MosaikHub Magazine

Miracle et mirage du football

mercredi 8 juillet 2015

Le but de Dukens Nazon est magnifique. Non seulement la délivrance est venue du numéro 20, mais surtout de quelle manière : un double crochet et un ballon logé entre les jambes du gardien avant d’aller mourir au fond des filets du Panama. Un tel but marqué à la 86e minute de jeu, alors que votre équipe est menée au score, restera gravé dans les annales. Le match Haïti-Panama en ouverture de la 13e édition de la Gold Cup s’est achevé mardi soir sur un goût âcre. Le nul obtenu aurait dû être une victoire, même si plus souvent qu’à son tour l’équipe haïtienne a frôlé le K.O. Dieu merci, les Panaméens sont de parfaits maladroits. Le but encaissé par Haïti rappelle étrangement un certain Haïti-Pologne en 1974 : « Fly de Plantin… But de Lato ». Vous connaissez le reste de l’histoire, si vous avez plus de 50 ans. Cette fois, c’est Réginal Goreux, le poreux. Sur son raté d’anthologie, le Panama a marqué. Pour la suite de la première phase de la compétition, nous sommes livrés au destin et seuls les dieux du football peuvent nous épargner une hécatombe. Haïti doit affronter le Honduras et les Etats-Unis d’Amérique. Les deux équipes ont pris part à la phase finale de la Coupe du monde de 2014 et les USA, chez eux, sont les grands favoris de la compétition qu’ils ont remportée à plusieurs reprises. L’équipe nationale a encore une fois donné l’impression dans ce match de se rencontrer pour la première fois ensemble sur un terrain. Les joueurs n’ont pas pu se retrouver. Manque d’automatismes. Problèmes de placements. Cohésion et jeu d’ensemble inexistants. Difficile, en quelques jours, de monter avec des itinérants, éparpillés à travers le monde, une équipe. Les miracles sont rares au foot. Le miracle de la soirée a été de voir comment en un geste, un joueur a su enflammer l’imagination des Haïtiens et redonner de l’espoir à tous les téléspectateurs en une équipe sur laquelle on ne pariait pas un sou avant le coup d’envoi de la compétition. Les miracles arrivent quand bon leur semble au foot. Pour revenir au Onze national, il nous a fait plaisir de voir le président de la Fédération haïtienne de football fouler la pelouse du stade de Dallas. Dadou, dirigeant d’un pays membre de la Concacaf, peut se rendre aux Etats-Unis et y vaquer à ses activités. En ces temps de chasse aux sorcières à l’encontre de l’entourage de Joseph Blatter et de Jack Warner, ce n’est pas donné à tout le monde d’être du bon bord. En parlant de Warner, le scandale s’estompe. On ne se demande plus ce qu’il a fait de l’argent à lui confié pour Haïti après le séisme. Nous avons la mémoire courte et l’oubli obèse en Haïti. Warner peut-il garder en toute impunité ce qu’il a récolté en notre nom ? Dans un sport roi toujours en manque de moyens pour lancer la préparation de nos équipes, c’est dommage que ce soit Warner qui se dore les boules avec l’argent de nos ballons ronds. Jack Warner demeurera un de ces mirages qui peuplent les déserts et qui engloutissent les illusions des plus faibles au fond de leurs poches. -

Frantz Duval duval@lenouvelliste.com


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