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Passer de Paul à Jean

mercredi 16 mars 2016

La plus belle retombée de la défaite de la dictature des Duvalier le 7 février 1986 est d’avoir permis que Michel Martelly arrive au pouvoir et récolte les fruits que d’autres avaient semés. La plus triste défaite des batailles de l’après 7 février est d’avoir vu partir Michel Martelly sans qu’il ait fait fructifier l’héritage qui lui a été transmis. En n’ayant pas pu organiser des élections en cinq ans de règne et en remettant l’écharpe présidentielle sans avoir pu le passer à son successeur élu, Michel Martelly nous a laissé dans de beaux draps. Cette semaine, si tout se passe bien, nous aurons soit un nouveau premier ministre constitutionnellement en charge du gouvernement de la République, soit une nouvelle équipe de facto comme celle dont elle prend la relève. Le Parlement, la 50e législature, peut faire de Fritz-Alphonse Jean un vrai premier ministre ou le prolongement de Evans Paul. Un premier ministre de fait remplacera un sortant qui n’a jamais pu régulariser sa situation sur deux législatures. Car, ne nous leurrons pas, avec la publication de l’arrêté qui nomme le gouvernement de Jean celui de Paul cesse d’exister. Privert a fait ce choix en accord avec la Constitution qui réclame que le premier ministre se présente avec ses ministres au Parlement. Jean va faire ce que Paul n’a jamais pu faire, se présenter devant les chambres. Mais cela ne signifie pas pour autant que tout s’annonce rose pour le premier ministre du gouvernement provisoire. Il lui reste un nombre infini d’obstacles à franchir pour gouverner, pour faire plus qu’exister et circuler sirène hurlante. Jean comme Paul n’est qu’un premier ministre de circonstance. Il n’a pas de base politique autre que la confiance que lui accorde le président Privert et son mandat est le contraire de gouverner. Il devra nous emmener au plus vite aux prochaines élections. Fritz-Alphonse Jean, s’il obtient la bénédiction du Parlement, inaugurera un premier ministre d’un nouveau genre sous l’égide de la Constitution amendée. Il peut être aussi celui qui enterrera la Constitution amendée de 1987. Le président Privert, le Parlement, le premier ministre jouent leur destin cette semaine, plus qu’ils ne le pensent.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com


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