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Chroniques écossaises (2) : "Yes Scotland", l’indépendantisme attrape-tout

lundi 15 septembre 2014

Le mouvement qui veut en finir avec le Royaume-Uni a réussi à fédérer espoirs et rancoeurs, revendications politiques et régionalisme, nostalgiques et réalistes.

De l’influence de l’anticyclone des Açores sur la mobilisation électorale ! Le marché de Mansfield Park, un quartier populaire de l’ouest de Glasgow, est noir de monde en ce magnifique week-end de fin de saison. Un peu en marge des stands habituels, une poignée de jeunes, tout de bleu vêtus, propose aux badauds des articles de même couleur et estampillés d’un simple "Yes" : ballons gonflables pour les enfants, badges, tee-shirts ou drapeaux écossais pour les autres.

Ici, ce sont les jeunes de Yes Scotland qui font de la retape pour inciter les électeurs à se prononcer en faveur de l’indépendance de l’Écosse, lors du référendum du 18 septembre. Quelques kilomètres plus loin, sur la principale rue piétonne de Glasgow, c’est la section antinucléaire du mouvement qui tente de convaincre les derniers indécis en leur faisant miroiter la perspective d’un pays souverain et débarrassé des armes atomiques britanniques qui y sont actuellement basées. Ailleurs encore, d’autres militants harponnent le passant pour lui expliquer que Londres a toujours méprisé les Écossais et qu’il est temps que ça cesse. Et toujours sous le soleil.

"La diversité de Yes Scotland fait sa force, estime Graeme, étudiant et sympathisant de la première heure. Je suis membre du SNP [Scottish National Party, à l’origine du référendum, NDLR], mais, à elle seule, notre formation n’aurait sans doute pas été en mesure de recueillir la majorité des suffrages."

Promesses

Premier ministre du gouvernement régional écossais, chef historique du SNP et père du projet indépendantiste, Alex Salmond a réussi à rallier des électeurs de tous horizons en leur tenant le discours qu’ils avaient envie d’entendre. Il a ainsi joué sur la restauration d’une grandeur passée pour tous ceux qui ont une vision romantique et un peu fantasmée de l’histoire, promis la dénucléarisation aux pacifistes, entretenu la défiance que tout gouvernement britannique inspire à nombre d’Écossais et garanti à tous une protection sociale optimale grâce à la vigueur de l’économie locale et à la rente pétrolière.

Un programme attrape-tout qui ne passe pas aussi bien dans la conurbation Glasgow-Édimbourg que dans les zones rurales, mais qui ne laisse de côté aucune couche sociale, aucune classe d’âge, même si les seniors restent majoritairement favorables au statu quo. "Personnellement, j’ai franchi le pas parce que je ne supportais plus que les gouvernements britanniques successifs engagent le pays dans des guerres illégales", témoigne Sheila, la pimpante sexagénaire qui tient la permanence de Yes Scotland à Glasgow.

Tout cela suffira-t-il à engendrer ce qui était impensable il y a encore quelques semaines : une victoire du oui au soir du 18 septembre ? Le sondage qui privilégiait ce scénario constitue l’exception et, depuis une semaine, les enquêtes d’opinion donnent de nouveau quelques points d’avance au camp unioniste. Il convient cependant de ne pas être trop catégorique ; il y a trois ans, avant les élections régionales, aucun institut ne misait sur une victoire du SNP. Il a pourtant obtenu la majorité absolue à l’Assemblée, permettant à ce diable d’Alex Salmond de devenir Premier ministre écossais.


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