MosaikHub Magazine
Obsèques/Palais national

Des funérailles privées pour Jean-Claude Duvalier, l’exécutif confirme

vendredi 10 octobre 2014

Au parloir funèbre Pax Villa, au Sacré-Coeur, les parents de Jean-Claude Duvalier ont reçu amis, proches et sympathisants jeudi autour des restes de l’ex-président à vie. Des anciens ministres, des ex-militaires, ses deux enfants, Nicolas et Anya, et sa première femme Michèle Bennett ont été apperçus sortant des salutations de condoléances. Entre-temps, la présidence haïtienne confirme que ces obsèques auront lieu dans le cadre d’une cérémonie privée.

Après avoir fait le mort sur le dossier pendant des jours, le palais national a finalement confirmé que l’ancien président à vie de la République, Jean-Claude Duvalier, n’aura ni des funérailles nationales ni des funérailles officielles. « Je peux confirmer que l’ancien président aura des funérailles privées », a indiqué jeudi Lucien Jura, porte-parole du président Michel Martelly.

L’administration Martelly, selon Lucien Jura, a décidé de prendre du recul pour laisser à la famille de Duvalier le soin d’organiser des funérailles tout en présentant ses sympathies aux parents et aux proches du défunt. Le porte-parole de la présidence, qui n’était pas en mesure de confirmer la date des funérailles, a cependant confirmé que l’ancien dictateur aura droit simplement à des funérailles privées.

« Aucun organe officiel de l’administration Martelly ne s’était prononcé formellement sur la nature des funérailles de l’ancien président Jean-Claude Duvalier », s’est-il défendu. A aucun moment de la durée, a dit M. Jura, il n’a été question de funérailles nationales. « Dès l’entame de son mandat, le président de la République s’est toujours révélé un homme d’unité, de réconciliation, un homme qui a prôné le vivre-ensemble, le pardon et la tolérance au sein de la grande famille haïtienne », a ajouté le porte-parole de la présidence.

Sur le dossier des funérailles de l’ancien président Jean-Claude Duvalier, Lucien Jura a dit constater que la société a tendance à se polariser. « Pourquoi aujourd’hui verser dans ce qui divise ?, s’est-il questionné. L’administration Martelly croit aujourd’hui que l’unité, la réconciliation, le pardon constituent le fer de lance du développement durable… »

Lucien Jura n’était pas en mesure de confirmer la présence du chef de l’Etat à ces obsèques.

Me Reynold Georges, l’un des avocats de l’ex-président à vie, a confié au Nouvelliste qu’à la suite d’une rencontre au palais national, mercredi, le chef de l’Etat a cédé aux pressions de ceux qui ne veulent pas des funérailles nationales pour Baby Doc. « Il avait accepté d’organiser des funérailles nationales pour l’ancien président, a-t-il dit. Mais il a finalement cédé aux pressions. »

« Nous allons prendre notre responsabilité et organiser des funérailles normales (ordinaires) pour l’ancien président, le samedi 11 octobre, dans les locaux de l’Institution St-Louis de Gonzague, à Delmas », a annoncé Me Reynold Georges. Selon lui, c’est un très mauvais précédent de ne pas accorder des funérailles nationales à un ancien président de la République.

Le RDNP présente ses condoléances à la famille de Duvalier

Le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) dit prendre acte du décès de l’ex-président Jean-Claude Duvalier survenu le samedi 4 octobre dernier. Inspiré par les principes de la démocratie chrétienne, souligne une note signée par sa secrétaire générale, Mirlande Manigat, le RDNP dit s’incliner devant la dépouille mortelle de l’ancien président à vie et présente ses condoléances à sa famille et ses partisans. « Il n’a pas eu lieu l’opportunité de répondre complètement à la justice de son pays. Il lui reste désormais à faire face à celle de Dieu », a conclu la note.

ASIRE veut voir juger les barons du régime de Duvalier

Comme plusieurs autres organisations de défense des droits humains nationales et internationales, l’Action citoyenne responsable (ASIRE), une organisation de jeunes supportée par des personnalités très connues de la société, a appelé au maintien des poursuites judiciaires contre les autres barons du régime dictatorial de Duvalier. Le samedi 11 octobre, le jour des funérailles de Jean-Claude Duvalier, les membres de cette structure projettent de manifester devant les locaux de l’Office de la protection des citoyens (OPC) pour dire « non à l’impunité… »

Par ailleurs, la directrice du programme Amérique d’Amnesty International, Erika Guevara Rosas, a déclaré mardi que la mort de Jean-Claude Duvalier ne doit pas être utilisée pour balayer les crimes commis sous son régime. Selon Erika Guevara Rosas, le président Martelly aurait pu profiter de cette occasion pour exprimer de la compassion pour les milliers de victimes du duvaliérisme, et forger des souvenirs sur les crimes commis, au lieu de décider volontairement d’exprimer tristesse et sympathies seulement pour la famille de Duvalier. Selon elle, c’est une gifle pour les droits humains et la lutte des victimes à la justice.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie