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"Madame le président" : l’Académie rappelle l’usage des noms féminisés

mercredi 15 octobre 2014

L’Académie française, gardienne de l’usage de la langue, rappelle qu’elle a accueilli dans son dictionnaire plusieurs noms féminisés de métiers et de fonctions "pourvu qu’ils soient formés correctement et que leur emploi se soit imposé", faisant écho à l’incident récent survenu à l’Assemblée.

La vice-présidente de l’Assemblée nationale Sandrine Mazetier (PS) a sanctionné l’élu UMP Julien Aubert pour avoir persisté le 7 octobre à l’appeler "Madame le président".

Le dictionnaire de l’Académie comprend de nombreux noms de métiers féminisés comme "artisane", postière" , "avocate", "éditrice" ou "compositrice". Elle n’entend pas "rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et de fonctions qui découle de l’usage", dit-elle mercredi dans une mise au point.

Cependant, conformément à sa mission, défendant l’esprit de la langue et les règles qui président à l’enrichissement du vocabulaire, "elle rejette la féminisation systématique qui tend à imposer, parfois contre le voeu des intéressées, des formes telle que +sapeuse-pompière+ (...), contraires aux règles ordinaires de dérivation et s’apparentant à des barbarismes". Le français ne dispose pas d’un suffixe unique permettant de féminiser automatiquement les substantifs.

L’usage féminise aisément les noms de métiers, plus difficilement les termes désignant des fonctions officielles et les titres correspondants, distincts de leur détenteur et définis dans un statut.

Par ailleurs, l’Académie rappelle qu’"aucun texte ne donne au gouvernement le pouvoir de modifier de sa seule autorité le vocabulaire et la grammaire du français (...). De l’usage, seule l’Académie française a été instituée la +gardienne+". Et elle reste opposée à toute détermination autoritaire de l’usage.

C’est pourquoi, dès 2002, elle a tenu à soumettre "à +l’épreuve du temps+ les recommandations du Conseil supérieur de la langue française publiées au JO en 1990 au lieu de les imposer par décret".

L’Académie a en quelque sorte "libéré l’usage, en laissant rivaliser les formes différentes, sans chercher à en proscrire autoritairement aucune, jusqu’à ce que la meilleure l’emporte". Elle entend demeurer fidèle à cette attitude, conclut-elle.


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