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L’Onu critique les six et appelle tout le monde au dialogue

vendredi 12 septembre 2014

La représentante spéciale des Nations unies en Haïti a présenté jeudi son rapport semestriel su Haïti au Conseil de sécurité. L’organisation des élections, la crise politique, l’insécurité, l’avenir de la MINUSTAH sont entre autres points abordés durant les discussions au sein du Conseil de sécurité.

Le dossier de la crise politique liée à l’organisation des élections a été au centre des discussions ce jeudi au Conseil de sécurité des Nations unies. Le rapport de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en Haïti a suscité de vives réactions au sein du Conseil. Outrés par l’incertitude qui plane sur l’organisation des élections, les diplomates ont appelé les acteurs politiques au dialogue alors que d’autres ont clairement pointé du doigt l’opposition et le groupe des six comme responsables du blocage politique. La sécurité, l’avenir de la MINUSTAH étaient aussi au menu des discussions qui marquent un tournant dans le discours de la communauté internationale sur la crise.

« La dernière fois que j’ai fait un exposé devant le Conseil de sécurité en mars 2014, la dynamique politique créée par le dialogue interhaïtien, résultant de la signature de ’l’Accord d’El Rancho’, avait suscité l’espoir que des élections puissent être organisées d’ici la fin de 2014 », a d’abord rappelé Mme Honoré aux membres du Conseil de sécurité. Depuis lors, la poursuite de la méfiance et des désaccords sur le processus électoral entre l’exécutif et les membres de l’opposition au sein de la législature a entraîné des retards répétés dans la mise en œuvre de l’accord », a-t-elle ajouté.

Le groupe des six dans le collimateur

Dans son rapport, la représentante du secrétaire général n’y est pas allée par quatre chemins pour désigner le responsable du blocage. Le groupe des six. « Un groupe de six sénateurs bloque tout accord sur le cadre juridique qui permettrait l’organisation des élections, a dénoncé madame Honoré. Ces derniers se sont régulièrement opposés à toute tentative faite par le Sénat pour voter la loi électorale amendée en empêchant à plusieurs reprises que le quorum requis soit atteint ».

Sur un ton plus ferme, la représentante des Etats-Unis à l’Onu, l’ambassadrice Samantha Power affirme de son côté : « Les six sénateurs veulent prendre en otage les élections avec des motivations partisanes, allant même jusqu’à empêcher un débat sur la loi électorale. « L’ambassadrice américaine, en donneur de leçon, ajoute que les législateurs dans une démocratie ont la responsabilité de défendre les droits de leurs électeurs. Mais quand les élus profitent de la démocratie pour bloquer de manière cynique les débats et des élections, ils se mettent sur le chemin visant à résoudre les problèmes réels de leurs concitoyens. Notre message à tous les politiciens d’Haïti est clair : se réunir pour adopter une loi électorale et organiser des élections libres, équitables et inclusives dans le respect des délais constitutionnels. »

Mme Honoré a fait mention de récentes tentatives pour trouver une solution à la crise. Elle a rappelé au Conseil les multiples concessions faites par le président Martelly pour rendre possible la réalisation des joutes. « Néanmoins, étant donné le temps nécessaire pour les préparatifs logistiques, la fenêtre pour organiser les élections avant la fin de l’année se referme désormais rapidement », a-t-elle dit. « Cela est particulièrement préoccupant alors que sans élections, le Parlement ne pourra plus fonctionner le 12 janvier, créant ainsi un vide institutionnel jusqu’à ce que les élections soient organisées et qu’une nouvelle législature soit installée. »

Dans la conclusion de son rapport, Sandra Honoré se dit inquiète. « Je m’inquiète tout particulièrement de ce qu’après s’être bien engagée sur la voie d’une transition politique pacifique, Haïti risque de connaître un revers ». Elle souligne que la tenue d’élections ouvertes à tous en 2014 est essentielle pour assurer la continuité du Parlement en 2015, consolider la démocratie et l’État de droit, ainsi que promouvoir le développement socioéconomique, condition nécessaire à l’amélioration des conditions de vie de la population haïtienne et à l’instauration d’une stabilité durable. La diplomate trinidadienne a, une fois de plus, invité tous les acteurs politiques à poursuivre le dialogue en vue de mettre fin à l’impasse politique.

Les manifestations et les homicides en hausse, les kidnappings en baisse

Le rapport du chef de la MINUSTAH qui reprend les chiffres de la criminalité recueillis par la Police nationale d’Haïti et la MINUSTAH indique une nette tendance à la baisse pour ce qui est des cas d’enlèvements. Soit une baisse de 74% par rapport à la même période en 2013. Ce progrès résulte, selon le secrétaire des Nations unies, du démantèlement d’un nombre important de réseaux de ravisseurs par les autorités ces deux dernières années. Si les enlèvements ont diminué, le nombre de meurtres a augmenté de 24% avec 416 cas signalés par rapport à la période correspondante en 2013. Un phénomène que la MINUSTAH attribue en grande partie aux rivalités des gangs pour le contrôle de quartiers sensibles situés dans la grande périphérie de Port-au-Prince, où 76% environ des homicides ont été enregistrés.

Les manifestations suscitées par les difficultés socioéconomiques, 194 manifestations au total, ont augmenté d’environ 31% par rapport à la même période en 2013, selon le rapport présenté jeudi matin. On a signalé 53 manifestations violentes, les manifestants ayant érigé des barricades et lancé des pierres, soit une augmentation de 96%. Le nombre de manifestations à caractère politique, 40 au total, est demeuré relativement faible et la majorité d’entre elles se sont déroulées dans le calme », selon le rapport. Avec la multiplication des mouvements de rue à Petit-Goâve ces dernières semaines, le département des Nippes a atteint un pic avec 46 manifestations. La plupart des autres manifestations ont eu lieu dans l’agglomération de Port-au-Prince.

Le mandat de la MINUSTAH prolongé jusqu’au 15 octobre 2015

L’avenir de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti a occupé une bonne partie du débat. Personne n’aimerait voir partir la MINUSTAH demain. En attendant, le secrétaire général demande une prolongation d’une année du mandat de la mission onusienne en Haïti. La plupart des diplomates étant intervenu durant les discussions optent pour un retrait progressif des forces onusiennes d’Haïti. Un retrait qui doit tenir compte des réalités sociopolitiques sur le terrain. « Il ressort de cette mission d’évaluation qu’il serait bon que l’Organisation des Nations unies continue d’aider les institutions haïtiennes jusqu’au prochain cycle électoral et jusqu’à l’installation d’une nouvelle administration, en offrant ses bons offices et son appui aux fins de la stabilisation et du respect des droits de l’homme et de l’État de droit, pour pouvoir préserver les acquis obtenus à ce jour et assurer une transition politique pacifique en 2015. » lit-on dans le rapport.

L’Onu affirme « qu’il serait prématuré pour l’instant de liquider la MINUSTAH, et qu’il faut pouvoir éviter ou régler tous les problèmes qui pourraient surgir dans le cadre des préparatifs de l’élection présidentielle, alors que la sécurité reste précaire, que les effectifs de la police nationale ne sont toujours pas au complet et que la force continue de développer sa capacité de maintenir la stabilité à l’échelle nationale. » Sur ce point, l’ambassadeur d’Haïti à l’Onu, Denis Régis, a partagé la position des Nations unies en saluant le renouvellement du mandat de la MINUSTAH.

« A la lumière de sa propre évaluation des risques et des menaces à la sécurité interne et externe, et en plein accord avec les conclusions de l’examen de la stabilité globale, de la situation de la sécurité effectuée par les Nations unies, le gouvernement haïtien souscrit, pour sa part, à la recommandation faite au Conseil de sécurité de prolonger d’un an le mandat de la MINUSTAH jusqu’au 15 octobre 2015 », a déclaré l’ambassadeur Régis dans son allocution devant le Conseil de sécurité.


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