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La Santa Maria serait à six pieds sous terre, selon des experts espagnols

mardi 23 septembre 2014

« L’épave de la Santa Maria, bateau amiral du grand explorateur Christophe Colomb qui a coulé dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492, ne se trouve pas sous l’océan mais enfouis dans la terre, quelque part au nord de la côte haïtienne. » C’est ce qu’a révélé, lundi à Port-au-Prince, une équipe de trois experts espagnols, qui recherchent depuis 1991 les restes de ce bateau emblématique .

Selon ces experts espagnols en archéologie navale, les restes du navire mythique à bord duquel Christophe Colomb a découvert l’Amérique en 1492, alors qu’il cherchait une nouvelle route vers les Indes orientales, ne se retrouvent pas au fond de l’océan. Les chercheurs ont affirmé que l’épave de ce bateau se trouve à quelque six mètres sous la terre près de la côte Nord d’Haïti. Par cette déclaration, ils rejettent d’un revers de main, l’idée selon laquelle on (Clifford Berry) aurait découvert le bateau énigmatique en mai de l’année courante. « Ni le lieu, ni la grosseur du bateau, ni les objets trouvés ne correspondent à la Santa Maria… », ont-ils avancé.

Grâce au récit des aventures du navigateur génois, ces chercheurs ont, en 1991, fait toute une série d’études et d’investigations sur le territoire haïtien et principalement dans le Nord d’Haïti à la recherche des restes de la Santa Maria, selon leurs dires. Mais, explique l’ambassadeur de l’Espagne en Haïti, ils étaient contraints d’abandonner leurs recherches pour laisser le pays à cause du coup d’Etat du militaire contre le président Jean-Bertrand Aristide en 1991. « 23 ans après, ils rentrent au pays pour présenter un compte-rendu de leurs investigations et surtout recommencer leurs travaux moyennant le support des gouvernements espagnol et haïtien. »

La Santa Maria a dérivé sur un récif corallien au large de la côte nord d’Haïti. D’après Alfonso Maldonado, l’un des experts, ce récif corallien se trouve actuellement enfoncé sous la terre puisque, avance M. Maldonado, la côte d’Haïti a augmenté de plusieurs kilomètres durant ces derniers siècles. « La Santa Maria est recouverte de sédiments apportés notamment par la Grande rivière du Nord. Elle doit se trouver à environ 5 à 6 mètres de profondeur », a dit le chercheur en présence notamment de la ministre haïtienne de la Culture, d’universitaires haïtiens, ainsi que des représentants de l’Unesco à la Bibliothèque nationale d’Haïti.

Pour montrer que le littoral haïtien a beaucoup changé, l’expert a montré la photo du monolithe, haut de près de trois mètres qui avait été posé sur l’emplacement où on a trouvé l’ancre de la Santa Maria. « Une photo prise au XXe siècle a montré seulement la tête de ce monolithe. Ce qui montre à quel point la terre augmente d’année en année et recouvre la côte. »

Par conséquent, les Espagnols disent vouloir faire une prospection pour localiser le récif corallien où a échoué la Santa Maria à partir des investigations archéologiques et géologiques. Ils ont fait comprendre que s’ils peuvent trouver ce récif, ils peuvent également trouver les restes de la Santa Maria. « C’est une étude qui peut prendre jusqu’à une année, pour déterminer exactement le contour des côtes qui existaient en 1492 et qui ne sont plus les mêmes en 2014. »

Le symbolisme de la Santa Maria

Les spécialistes ont affirmé que les objets qui étaient dans le bateau recherché avaient tous été récupérés et transportés dans le fort la Navidad, construit par Christophe Colomb. Ils ont indiqué, en outre, qu’une bonne partie du bateau a servi dans la construction de ce fort. « C’est pourquoi on parle des restes de la Santa Maria. »

De l’avis des archéologues navals espagnols, « ce bateau apporte une charge symbolique planétaire ». Selon eux, la Santa Maria traduisait le besoin pour l’Espagne de communiquer avec l’Amérique. « Avant la Santa Maria, il n’y avait aucune communication entre les deux continents [l’Europe et l’Amérique], arguent-ils. Le téléphone n’existait pas encore. La Santa Maria a un contenu culturel et spirituel... Elle a permis de communiquer la culture et la religion… »

La ministre de la Culture n’a pas dit le contraire. « La Santa Maria fait partie de notre histoire, a déclaré Monique Rocourt. Elle n’appartient pas uniquement à l’Espagne et à Haiti, mais au monde entier… Je pense que nous commençons aujourd’hui le début d’une formidable aventure et nous sommes heureux que le gouvernement espagnol en la personne de son représentant en Haïti et ses experts ait pu nous présenter aujourd’hui le fruit de leurs recherches. Ne serait-ce qu’un morceau de bois que nous trouverions, nous allons le mettre dans un musée … », raconte la ministre qui croit que le monde entier est intéressé à la découverte de cet historique bateau.

Le directeur du Bureau national d’ethnologie, Erol Josué, n’est pas contre l’idée que ce bateau ait une importance capitale pour le monde. Il indique que le navire a une valeur ethnologique qu’il ne faut pas oublier. Erol Josué dit penser, en sus, que la découverte des restes de la Santa Maria peut être un moyen pour faire la paix avec le passé. « La Santa Maria a aussi une histoire qui n’était pas belle… nous devons être conscients qu’il y a eu des propos et des cicatrices qui sont encore ouverts qu’il faut guérir, … il faut faire une mise en contexte. »


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