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Le prix Nobel d’économie au Français Jean Tirole

lundi 13 octobre 2014

Le chercheur, rattaché à l’université de Toulouse, a été primé par le jury pour son "analyse de la puissance du marché et de la régulation".

Jean Tirole a reçu lundi le prix Nobel d’économie, devenant le troisième Français à être couronné dans cette discipline grâce à des recherches variées sur la finance, l’entreprise et les marchés. Seuls Gérard Debreu (1983) et Maurice Allais (1988) avaient jusque-là été récompensés de ce prix, le dernier-né de la famille Nobel. "C’est un petit peu intimidant. (...) Suivre leur trace est quelque chose de très impressionnant pour moi", a indiqué Jean Tirole à la radio publique France Info. "On n’est pas très bon juge de ses propres travaux, et donc ce n’est pas quelque chose sur lequel je comptais", a-t-il par ailleurs déclaré à l’AFP. L’attribution du prix Nobel "ne va rien changer pour moi. Ce que j’aime, ce sont les formes de recherche dans lesquelles je vis et les amis que j’y côtoie. Et puis, faire ma recherche avec mes étudiants. J’espère que cela ne va pas trop changer", a-t-il souhaité. "Quand je faisais mon doctorat au MIT (Boston, États-Unis), je ne connaissais pas ce domaine qu’on appelle en jargon l’économie industrielle. En fait, un autre étudiant me l’a fait connaître", a-t-il raconté. "Et j’ai trouvé cela absolument passionnant." "On commençait à se poser des questions non seulement sur le plan de la concurrence, mais aussi sur l’avenir de tous ces secteurs qui allaient être dérégulés comme les télécoms, les postes, les chemins de fer, l’électricité, etc.", a-t-il ajouté.

"Un immense bravo à Jean Tirole qui fait la fierté de notre pays et de l’école d’économie française !" a écrit sur Twitter le ministre français de l’Économie, Emmanuel Macron. "Jean Tirole est l’un des économistes les plus influents de notre époque. Il est l’auteur de contributions théoriques importantes dans un grand nombre de domaines, mais a surtout clarifié la manière de comprendre et réguler les secteurs comptant quelques entreprises puissantes", a-t-il expliqué.

La meilleure régulation ou politique en matière de concurrence doit (...) être soigneusement adaptée aux conditions spécifiques de chaque secteur. Dans une série d’articles et de livres, Jean Tirole a présenté un cadre général pour concevoir de telles politiques et l’a appliqué à un certain nombre de secteurs, qui vont des télécoms à la banque", a résumé l’Académie royale des sciences. "En s’inspirant de ces nouvelles perspectives, les gouvernements peuvent mieux encourager les entreprises puissantes à devenir plus productives et, dans le même temps, les empêcher de faire du tort à leurs concurrents et aux consommateurs", a-t-elle ajouté.

"Merci beaucoup. Je suis très honoré", a dit Jean Tirole à la Fondation Nobel.

"École de Toulouse"

Né à Troyes, d’un père médecin et d’une mère enseignante en lettres, il se dirige d’abord vers les mathématiques, intègre l’École polytechnique, et découvre l’économie sur le tard, à 21 ans. Ingénieur des Ponts et chaussées, il choisit ensuite de faire un doctorat d’économie aux États-Unis, au Massachusetts Institute of Technology. Il arrive à Toulouse en 1991, et y est l’un des fondateurs de l’Institut d’économie industrielle, qui sera le berceau de ce qu’on appelle aujourd’hui "École de Toulouse" en économie. Il a été Médaille d’or du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) en 2007. Seul un économiste l’avait été avant lui, Maurice Allais.

Jean Tirole remporte huit millions de couronnes (878 000 euros). C’est la première fois depuis 2008 que le prix Nobel est attribué à un seul économiste, et la première fois depuis 1999 qu’aucun Américain ne remporte le prix. Cette récompense illustre la bonne santé de la recherche économique en France. En août, la revue mensuelle du Fonds monétaire international voyait sept Français parmi les 25 économistes de 45 ans les plus prometteurs.

Jean Tirole succède à trois Américains, Eugene Fama, Lars Peter Hansen et Robert Shiller, qui partaient d’hypothèses opposées pour expliquer l’évolution des marchés financiers : les deux premiers la rationalité des agents, et le troisième les éléments de psychologie pouvant perturber.

Le prix Nobel d’économie vient clore une saison marquée par le couronnement de la Pakistanaise Malala Yousafzai (paix) et du Français Patrick Modiano (littérature).


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