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Disparition mystérieuse de Kim Jong-un : « l’hypothèse médicale est la plus plausible »

lundi 13 octobre 2014

Kim Jong-un disparaît des écrans et tout le monde s’interroge. Invisible depuis plus d’un mois, le dirigeant nord-coréen, au pouvoir depuis la mort de son père, Kim Jong-il, en décembre 2011, a même été absent des cérémonies marquant le 69e anniversaire du Parti des travailleurs. L’absence d’explication officielle à cette disparition ne cesse de nourrir, à l’étranger, les spéculations habituelles sur ce régime opaque et indéchiffrable. Elles sont de deux ordres : soit un changement politique, soit une maladie du dirigeant, âgé d’une trentaine d’années.

◾Un changement politique est-il plausible ?

Certains médias, comme Vice News, ont évoqué un possible changement à la tête de cette dynastie communiste, fondée par Kim Il-sung (1912-1994), grand-père de l’actuel leader. Ils se fondaient sur les déclarations d’un transfuge, Jang Jin-sung, un ancien responsable de la propagande sous le règne de Kim Jong-il, père et prédécesseur de Kim Jong-il (1994-2011). Pour M. Jang, qui a fui la Corée du Nord en 2004, c’est le département de l’organisation et de l’orientation, mis en place par Kim Jong-il pour contrôler le parti, qui a pris le pouvoir.

Pour Antoine Bondaz, spécialiste des questions coréennes à l’Asia Centre, l’hypothèse d’un coup d’Etat n’est pas plausible. « Il y aurait eu des mouvements de troupes, l’information aurait filtré vers la Chine ou la Corée du Sud, nous ne sommes pas dans une situation où le régime est en danger », dit-il. « En revanche, s’il n’apparaît pas dans les trois prochaines semaines, les gens vont commencer à marmonner en privé – mais encore une fois, cela n’aboutira à aucun problème fondamental pour le régime à court terme », juge Adam Cathcart, de l’université de Leeds, rédacteur en chef du site SinoNK. com, ajoutant : « Dans le pays, tout apparaît non seulement normal mais parfaitement normal. »

Un autre élément, qui écarte l’éventualité d’un changement au sein du régime, est l’envoi d’une délégation de haut niveau en Corée du Sud le 4 octobre, au dernier jour des Jeux asiatiques. « Cela prouve que le régime en soi est stable. Si la délégation a pu se rendre en Corée du Sud, c’est que le régime est stable. Quand le régime est instable, il se ferme », affirme M. Bondaz.

◾Dans la famille Kim, la sœur

En Corée du Sud, une organisation non gouvernementale militante, créée par d’anciens professeurs nord-coréens, citée notamment par Global Post, avance l’hypothèse d’un éventuel remplacement de Kim Jong-un par sa sœur, Kim Yo-jong, le temps qu’il récupère. Mais, pour Antoine Bondaz, cela ne cadre pas avec la tradition du régime. « Kim Jong-un n’est pas apparu du jour au lendemain, il y a toujours une transition. »

◾L’hypothèse médicale

Selon Antoine Bondaz, « l’hypothèse médicale apparaît la plus plausible ». Une opération ou une crise de goutte nécessiteraient « de se retirer un ou deux mois », pense-t-il. De plus, Kim Jong-un peut se le permettre désormais, car il s’est assuré le contrôle de tous les leviers du pouvoir après s’être débarrassé de ses rivaux. De son côté, Adam Cathcart souligne l’importance de l’image du leader dans la propagande du régime. « Il y a un respect presque clinique pour le corps et l’image du dirigeant suprême (suryeong) dans leur système, donc il se pourrait tout simplement que Kim Jong-un ne soit pas suffisamment digne d’apparaître, car une apparition diminuerait son prestige. »


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