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Baltimore : qui sont les protagonistes de l’« affaire Freddie Gray » ?

samedi 2 mai 2015

La tension reste vive aux Etats-Unis dans l’« affaire Freddie Gray », mais les autorités s’efforcent de calmer les esprits. Marilyn Mosby, la procureure de Baltimore, a annoncé vendredi 1er mai que les six policiers de la ville impliqués dans la mort du jeune homme noir seraient poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation, dont ceux de meurtre et de violences volontaires. « Personne n’est au-dessus de la loi », a fait valoir Mme Mosby.

L’analogie entre la mort de Freddie Gray, le 19 avril, qui a succombé aux blessures qui lui ont été infligées après son arrestation, et celle de Michael Brown, le 9 août 2014 à Ferguson (Missouri), tué par un policier blanc, a souvent été mise en avant, renforcée par les émeutes que ces deux morts ont suscitées. A Ferguson, la victime mise à part, le chef de la police, Thomas Jackson ; le maire de la ville, James Knowles III ; le procureur du comté, Robert McCulloch étaient tous blancs. A Baltimore, les protagonistes sont, au contraire, tous afro-américains.

La vie de Freddie Gray, surnommé « Pepper », est un concentré de la dérive des quartiers pauvres de Baltimore, frappés notamment par la désindustrialisation. Sa famille et lui vivaient d’indemnisations versées depuis 2008 à la suite de la constatation de la présence élevée de plomb dans leur sang, liée à leurs conditions de logement dans le quartier Sandtown. Un journaliste du Washington Post rappelait le 28 avril que les enfants de ce quartier ont dans le sang des concentrations de plomb sept fois supérieures à la moyenne de la ville. Elevé par une mère seule, illettrée, handicapée, et héroïnomane pendant sa jeunesse, il avait été arrêté dix-huit fois avant le 12 avril, principalement pour possession de drogue. Il avait passé deux ans derrière les barreaux.
L’affaire Freddie Gray constitue un redoutable baptême du feu pour la procureure Marilyn Mosby, 35 ans. Elue en novembre 2014 avec l’étiquette démocrate, elle a pris ses fonctions au début de cette année après avoir travaillé comme avocate pour une compagnie d’assurances et auparavant comme assistante d’un procureur. Née à Boston au sein d’une famille de policiers, première à suivre des études supérieures, elle aurait développé un intérêt pour le droit et la justice à la suite de l’assassinat d’un de ses cousins, confondu avec un autre garçon dans un règlement de comptes. Elle est l’épouse d’un conseiller municipal élu d’un secteur défavorisé et théâtre des émeutes du 27 avril

Né en 1960, Anthony Batts est le chef du département de la police de Baltimore, l’un des plus importants des Etats-Unis, depuis 2012. Cet Afro-Américain a effectué l’essentiel de sa carrière en Californie, tout d’abord à Long Beach, où il était devenu chef de la police avant d’occuper pendant deux ans des fonctions similaires à Oakland. Il a été très présent sur le terrain. Il a été marié à une ancienne représentante démocrate de Californie, Laura Richardson.
Les six policiers

Parmi les six officiers poursuivis pour « homicide involontaire, violences volontaires, agression et d’incarcération injustifiée », trois sont afro-américains, selon les photos communiquées par le département de la police de Baltimore : Caesar Goodson, qui conduisait le fourgon de police à bord duquel Freddie Gray a été blessé et sur lequel pèsent les charges les plus sérieuses, Alicia White et William Porter. Les trois autres sont blancs : Brian Rice, le plus gradé des six, Garrett Miller et Edward Nero. Leur syndicat a déploré la « précipitation » avec laquelle la procureure Marylin Mosby a annoncé les poursuites. Visés par des mandats d’arrêt et brièvement incarcérés, tous ont été remis en liberté après le versement d’une caution.


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