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21 septembre 1711. Le corsaire malouin Duguay-Trouin met à sac Rio de Janeiro.

dimanche 21 septembre 2014

La ville passe pour être imprenable avec 7 forts et 12 000 hommes pour la protéger... Pas pour un Malouin !

Voilà dix jours que le corsaire Duguay-Trouin, 38 ans, fait le siège de Rio de Janeiro avec son escadre composée d’une quinzaine de navires. Comme Sarko, il n’en peut plus d’attendre. Alors il décide de porter l’assaut final le 21 septembre à l’aube. La veille, il a offert aux Cariocas un carnaval de feu et de fer pour préparer le terrain. Durant plusieurs heures, ses deux vaisseaux, le Brillant et le Mars, bombardent sans trêve ni repos les forts et retranchements portugais. ET, croyez-nous, ce n’est pas les deux pets de lapins lachés par des Mirages français sur un dépôt logistique.. Les canons installés sur l’île des chèvres par le corsaire malouin entrent également dans la danse. À la tombée de la nuit, les soldats français faisant partie de l’expédition embarquent dans des chaloupes pour préparer l’assaut final du lendemain à l’aube.

Un énorme orage éclate, dont les éclairs dévoilent la manoeuvre des assaillants aux défenseurs portugais de la ville. Ceux-ci ouvrent un feu nourri de mousquets. Duguay fait aussitôt répondre par un bombardement massif qui terrorise les habitants. Davantage encore que les escadrons de la mort... Les Cariocas sont persuadés que les Français se préparent à monter à l’assaut en pleine nuit. Panique totale. Les habitants rassemblent leurs objets les plus précieux avant de s’enfuir dans l’arrière-pays. Dans leur débandade, ils entraînent les soldats chargés de la défense. À peine si on prend le temps de mettre le feu à quelques-uns des magasins les plus riches pour que les Français ne s’emparent pas des marchandises. Les deux forts des bénédictins et des jésuites sont minés en vitesse. Au petit matin, Duguay-Trouin et ses hommes investissent aisément la ville abandonnée. Et un, deux, trois, les Brésiliens sont au tapis ! Une défaite plus humiliante qu’en 1998... Le corsaire ressent une immense vague de fierté. Il vient de remporter une des plus belles victoires de la marine de Louis XIV, alors qu’elle n’était pas gagnée d’avance.

Une audace stupéfiante

Duguay-Trouin fait partie des plus vaillants corsaires français, il est de la trempe des Surcouf et autres Jean Bart. Ses exploits maritimes contre les Anglais et les Hollandais sont devenus légendaires. Corsaire, puis officier du roi, il fait preuve d’une audace stupéfiante. En vingt-deux ans de carrière, il emporte la victoire dans plus de quatre-vingts abordages et combats. C’est un phénomène. Même notre flagorneur habituel, signant le "Professeur", n’a pas assez d’adjectifs pour l’encenser...

René Duguay-Trouin naît dans une famille de négociants malouins le 10 juin 1673. Ses parents le destinent à la prêtrise, mais il est rapidement viré de son école, car il préfère courir les filles plutôt que de se farcir des cours de théologie. Cambadelis lui a proposé sa filière de faux diplômes, mais il refuse. Le voilà donc à 16 ans embarqué comme matelot volontaire à bord d’un navire-corsaire. Cette première course en mer est un enfer : chaque jour, il est malade comme un chien, souffrant du mal de mer. Mais l’ivresse des abordages le soigne rapidement. Lors d’un de ses premiers combats, le maître d’équipage chute, sous ses yeux, entre les deux coques qui "écrasèrent à (s)es yeux tous ses membres et furent rejaillir une partie de sa cervelle jusqu’à (s)es habits". Malgré son jeune âge, il se fait remarquer pour sa hardiesse au combat et son talent de stratège. À 18 ans, sa famille lui confie le commandement d’une frégate de quatorze canons. À l’âge où ce crétin de Bieber trouve amusant de montrer son cul sur Facebook... Dès lors, le vaillant corsaire enchaîne les coups d’éclat et les victoires. Valls en est malade de jalousie...

Une escadre de quinze navires

Duguay-Trouin finit par intégrer la Royale. À l’âge de 36 ans, il est anobli en récompense de son tableau de chasse exceptionnel : 16 bâtiments de guerre et plus de 300 navires marchands de capturés. C’est alors qu’il forme le projet de s’emparer de Rio et de ses richesses. Tout l’or pillé dans le Nouveau Monde par les Portugais transite par ce port pour être expédié dans la mère patrie. En 1710, une première expédition composée de cinq vaisseaux commandée par le capitaine Duclerc avait déjà tenté de s’emparer de Rio, mais la tentative s’était soldée par un échec retentissant avec plus de 500 Français faits prisonniers et Duclerc assassiné en prison. Voilà qui donne envie à Duguay-Trouin de venger le capitaine français tout en s’emparant de l’or portugais. "Toutes ces circonstances, jointes à l’espoir d’un butin immense et surtout à l’honneur qu’on pouvait acquérir dans une entreprise si difficile, firent naître dans mon coeur le désir d’aller porter la gloire des armes du roi jusque dans ces climats éloignés, et d’y punir l’inhumanité des Portugais par la destruction de cette florissante colonie." Les finances françaises se trouvant aussi anémiques que sous le règne de Hollande Ier, le Malouin doit donc se tourner vers des investisseurs privés. Le vieux Louis XIV lui donne sa bénédiction en échange de 20 % du butin.

Le 3 juin 1711, le corsaire prend la mer à la tête d’une escadre de 15 navires transportant 6 000 soldats et marins. Le 12 septembre, à la pointe du jour, la flotte française découvre Rio. La ville passe pour être imprenable avec 7 forts et 12 000 hommes pour la protéger. Avertis du raid de Duguay-Trouin, les Portugais ont encore dépêché sept navires de guerre. Cela n’est pas fait pour faire douter le Français, qui engage quelques maraîchers de Morlaix avant de passer immédiatement à l’attaque pour profiter de l’effet de surprise. Ses navires foncent à la queue leu leu à travers le goulet protégeant la baie, tirant des centaines de boulets sur les fortifications et les navires postés de part et d’autre par les Portugais. L’audace paie, la flotte française fait taire les défenses ennemies et déboule dans la baie, où elle s’empare dans la foulée de l’île des Chèvres qui fait face à la ville. Durant une dizaine de jours, les Français consolident leur position face à la ville et même à terre où les soldats occupent les hauteurs.

Une énorme rançon

Après la fuite des habitants et des défenseurs dans la nuit du 20 au 21 septembre, les soldats français découvrent une ville déserte, sinon la présence des 600 soldats français de l’expédition Duclerc qui ont réussi à s’évader de leur prison. Sans attendre, ceux-ci ont commencé à piller la ville, au grand dam de Duguay-Trouin qui ordonne à ses hommes d’y mettre fin. Mais la tentation est trop grande. Autant demander à Roselyne Bachelot de ne plus fréquenter un plateau de télé... Même les hommes du corsaire commencent à se servir malgré les menaces de châtiments et quelques exécutions. Le lendemain matin, les trois quarts des magasins et des maisons ont été pillés.

Duguay-Trouin sait qu’il ne peut pas trop s’attarder à Rio, car bientôt les vivres manqueront et une troupe portugaise est en marche pour porter secours au gouverneur de la ville qui s’est réfugié avec les habitants à l’intérieur des terres. Il lui faut l’or caché dans la forêt par les commerçants. Il met en demeure le gouverneur de verser une énorme rançon pour la ville, sinon celle-ci sera "mise en cendre". À titre d’avertissement, il fait mettre le feu à toutes les maisons de campagne à une demi-lieue à la ronde. Il lui faut menacer de balancer du gaz sarin sur l’ennemi pour que le gouverneur accepte de négocier... Seulement, il prétend n’avoir que 600 000 cruzeiros à sa disposition et fait traîner en longueur les négociations dans l’espoir du secours annoncé.

Ne pouvant s’attarder davantage, Duguay-Trouin accepte le deal, fait embarquer toutes les marchandises de valeur trouvées dans les entrepôts, s’empare de tous les vases sacrés, de l’argenterie et des ornements d’église et hisse les voiles le 13 novembre. Bye-bye Copacabana... Le 29 janvier 1712, la flotte atteint les Açores. C’est alors qu’une énorme tempête se lève. Le vaisseau de Duguay est sur le point de sombrer. Enfin, le 6 février, l’escadre jette l’ancre dans la rade de Brest. Deux navires avec mille deux cents hommes d’équipage ont disparu corps et biens. L’un d’eux, le Magnanime, transportait une fortune : 600 000 livres en or et argent et beaucoup de marchandises. Malgré cette énorme perte, l’expédition du corsaire malouin rapporte encore 92 % de bénéfice. Les Portugais ont également perdu dans l’affaire quatre vaisseaux et deux frégates de guerre ainsi que plus de soixante vaisseaux marchands. Sans compter une quantité prodigieuse de marchandises brûlées et pillées.

L’expédition est un tel succès que le Corsaire est invité par Louis XIV à Versailles deux mois après son retour. "Il eut la bonté de me témoigner beaucoup de satisfaction de ma conduite, et une grande disposition à m’en accorder une récompense." Il reçoit une pension de deux mille livres sur l’ordre de Saint-Louis. En 1715, quelques semaines avant sa mort, le roi l’élèvera au grade de chef d’escadre
C’est également arrivé un 21 septembre

2001 - L’explosion de l’usine AZF de Toulouse fait 31 morts et plus de 2 500 blessés graves.

1980 - Gérard d’Aboville boucle sa traversée de l’Atlantique à la rame, après avoir parcouru 5 200 kilomètres.

1972 - Décès par suicide, à l’âge de 77 ans d’Henry de Montherlant, romancier, essayiste, auteur dramatique, académicien français.

1948 - Marcel Cerdan devient champion du monde de boxe, catégorie poids moyens, en battant l’Américain Tony Zale.

1939 - Freud demande à son médecin, avec l’accord de sa fille Anna, de l’euthanasier. Il reçoit une injection de morphine.

1916 - Naissance de Françoise Giroud, journaliste, écrivaine et femme politique.

1866 - Naissance de l’écrivain anglais Herbert George Wells, auteur de La machine à explorer le temps, La guerre des mondes, etc.

1848 - Brahms donne son premier concert en Allemagne.

1800 - La place Royale à Paris est rebaptisée « placedes Vosges » pour remercier ce département d’être le premier à s’acquitter de l’impôt.

1792 - La Convention nationale proclame l’abolition de la royauté et l’avènement de la République française.

1745 - Madame de Pompadour devient la favorite officielle du roi Louis XV et s’installe à Versailles.

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