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7 décembre - 43. Cicéron est assassiné sur ordre de Marc Antoine et sa tête exposée au forum de Rome

dimanche 7 décembre 2014

L’auteur latin, qui avait pris le partie d’Octave, avait eu le tort de fustiger Marc-Antoine dans plusieurs discours.

Cicéron, c’est l’intello égaré au milieu des caïds de la politique. Il croit que le verbe peut moraliser ce monde de brutes. Il le paie cash ! Lorsque Marc Antoine et Octave enterrent la hache de guerre. Le premier, qu’il a loyalement soutenu, le livre au second qui réclame sa tête. Même à l’UMP, on n’a pas ces manières. Marc Antoine fait égorger Cicéron le 7 décembre 43 av. J.-C. et expose sa tête et ses deux mains au forum de Rome, à titre d’avertissement à tous ceux qui voudraient, à leur tour, prendre la plume contre lui.

Cicéron ? Voyons, le nom dit quelque chose... Un philosophe-politicien romain qui naît dans une famille plébéienne. Il étudie le droit pour devenir avocat, ce qui ne l’empêche pas d’étudier tous les philosophes grecs. À 17 ans, comme tous les jeunes Romains, il accomplit son service militaire. Il se bat dans les Abruzzes contre les ennemis de Rome et devient pote avec Pompée. Huit ans plus tard, il retourne à la vie civile en tant qu’avocat. Se prenant pour Jacques Vergès, le spécialiste des causes tordues, il n’hésite pas à défendre un esclave affranchi du dictateur Sylla. Le présomptueux. Le voilà obligé de se mettre au vert loin de Rome pour se faire oublier. En fait, il choisit de partir étudier la philo en Grèce, très loin de cet anar ronchon de Michel Onfray...

Dialectique imparable

Lorsqu’il revient à Rome, il se fait avocat d’affaires pour se faire du pognon et se lance simultanément dans la politique. Aussi bon tribun que Mélenchon et doué d’une plume qu’il trempe dans le vitriol, il devient questeur, puis sénateur. C’est alors qu’un héroïque procès contre le gouverneur de Sicile, trafiquant notoire, lui apporte la gloire. Il devient un espoir de la République. Une sorte de Bayrou, incarnant une troisième voie, celles des boni viri (hommes de bien). Mais il comprend vite que cela ne mène à rien, alors il se rapproche des conservateurs. Le voilà élu consul. Son heure de gloire, il la connaît à 43 ans en faisant échouer le coup d’État de Catilina. Il démolit sa réputation en dénonçant ses turpitudes dans quatre discours connus sous le nom de Catilinaires. Sa dialectique est imparable. "Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?"

Depuis qu’il a dégommé Catilina, Cicéron se prend pour un caïd de la politique. C’est le Fillon du Capitole. Mais il ne fait pas le poids face aux véritables tueurs, les César et Crassus. Bientôt, l’empire romain est plongé dans un maelström politique débouchant sur une guerre civile. Cicéron joue à "je t’aime, moi non plus" avec César, le soutenant un jour, le trahissant le lendemain. Quand celui-ci meurt assassiné par un groupe de sénateurs, il mise sur Octave, le fils adoptif de César, contre le consul Marc Antoine. Déjà à cette époque, le pouvoir rend fou. Usant de la force de son verbe, Cicéron noircit Marc Antoine dans plusieurs discours retentissants. Mais, cette fois-ci, cela ne suffit pas à l’abattre. Au contraire, Marc Antoine et Octave passent un pacte de non-agression, choisissant de partager le pouvoir avec Lépide.

"Portant la main gauche à son menton..."

Mais l’ex-consul Marc Antoine n’a toujours pas digéré les attaques de Cicéron contre lui et son épouse Fulvia. En guise de cadeau de réconciliation, il demande sa tête à Octave, qui la lui accorde. Aussitôt, il envoie une paire d’assassins au domicile de Cicéron. Normalement, un Romain digne de ce nom doit affronter la mort avec panache, sans chercher à fuir. Mais Cicéron n’est qu’un homme. Il saute dans sa litière pour tenter d’atteindre la côte et embarquer dans un navire qui le mettrait à l’abri de ses assassins. Trop tard ! Il n’a pas encore quitté le jardin de sa villa que les deux brutes sont là. Plutarque raconte la scène : "Ils étaient à peine sortis que les meurtriers arrivèrent : c’était un centurion nommé Herennius et Popilius, tribun des soldats, celui que Cicéron avait autrefois défendu dans une accusation de parricide..." Ils interrogent la maisonnée sur l’endroit où se trouve leur maître. Personne ne moufte. Seul "un jeune homme, nommé Philologus, que Cicéron avait lui-même instruit dans les lettres et les sciences et qui était affranchi de son frère Quintus, dit au tribun qu’on portait la litière vers la mer, par des allées couvertes".
Les deux assassins rattrapent la litière, la font déposer à terre. Cicéron, comprenant que c’est la fin, tente de faire bonne figure : "Portant la main gauche à son menton, geste qui lui était ordinaire, il regarda les meurtriers d’un oeil fixe. Ses cheveux hérissés et poudreux, son visage pâle et défait par une suite de ses chagrins firent peine à la plupart des soldats mêmes, qui se couvrirent le visage pendant qu’Herennius l’égorgeait : il avait mis la tête hors de la litière et présenté la gorge au meurtrier ; il était âgé de soixante-quatre ans." Avant de mourir, Cicéron déclare à son meurtrier : "Il n’y a rien de propre dans ce que tu accomplis, soldat, mais essaie au moins de me tuer proprement." Alors, Herrenius lui enfonce l’épée dans la poitrine avant de lui couper la tête, et les mains, avec lesquelles il avait écrit les Philippiques, ces quatorze discours écrits par Cicéron contre Marc Antoine.

La tête et les deux mains sont clouées sur la tribune du forum romain. Fulvia, l’épouse de Marc Antoine, elle aussi égratignée par les attaques de Cicéron, se venge en piquant avec son épingle à cheveux la langue du malheureux, qu’elle lui sort de la bouche. Ainsi périt Cicéron qui a cru pouvoir diriger Rome avec des discours.

C’est également arrivé un 7 décembre
1988 - Tremblement de terre en Arménie, entre 25 000 et 35 000 victimes.

1985 - Attentats terroristes dans les grands magasins à Paris, 43 blessés.

1982 - Charles Brook est le premier condamné tué par une injection létale.

1941 - Le décret Nuit et Brouillard ordonne la déportation des opposants et des ennemis du Reich.

1941 - Les Japonais attaquent Pearl Harbor.

1936 - Disparition de l’aviateur Jean Mermoz au large de Dakar.

1932 - Prix Renaudot pour le roman de Louis-Ferdinand Céline Voyage au bout de la nuit.

1926 - Commercialisation du réfrigérateur aux États-Unis.

1768 - Mozart interprète son premier opéra Bastien et Bastienne devant un public privé.

1678 - Louis Hennepin découvre les chutes du Niagara.


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