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Air France : les pilotes entrent dans leur 3e jour de grève

mercredi 17 septembre 2014

Les syndicats estiment que le développement de Transavia, une filiale low cost d’Air France, permettra à terme de conclure des contrats au rabais.

Avec seulement quatre avions sur dix au décollage, le bras de fer entre Air France et ses pilotes se poursuivait mercredi et ne semblait pas en voie de s’essouffler au troisième jour d’une grève que le Premier ministre demande maintenant d’"arrêter". "Il faut arrêter cette grève" qui "n’est pas comprise", a déclaré le Premier ministre socialiste, Manuel Valls, peu après que son ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a appelé l’entreprise "à quelques concessions". Depuis lundi, la grève est massivement suivie, par 60 % des pilotes selon la direction, 75 % selon le SNPL AF Alpa, majoritaire chez les pilotes.

À l’origine du conflit, le développement de Transavia, la filiale low cost d’Air France : les syndicats affirment être pour, mais ils s’opposent "aux conditions" proposées. Le préavis reconductible du SNPL court jusqu’au 22 septembre. Le Spaf (deuxième syndicat) et Alter (non représentatif) ont allongé de deux jours le leur, jusqu’au 20. Air France a prévu d’assurer mercredi, comme mardi, 40 % des vols, après moins de 50 % au premier jour. La situation ne devrait pas vraiment s’améliorer jeudi, la direction annonçant "42 % de vols maintenus". À Nice, 90 % des vols ont été annulés mercredi. Jean-Pierre, un retraité rentrant de vacances dans le Verdon, trouve que cette grève, "c’est abuser quand on voit combien ils gagnent, les pilotes". Pour regagner Nantes, il s’est vu proposer de voyager avec Hop !, la filiale régionale du groupe, avec étape à Bordeaux.

1,1 million de messages envoyés aux clients

Dans les aérogares parisiennes, la journée devait être "globalement conforme" à celle de mardi, avec plus de la moitié des vols annulés. Mais, pour la première fois, des départs de vols long-courriers ne sont pas assurés à Orly, a souligné une source aéroportuaire. À Toulouse et Lyon, 75 % des vols ont été supprimés en amont. Dans l’Ouest (Rennes, Brest, Nantes), entre 40 et 50 %. Air France, qui dit avoir envoyé 1,1 million de messages à ses clients depuis le début de la grève, recommande toujours à ceux ayant un vol d’ici au 22 de reporter leur voyage ou de changer leur billet sans frais.

Les syndicats organisent une assemblée générale à 13 heures. Réunion d’information a priori sans vote, cette AG vise à "montrer à la direction" que les grévistes "ne lâcheront pas", selon Julien Duboz, porte-parole du Spaf. Dans ce bras de fer, la direction a annoncé qu’elle allait déposer une plainte mercredi contre un compte Facebook recensant les pilotes non grévistes, dénonçant une méthode d’intimidation. Les discussions entre la direction et les syndicats devaient reprendre mercredi. Jusqu’à présent, Air France a échoué à rassurer les pilotes sur ses projets. Sa proposition de limiter l’augmentation de la flotte de Transavia France à 30 avions d’ici à 2019, contre 37 prévus, a reçu mardi une fin de non-recevoir.

La dangereuse concurrence de Transavia

Le SNPL y voit une manoeuvre pour justifier un plus fort développement de Transavia Europe, avec des contrats "moins-disants" socialement et, à terme, la disparition de lignes Air France. Pour réagir à la concurrence toujours plus vive de transporteurs à bas coûts, le groupe AF-KLM mise sur l’ouverture de nouvelles bases Transavia en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrats locaux. Selon une source interne d’Air France, le coût horaire des pilotes est 40 % plus élevé chez Air France que chez Transavia, où le salaire annuel brut oscille entre 87 000 et 180 000 euros, contre une rémunération comprise entre 75 000 et 250 000 euros chez Air France, selon le grade, l’ancienneté et l’affectation.

Le groupe rejette la principale revendication des syndicats de réserver aux pilotes d’Air France les avions de plus de 100-110 places, quelle que soit la compagnie du groupe (Air France, Transavia, Hop !). Un mouvement d’une semaine serait le plus long conflit mené par des pilotes d’Air France (groupe Air France-KLM) depuis 1998. La direction évalue son coût de 10 à 15 millions d’euros par jour, hors dédommagements. Si le conflit continue, "il pourrait mettre en péril les emplois de l’entreprise", s’alarme le syndicat FO des agents de maintenance. Dans un communiqué, le syndicat appelle direction et pilotes à "prendre leurs responsabilités" et déplore - comme la CFE-CGC et la CFDT - que cette grève sape les efforts réalisés par les salariés depuis 2012.


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