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CRISE POLITIQUE

Martelly va aux Nations Unies pour recevoir son mot d’ordre :

lundi 29 septembre 2014

MIAMI, 20 Septembre – Le président Michel Martelly se déclare sur le point de rencontrer l’opposition mais sur le ton du je-t’aime-moi-non-plus. C’est-à-dire en disant tout pour décourager cette dernière. Tout d’abord qu’il n’a pas de temps à perdre. Le président a annoncé qu’il doit s’absenter le mardi ou mercredi de cette semaine pour se rendre à l’Assemblée générale de l’ONU.

Une longue histoire
Or sans le savoir c’est une importante information que vient de nous livrer le chef de l’Etat. En effet nous avons une longue histoire de participation présidentielle à l’Assemblée générale des Nations Unies à la veille d’élections importantes et ayant pris du retard.
Or le ton même du président Martelly montre qu’il compte davantage sur ses rencontres dans la grande maison de verre qui enjambe le fleuve Hudson à New York qu’à celle avec ces ‘casse-pieds’ de sénateurs de l’opposition …
En effet du Congrès américain à l’ONU-OEA, toutes les voix à l’unisson se sont élevées contre les sénateurs, ces pelés et galeux d’où nous vient tout le mal ! C’est eux, et eux seuls, les six sénateurs de l’opposition, qui en refusant de voter les amendements à la loi électorale, empêchent la tenue des élections pour le renouvellement des deux chambres du Parlement et les municipales.
Par conséquent Michel Martelly part gagnant. Et on comprend qu’il piaffe d’impatience.

Haro sur le baudet
Oui, disions-nous, Haïti a une longue histoire de participation de nos chefs de l’Etat à l’Assemblée générale des Nations Unies et toujours pour recevoir des mots d’ordre qui vont moduler le prochain politique avenir du pays …

Ce fut le cas, entre autres, du général-président Henri Namphy, à la veille des présidentielles de novembre 1987 qui finiront dans le sang.
Puis du général-président Prosper Avril, en 1989, qui n’obtiendra pas le même succès que son prédécesseur.
Sans oublier que c’est au lendemain de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 1991, que Jean-Bertrand Aristide sera basculé par l’Armée du fauteuil présidentiel.
Etc.
Quel sera le sort de Michel Martelly ? Tout d’abord de quel mot d’ordre sera-t-il le porteur à son retour en fin de semaine ?
Facile à deviner. C’est l’accord parfait au niveau de nos tuteurs. Du Secrétariat général de l’ONU à la Représentante des Etats-Unis au Conseil de sécurité, et de la cheffe de la Mission onusienne en Haïti au Conseil permanent de l’Organisation des Etats américains (OEA) c’est haro sur le baudet. Les sénateurs en reçoivent pour leur grade. Or derrière ces derniers c’est toute l’opposition au pouvoir Martelly, ou presque, qui se serre aujourd’hui les coudes. Et ce sont les poids lourds de la classe politique haïtienne. Outre un pays qui, à tous les niveaux et toutes catégories sociales confondues, tire le diable par la queue, en un mot crie famine. Au propre comme au figuré.
Ceci devrait donner aussi quelque peu à réfléchir. Mais qui sait !

‘Banbòch la fini’
Soyons donc attentifs à chaque mot qui tombera de la bouche présidentielle, à plus forte raison que, comme à chaque fois qu’il se trouve en état de stress comme aujourd’hui, Sweet Micky se met toujours à percer sous Martelly !
Rentrant de l’Assemblée générale en 1987, le général-président Henry Namphy ne put s’empêcher de crier à la cantonade : ‘Banbòch la fini.’ Traduisez : fini de rire !
C’était le signal. Quelques semaines plus tard, l’Armée noya dans le sang les premières élections démocratiques de l’Haïti de l’ère nouvelle, c’est-à-dire post-Duvalier.
Deux années plus tard, le général-président Prosper Avril crut pouvoir récidiver.
Appelé à tenir les élections, il déclara que le ‘fauteuil est trop chaud’ et qu’on devait le laisser se refroidir quelque peu.
Mais celui que Papa Doc surnommait l’intelligent Avril avait, malgré tout, mal capté le message.
Un nouvel ambassadeur américain débarquait en déclarant (verbatim) : ‘Bourik chaje pa kanpe’. C’est-à-dire les élections coûte-que-coûte. Le général Avril est débarqué pour être remplacé par une juge à la Cour de cassation, Ertha Pascal Trouillot.
Cependant les élections de décembre 1990 ne sont pas remportées par le ‘bon’ candidat mais par un obscur petit prêtre des bidonvilles (qui commit d’ailleurs le péché de déclarer par surcroit : ‘kapitalis se peche mòtèl’).

Lavalas-Ebola !
Sept mois plus tard, ce dernier, qui n’était autre que Jean-Bertrand Aristide, est débarqué à son tour, ou plutôt embarqué pour l’exil.
Et à la place on a failli avoir le terrible ex-chef des tontons macoutes, Dr Roger Lafontant.
Celui-ci a été trucidé dans sa cellule au Pénitencier national, pour avoir tenté le coup d’état … avant l’heure.
Le pays est confié pendant trois années à la pire soldatesque qu’elle n’avait connu depuis les débuts de la dictature Duvalier (1960), pour tenter de le débarrasser une fois pour toutes du virus Lavalas (parti le plus populaire de ces dernières années) qu’on dirait pire que celui de Ebola puisqu’il continue encore, plus de 20 ans plus tard, à enlever le sommeil à l’occupant du palais national.
Oui, quel message nous ramènera Michel Martelly de son passage si attendu cette semaine aux Nations Unies (New York) ?
Entre le ‘banbòch la fini’ du général Namphy, à la douche froide qui mit fin aux ambitions du général Avril, et pire encore, la fin de non recevoir qui annonçait les derniers jours d’Aristide.
Il ne reste que d’attendre.
Comme en 1987, l’opposition ne fait pas mine de devoir reculer.
Mais comme en 1987 où régnait encore la Guerre froide, face au nouveau défi du terrorisme islamiste (symbolisé par le nouveau groupe armé multinational appelé Etat islamique ou EI), Washington peut avoir à nouveau tendance à préférer la méthode musclée aux libertés démocratiques.
Or la seule vraie force en Haïti ce n’est pas l’administration Martelly-Lamothe mais c’est la force armée onusienne !
Sans omettre que près de trente ans plus tard, les ‘Assemblées générales’ se succèdent mais nous en sommes finalement toujours au même point.
De vrais durs à cuire les Haïtiens !

Haïti en Marche, 20 Septembre 2014


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