Après trois longues années hors du parcours...

Après trois longues années hors du parcours carnavalesque, la bande à Don Kato aura finalement droit à un char musical cette année. La Primature a décidé de permettre aux groupes musicaux Brothers Posse et Boukman Eksperyans de participer aux trois jours gras au Champ de Mars. Alors que le Premier ministre Evans Paul en a décidé ainsi, Don Kato a estimé que ce dernier n’a pas effectivement ce pouvoir.

Malgré les trois ans de censure, Brothers Posse n’a pas changé de philosophie. Cette année encore, la bande à Don Kato n’est pas moins acide envers le chef de l’Etat. Brothers Posse croit qu’il est dans le droit chemin et appelle les autres à le suivre dans le ‘’Bon bò a’’. Alors que la Primature a confirmé, vendredi soir, au Nouvelliste que cette formation musicale, qui a à son actif des méringues populaires comme « Stayle », « Aloral » et « Chochonèt », participera cette année au défilé carnavalesque, Don Kato a estimé que Evans Paul n’a pas ce pouvoir.

Jusqu’à vendredi soir, le groupe n’a pas été encore contacté officiellement en ce sens. Comme tout le monde, Don Kato a lu la nouvelle sur les réseaux sociaux. « Je ne crois pas que K-Plim a toute cette autorité ni tout ce pouvoir. Ce n’est pas lui qui nous a exclu du carnaval », a-t-il dit au journal.

Mais Don Kato, ne pensez-vous pas que le président Michel Martelly pourrait passer par la Primature pour vous permettre de participer au défilé du carnaval cette année ? A cette question du Nouvelliste, le musicien a répondu que ce serait de la pure politique. « Et ce serait très dangereux, a-t-il dit. Il estime peut-être que les bases ne sont pas encore trop en conformité avec K-Plim. Nous autres, on ne fait pas de la politique, on fait de la musique. Nos chansons ont peut-être un caractère engagé, cependant on ne veut pas qu’on politise… »

Avant d’accepter un char musical de la part du gouvernement, Don Kato croit qu’il est nécessaire qu’il en parle d’abord à ses fans, son clan et ses sponsors qui, pendant ces trois dernières années, ont été toujours là pour lui. « J’ai des exigences à faire avant d’accepter l’offre de la Primature. Si ‘’Bon bò a’’ aksepte pou m al nan kanaval, m prale, si ‘’Bon bò a’’ di non, m pa prale », a-t-il soutenu.

Dans un court message publié vendredi sur son compte Twitter, le Premier ministre Evans Paul a indiqué : « Don Kato peut sortir sans condition ».

Don Kato a rappelé qu’il n’a jamais eu de problèmes de char ni de sponsors. « On nous a interdit de participer aux carnavals, a-t-il dit au journal. Aujourd’hui s’ils décident de nous laisser y participer, il faut qu’il y ait des discussions autour de notre participation. On ne dit pas non, mais on ne peut pas non plus aller au Champ de Mars un beau matin… »

Dans une précédente interview accordée à Ticket Magazine, Don Kato avait déclaré qu’il n’est pas du genre à s’abaisser devant les hommes. « Si je dois accepter l’offre d’un char du gouvernement, c’est avec beaucoup d’exigences que je le ferai », avait-il dit. « Je ne suis pas contre ceux qui se rangent du côté de Martelly, toutefois ils doivent m’accepter en tant qu’opposant », a indiqué le chanteur.

Selon lui, les trois ans de censure lui ont été bénéfiques, contrairement à ce que pourrait croire le pouvoir. « Si on avait cinq sponsors avant, on est passé à une dizaine à présent, s’est-il félicité. En somme, c’est actuellement que l’on se rend compte combien le public est attaché au travail que l’on fait. »

Les 15, 16 et 17 février prochain, les fêtards se donnent rendez-vous au Champ de Mars pour les trois jours gras. Après trois ans d’absence, le carnaval retourne à Port-au-Prince.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com