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Écosse : la victoire en perdant !

vendredi 19 septembre 2014

Épilogue des chroniques écossaises de notre envoyé spécial. Les partisans du oui se consolent car l’Écosse bénéficiera d’une autonomie renforcée.

Le désappointement est à la hauteur des espoirs qu’il balaie. Tout au long de la nuit, des centaines d’Écossais, pour la plupart favorables à l’indépendance, ont veillé au pied du Parlement, une bière dans une main, le drapeau national dans l’autre, dans l’attente des résultats du référendum. Et ils y étaient apparemment plus nombreux encore à Glasgow.

Quand, au petit matin, le dépouillement progressant, il est apparu que le non l’emporterait plus nettement que prévu initialement (environ 55 % à 8 heures, heure locale), l’enthousiasme a changé de camp. Les supporteurs de Better Together, très discrets ces derniers jours, ont laissé libre cours à leur soulagement tandis que leurs adversaires de Yes Scotland repliaient leurs étendards, un goût amer dans la bouche.

Les concessions de Cameron

Il y a pourtant des défaites qui sonnent comme des demi-victoires. Premier ministre du gouvernement écossais et porte-drapeau de la cause indépendantiste, Alex Salmon n’a pas réussi à mener à son terme le projet d’une vie, mais il repart avec un joli lot de consolation. Dans une brève allocution, avant même la proclamation des résultats définitifs, le chef du gouvernement britannique David Cameron a réitéré les promesses faites dans l’espoir de sauver l’unité du pays, sans toutefois les détailler.

Et, surprise, il s’est également engagé à faire bénéficier les autres nations constitutives du Royaume-Uni des mêmes concessions, espérant ainsi mettre un terme aux revendications qui commençaient à sourdre. De ce fait, il est à peine exagéré de considérer l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, comme les incontestables vainqueurs du référendum écossais : ils voient leurs exigences satisfaites avant même de les avoir formulées !

Inversement, le soulagement légitimement ressenti par Cameron n’est en rien assimilable à un triomphe. Il n’aurait pas survécu à une victoire du oui qui l’aurait rendu responsable du démembrement du Royaume-Uni. Mais il va tout de même devoir rendre des comptes au Parti conservateur.

La renaissance de Gordon Brown

Certains lui reprochaient déjà d’avoir pris un risque inconsidéré en acceptant cette consultation voulue par Alex Salmon et, pour accroître ses chances de le gagner, d’avoir promis de nouveaux pouvoirs à Édimbourg. Il va désormais affronter ceux qui l’accuseront de vouloir fédéraliser le pays. Devoir calmer la fronde de son propre camp à moins de huit mois des prochaines élections générales ne constitue pas le meilleur moyen de les aborder.

Le référendum aura aussi révélé un invité surprise. Gordon Brown, ancien chef du gouvernement britannique et écossais lui-même, est tardivement rentré en campagne pour défendre le maintien de l’union, mais il a donné à Better Together le punch qui lui faisait défaut jusqu’alors et la netteté de la victoire lui est en partie imputable. L’austère et rugueux Brown n’a plus d’avenir à Londres mais s’il reprend en main le Parti travailliste écossais, Alex Salmon aura un adversaire à sa mesure.

En dépit des apparences, il y a bien eu une révolution en Écosse le 18 septembre : le Royal And Ancient Golf Club de Saint Andrews, considéré comme la Mecque de la petite balle blanche, a accepté de s’ouvrir à la gent féminine. Cela faisait 260 ans que les femmes en étaient exclues !


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