car elle était en train de faire des gâteaux et de préparer son premier repas d’homme libre.

"Je n’ai pas cessé de prier et d’espérer que ce jour arrive", a-t-elle dit. McCallum a ajouté qu’il espérait terminer son éducation et témoigner concernant les erreurs judiciaires, dont il craint qu’elles ne continuent. "Le système est cassé, mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas être réparé. Je pense qu’il faut qu’on fasse plus attention à ceux qui pleurent pour qu’on les aide." La mère de Stuckey a quitté le tribunal en larmes, sans vouloir parler à la presse. Le dossier des deux hommes avait été rouvert en janvier par une unité spéciale mise en place par le procureur de Brooklyn, l’"unité de réexamen des condamnations" (CRU).

Une centaine de dossiers litigieux sont en attente de réexamen par cette unité spéciale, à la tête de laquelle Kenneth Thompson a nommé un professeur de droit d’Harvard, Ronald Sullivan, et qui travaille aussi avec trois avocats indépendants. Après dix mois d’enquête, "la CRU a conclu que les aveux (des deux adolescents) étaient faux, et n’étaient pas étayés par des témoins ou éléments physiques", avait indiqué Kenneth Thompson mercredi matin. À ce jour, les travaux de la CRU ont conduit à l’annulation de neuf condamnations. Dix-sept ont à l’inverse été considérées comme justifiées.


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