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17 avril 1457. Pour venger son père, le prince Vlad Dracul fait empaler toute sa noblesse

vendredi 17 avril 2015

De retour d’exil en Turquie, le charmant jeune homme a rapporté une spécialité locale dont il use et abuse.


Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Vlad III Dracul, prince de Valachie, n’est pas du style à pardonner à ses ennemis. Lorsqu’il remonte sur le trône princier, dix ans après l’assassinat de son père et de son frère, il n’a qu’une idée en tête : se venger. Tous les boyards (aristocrates orthodoxes) ayant trempé dans le complot, il les fera embrocher sur un pal. Il a pris goût à ce divertissement en Turquie, où il a vécu plusieurs années en exil.

Vlad passe à l’action le dimanche de Pâques 1457, profitant de ce jour où toute la noblesse du pays se rassemble au château princier de Târgoviște pour fêter la résurrection du Christ. La cérémonie religieuse se déroule sans accroc. Les boyards assistent à l’office, assis sur leurs grosses fesses encore intactes. Ils n’imaginent pas un seul instant que la crucifixion vécue par le Christ relève d’un gentil exercice de relaxation en comparaison de ce qu’ils vont bientôt endurer.

Après la messe, les deux cents convives se rendent dans la salle du banquet pour manger, boire et danser dans une joyeuse ambiance. Seul Vlad reste silencieux, avec la tête d’un Valls préparant un mauvais coup. Les boyards auraient dû s’en inquiéter... En effet, après un signe discret du prince, la salle est envahie par plusieurs dizaines de gardes qui entourent les invités. Stupeur et effroi dans l’assistance. Leur hôte se fait un plaisir de leur annoncer le clou de la fête : les chefs de famille connaîtront l’honneur du pal afin de payer leur trahison commise dix ans plus tôt. "Ça me troue le cul" murmure avec effroi Stéphane Bern ...

Deux méthodes

À l’intention des personnes intéressées par l’artisanat de l’époque, et ayant le coeur bien accroché, voici une description du supplice du pal. En fait, les bourreaux ont le choix entre deux méthodes, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients. La plus rudimentaire, préférée en leur temps par les Assyriens, consiste à planter le pal sur le sol, puis à déposer sur la pointe la victime, côté sternum. Il suffit alors d’exercer une petite pression sur le corps pour entamer le processus. Sous son propre poids, le supplicié s’empale de plus en plus. Pour faire durer le spectacle plusieurs jours, le pal a une forme conique, ce qui ralentit la descente de la victime. De son côté, le bourreau fait attention à ce qu’aucun organe vital ne soit endommagé au passage.

La méthode turque, choisie par Vlad, est plus raffinée. La personne est allongée sur le sol pour que le bourreau puisse lui enfoncer délicatement le pieu dans l’anus à l’aide d’un maillet en bois. Pas question pour le bourreau de taper comme un sourd, sinon l’homme en mourrait immédiatement et le plaisir en serait gâché. Le pieu doit progresser centimètre par centimètre. Tout l’art de l’exécuteur consiste à faire ressortir le pal du côté du thorax, de l’épaule ou encore dans la bouche sans tuer le patient. Cela demande un doigté exceptionnel et beaucoup d’entraînement. Un petit truc si vous désirez tenter l’expérience à l’occasion : prenez soin de ne pas tailler la pointe du pal, qui doit rester émoussée pour écarter délicatement les chairs sans les trouer. C’est seulement lorsque le corps est traversé de part en part que le pal est planté verticalement dans le sol. Les Turcs appréciaient cette mise à mort pour deux raisons : elle était économique, car elle ne réclamait qu’un peu de bois, et le spectacle de centaines, voire de milliers, d’empalés avait tendance à refroidir l’ardeur des adversaires.

Légendes

Lorsque tous les boyards de Valachie sont empalés devant les murailles de la ville, Vlad s’intéresse à leurs familles. Il ordonne à ses soldats de les entraîner dans une mortelle randonnée d’une centaine de kilomètres. Le chemin suivi est tellement escarpé que même des chamois s’y encorderaient. Par dizaines, les femmes, enfants et vieillards meurent d’épuisement. Enfin, les survivants arrivent dans une zone isolée où ils devront, durant des années, bâtir une forteresse.

Vlad III l’empaleur avait hérité de son père le qualificatif de Dracul, qui signifie dragon. En raison de son appartenance à l’ordre du Dragon (en latin : Societas Draconistrarum), réunissant les opposants à l’Empire ottoman. En 1896, l’écrivain irlandais Bram Stoker emprunte ce nom pour en affubler son vampire de héros, le comte Dracula. Mais la comparaison entre les deux hommes s’arrête là : le comte habite la Transylvanie (et pas la Valachie), il se régale de sang frais (pas le prince Dracul). À vrai dire, entre Dracul l’empaleur et Dracula le vampire, on se demande bien lequel des deux est le plus fréquentable...

C’est également arrivé un 17 avril

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