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5 septembre 1661. Sur ordre de Louis XIV, d’Artagnan arrête le surintendant Fouquet.

jeudi 4 septembre 2014

Bien avant la fastueuse réception de Vaux-le-Vicomte, le roi avait déjà décidé de se débarrasser de lui.

Le 5 septembre 1661, Louis XIV séjourne depuis quelques jours à Nantes pour assister aux États de Bretagne. Ce matin là, vers 7 heures, le surintendant des finances Nicolas Fouquet se rend d’un bon pas au conseil du roi, ne prêtant guère attention aux nombreux mousquetaires présents dans les rues. Il imagine qu’ils attendent le jeune roi de 23 ans pour l’accompagner à la chasse après le conseil. Ce dont il ne se doute pas, c’est que le gibier, c’est lui ! Si seulement, il avait imité Thomas Thévenoud en démissionnant à temps...

La réunion se déroule normalement jusqu’aux environs de 11 heures quand le souverain lève la séance. La suite, c’est lui-même qui la raconte dans une lettre envoyée à sa mère, Anne d’Autriche : "Enfin, ce matin, le surintendant étant venu travailler avec moi à l’accoutumée, je l’ai entretenu tantôt d’une matière et tantôt d’une autre, et fait semblant de chercher des papiers, jusqu’à ce que j’aie aperçu par la fenêtre de mon cabinet Artagnan dans la cour du château, et aussitôt j’ai laissé aller le surintendant, qui, après avoir causé un peu au bas de l’escalier avec La Feuillade, a disparu dans le temps qu’il saluait le sieur Le Tellier ; de sorte que le pauvre Artagnan croyait l’avoir manqué, et m’a envoyé dire par Maupertuis qu’il soupçonnait que quelqu’un lui avait dit de se sauver ; mais il le rattrapa dans la place de la grande église et l’a arrêté de ma part, environ sur le midi." L’arrestation se déroule en douceur, Fouquet ne tente même pas de résister. Ainsi tombe le plus puissant financier du royaume. Aussi surpris que Montebourg apprenant son éviction par Valls...
Le roi a lui aussi besoin d’argent

Pourtant, cela fait plusieurs mois que le roi tente de lui faire comprendre que le temps du pillage du royaume est passé, que le règne des Balkany est sur le point de s’effondrer. Mais il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Fouquet continue à détourner des sommes considérables des caisses de l’État. Sans même se cacher. Or, le jeune roi a, lui aussi, de gros besoins d’argent. Il compte agrandir la maison de campagne de Versailles léguée par son père Louis XIII. Une galerie des glaces, ça coûte bonbon. La sueur de plusieurs millions de paysans ! Et ses maîtresses ! Il faut bien les couvrir de cadeaux royaux. Bref, il a besoin de toutes les ressources financières du pays y compris celles détournées par son ministre.

Bref, Louis XIV se résout à éliminer Fouquet qui n’est plus protégé par Mazarin, mort l’année précédente. Dès le mois de mai 1661, le souverain prépare son coup. Il l’avouera des années plus tard dans ses instructions écrites au dauphin : "Il ne pouvait s’empêcher de continuer ses dépenses excessives, de fortifier des places, d’orner des palais, de former des cabales et de mettre sous le nom de ses amis des charges importantes qu’il leur achetait, à mes dépens, dans l’espoir de se rendre bientôt l’arbitre souverain de l’État." En fait, le roi craint que son ministre puisse un jour lui chiper le pouvoir. Ne s’est-il pas allié au parti dévot qui avait tenté de l’empoisonner quelques années plus tôt ? Bref, quand le souverain accepte d’assister à la fête extravagante organisée par Fouquet le 17 août 1661 au château de Vaux-le-Vicomte, il a scellé le destin de son ministre depuis longtemps. La visite royale ne sert qu’à endormir sa vigilance.

"Je ne suis donc plus rien ?"

Déjà, quelques semaines plus tôt, le roi avait fait comprendre à Fouquet qu’il serait bon qu’il vende sa charge de procureur général pour renflouer le trésor royal avec la somme qu’il tirerait de la vente. Celui-ci ne peut qu’obéir à la requête royale. Or, celle-ci n’est pas innocente, car, en perdant sa charge de procureur général, Fouquet n’est plus redevable juridiquement devant le Parlement de Paris, qui lui est tout acquis. Après son arrestation, Louis XIV pourra donc le faire juger par un tribunal d’exception à sa botte.

Quelques semaines plus tard, en plein conseil, le roi demande la suppression des "ordonnances de comptant" utilisées par Fouquet pour couvrir ses dépenses secrètes, et Dieu sait si elles sont élevées. "Je ne suis donc plus rien ?" s’écrie-t-il en entendant la demande du roi. Désormais, le surintendant sait qu’il est dans la ligne de mire. Certains de ses amis lui conseillent de fuir. Cependant, comme la grenouille de son ami La Fontaine, il reste gonflé de son importance, croyant n’avoir rien à craindre. Au point d’organiser la fastueuse réception de Vaux-le-Vicomte. Dans un premier temps, le roi avait envisagé de le faire arrêter durant les réjouissances, mais sa maman lui explique que ce procédé ne serait pas digne d’un roi. Alors, le jeune souverain reporte l’estocade au 5 septembre 1661, à l’occasion des États de Bretagne, à Nantes. Fouquet ne voulait pas y accompagner le roi car il souffre d’une fièvre quarte, probablement déclenchée par une crise de paludisme. Mais impossible de se défiler.

"La cour rend des arrêts, pas des services"

Prudent malgré tout, le surintendant choisit pour résidence une maison reliée à la Loire par un souterrain, histoire de pouvoir s’enfuir en cas d’arrestation et rejoindre en bateau Belle-Île, qu’il contrôle. Le 4 septembre, Louis XIV prépare les documents nécessaires à l’arrestation de Fouquet, qu’il programme pour le lendemain, à la sortie du conseil. Qui pour arrêter Fouquet ? Louis XIV se méfie de son capitaine des gardes, grand ami du surintendant, préférant faire appel au sous-lieutenant de la compagnie des mousquetaires : d’Artagnan. Il le convoque, fait semblant de s’intéresser à sa compagnie pour donner le change aux courtisans, parmi lesquels pourrait se trouver un espion de Fouquet, puis il le fait venir dans un cabinet privé sous un prétexte anodin. Là, il le met au courant de sa mission tout en lui imposant de garder le plus grand secret.

Après son arrestation, le prisonnier est ramené à Paris pour y être jugé. Le procès ne se déroule pas selon la convenance du roi. Les juges du tribunal d’exception ne supportent pas les pressions exercées par le jeune souverain pour obtenir la peine capitale. "La cour rend des arrêts, pas des services", s’exclame aigrement le juge d’Ormesson...

Le droit de grâce qui aggrave la peine

Après trois ans d’instruction, Fouquet est effectivement reconnu coupable de péculat, mais voilà, seulement neuf magistrats sur vingt se prononcent pour la peine de mort. Si bien que l’accusé est simplement condamné au bannissement du royaume et à la confiscation de ses biens. Aux yeux du roi, c’est l’équivalent d’un acquittement !

Furieux, Louis XIV ose ce qu’aucun roi de France n’a fait avant lui et ne fera après lui : il utilise son droit de grâce pour aggraver la peine ! Il transforme le bannissement en emprisonnement à vie. Nicolas Fouquet passe finalement les seize dernières années de sa vie emprisonné dans le fort de Pignerol. Débarrassé de Fouquet, le Roi-Soleil peut alors détourner toutes les richesses de la France à son seul profit, laissant un pays exsangue à sa mort en 1715. Autres temps, autres moeurs.
C’est également arrivé un 5 septembre
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